Discours d'Edouard de Rothschild à France Galop : sérieuse remise en cause de la direction du PMU

31/03/2017 - Actualités
La direction du PMU, de plus en plus décriée par la base qui l'accuse de léthargie, et incroyablement absente des mouvements actuels, a eu le droit à une sévère correction officielle de la part d'Edouard de Rotschild, le président de France Galop qui a prononcé un discours corsé de remise en question de son fonctionnement lors du dernier comité du 28 mars. D'autres lourdeurs institutionnelles ont été visées.


Edouard de Rothschild ne mâche pas ses mots. (PHOTO APRH)

 

Extrait du discours d'Edouard de Rothschild à France Galop :

1// En premier lieu, faire en sorte que France Galop joue pleinement son rôle d’actionnaire du PMU.

Il m’est apparu évident à mon arrivée que le plan PMU 2020 ne suivait pas la trajectoire attendue et, avec Le Trot, nous avons demandé aux dirigeants du PMU de challenger ce plan en accélérant la mise en œuvre des actions qui fonctionnent, en remettant en question celles qui sont en-deçà des objectifs et injectant de la nouveauté dans leur plan stratégique. C’est ainsi qu’à l’automne, Xavier Hürstel a présenté un plan revisité, clairement recentré sur le pari hippique et prenant la pleine mesure du nécessaire redressement des enjeux dans notre réseau de points de vente, premier contributeur en chiffre d’affaires, en rentabilité et donc en ressources pour la filière. 2017 verra le PMU lancer de nouveaux paris, prendre la parole plus fortement dans les media et, on l’espère, enrayer la baisse des paris hippiques que nous subissons depuis plus de 3 ans.
 
2// Puisqu’il ne s’agit pas simplement de mettre sous tension le PMU, nous avons aussi entrepris de nombreux changements chez France Galop.

Le calendrier et le programme tout d’abord : voilà l’un des seuls leviers que nous avons entre nos mains pour enrayer l’érosion des paris hippiques qui représentent 90% des ressources de France Galop. Sans tabou, nous avons identifié les actions qui pouvaient contribuer à améliorer les enjeux sans dénaturer notre programme de courses du point de vue sportif :

Nous avons fait évoluer le programme des 2 ans. Alors que les enjeux ont globalement diminué de 1.3% sur la période allant de septembre à fin novembre, le chiffre d’affaires du PMU sur le périmètre de courses concerné par la réforme a progressé de 16%. Nous le devons en partie à une nette réduction des courses de moins de 8 partants qui génèrent en moyenne 40% de moins que des courses de 8 à 10 partants.

Fort de ces résultats et des remarques formulées par les professionnels sur cette réforme, nous poursuivons ce mouvement sur le programme des 3 ans en procédant à quelques adaptations. Les deux mois à venir nous éclaireront sur l’efficacité de cette mesure.

En matière de calendrier, nous avons transformé 12 réunions PMH en réunions Premium en positionnant ces courses sur des périodes où le potentiel de partants est là. Cette évolution s’avère tout à fait profitable puisqu’à mi mars, la croissance des enjeux au galop avoisine  7% et c’est en grande partie à ces réunions transformées que nous le devons.

Sur un plan plus sportif, nous avons fait le choix de muscler nos week-ends pour les rendre plus attractifs avec 17 courses de groupe supplémentaires les samedi et dimanche.
 
Deuxième forte inflexion : la digitalisation

France Galop avait un retard certain qu’il commence à rattraper avec des réalisations concrètes.
Le site internet a fait peau neuve à l’automne. Il est désormais facile d’utilisation sur toutes les interfaces y compris les tablettes et smartphones. L’accès simple et gratuit à tous les replays, mais aussi au Live, rencontre un vrai succès. Les propriétaires résidant hors de France peuvent enfin voir la course de leurs représentants en direct depuis leur mobile.
La digitalisation, c’est aussi la refonte du site pour les professionnels qui est un projet bien engagé. Une version beaucoup plus « user friendly » verra le jour à la rentrée ; les professionnels qui utilisent ce site quotidiennement y retrouveront toutes les fonctionnalités existantes plus des nouvelles, et surtout, ils navigueront sur une interface beaucoup plus ergonomique et fonctionnant parfaitement sur les tablettes.

La digitalisation, c’est également la sortie attendue cet été du « tracking ». Ce système de géolocalisation commun au Trot et au Galop est en gestation depuis plusieurs mois. Il s’annonce comme une évolution structurante dans notre manière de faire vivre nos courses, sur les hippodromes, devant un écran de télévision et depuis son smartphone. C’est un levier majeur pour séduire les jeunes générations en rendant nos courses plus lisibles et plus ludiques.
La digitalisation, c’est enfin apporter de nouveaux services aux propriétaires et aux entraîneurs. C’est dans cet esprit que nous avons conclu un accord de partenariat avec la start-up Arioneo afin d’offrir un outil qui, non seulement permettra aux professionnels de mieux analyser l’entraînement de leurs chevaux, mais aussi de partager simplement et en temps réel toutes les informations importantes avec leurs propriétaires.
 
Troisièmement : réduire le déficit : France Galop est également engagé dans un plan de performance :
 
- Comme vous le savez, nous travaillons au rapprochement des hippodromes parisiens (Longchamp, Saint-Cloud et Auteuil) qui fonctionnent encore aujourd’hui de façon trop indépendante. C’est un enjeu d’efficacité, de coût mais aussi une nécessité impérative pour être en mesure d’exploiter le Nouveau Longchamp avec les effectifs actuels. Ce projet rencontre des résistances parmi les organisations syndicales mais le dialogue renoué depuis la grève d’Auteuil doit permettre d’avancer intelligemment. France Galop n’a de toute façon plus les moyens de renoncer à des mesures aussi évidentes que celle-ci. 
 
- Nous avons également pris la lourde décision de quitter l’hippodrome d’Enghien et de transférer l’essentiel des réunions à Compiègne. Abandonner Enghien fut difficile mais c’est une décision qui permet de réaliser 2 millions d’euros d’économies par an sans altérer la qualité des courses organisées. Je me réjouis des conditions dans lesquelles l’hippodrome de Compiègne a lancé la saison 2017. L’accueil des professionnels est bon et le meilleur est à venir puisque les parcours ne cesseront de s’améliorer d’ici la saison 2018.
 
- Le budget marketing a été compressé de l’ordre d’un million d’euros dès cette année en évitant un repli sur soi qui serait dommageable au rayonnement de nos plus grands rendez-vous. Certaines dépenses comme l’organisation de réceptifs sont davantage visées par ce plan d’économies.
 
- Les centres d’entraînement sont au cœur de nos préoccupations. Nous devons en réduire les coûts de fonctionnement d’abord. Cela passe notamment par un calendrier de travail aménagé différemment, comme nous le faisons à Maisons-Laffitte cette année. Parallèlement, nous devons provoquer les opportunités de relance de nos centres d’entraînement avec nos partenaires locaux. C’est par exemple, donner la possibilité au Syndicat Mixte de Deauville de céder des parcelles constructibles pour permettre à des entraîneurs de construire des boxes. C’est aussi mieux promouvoir nos sites auprès de professionnels étrangers qui envisagent une installation en France. C’est enfin offrir un guichet unique à ces entraîneurs pour faciliter leur venue, leur installation et la fixation de nouveaux propriétaires et effectifs supplémentaires dont nous avons tant besoin.
 
- Sans renoncer à son principe, nous avons également obtenu du Fonds Eperon, une reprise de 7 millions de réserves constituées au fil des ans, considérant que la dotation annuelle de 9.6 millions et d’un fonds de roulement raisonnable ne mettait pas en danger le fonctionnement du Fonds. Pour l’avenir, je renouvelle mon attachement à ce Fonds tout en rappelant que France Galop le soutiendra à la hauteur de ses moyens.
 
- Les équipes de France Galop, du Trot et du PMU travaillent aussi de concert depuis plusieurs semaines sur l’évaluation des synergies induites par le rapprochement de certaines fonctions support et une mutualisation accrue des achats. Sans être la panacée, nous ne pouvons passer à côté d’économies de bonne gestion telles que celles-ci.
 
- Enfin, le nouveau patron du Pôle Media de l’Institution, Laurent Eichinger, avance à marche forcée sur un plan ambitieux de repositionnement de l’offre d’Equidia et de rationalisation des coûts de ce pôle images. Ce pôle représente une charge nette de 65 millions pour l’ensemble de l’Institution et des marges de manœuvre substantielles sont d’ores et déjà identifiées et actionnables dès le second semestre de 2017.
Comme vous le voyez, France Galop est bel et bien en mouvement pour faire face au mieux à la situation difficile que nous vivons.
 
Je l’ai exprimé clairement devant vous il y a quelques mois lorsque Xavier Hürstel et les équipes de McKinsey sont venus présenter le plan PMU 2020 : quand bien même le PMU parvient à délivrer les objectifs ambitieux qu’il s’est fixé, le résultat net attendu – et les économies à réaliser chez France Galop et dans les entités communes – ne permettront pas à la maison-mère de retrouver l’équilibre financier, seul garant de sa pérennité.
 
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