Breeders'Cup: des victoires improbables et délirantes

Calidoscopio fait tanguer Santa Anita

Des dizaines des chevaux qui se croisent tous les jpurs de 5h à 9h30. Dans tous les sens. A toutes vitesses. Dans tous les états. Sur le dirt, sur le gazon. Avec ou sans jockey, les échappés traversant allègrement ce joli tohu-bohut au son des sirènes annonçant son escapade.

L'image est toujours saisissante quand on arrive au petit matin sur le centre d'entrainement, qui est aussi l'hippodrome, de la Breeders' Cup. Mais les fans de courses et autres mondains des rencontres internationales sillonnant le monde de mars à Dubaï en décembre à Hong Kong, n'avaient d'yeux que pour un atypique tandem au cours de cette semaine: l'Argentin Calidoscopio et son cavalier d'entrainement perché sur son dos mais sans selle! Un gaucho, un vrai, gardant bien sûr sa façon traditionnelle de préparer son cheval aux premières lueurs de la journée malgré son voyage en Amérique du Nord. A chaque passage, les smartphones et appareils photos étaient alors dégainés à la vitesse d'un colt de John Wayne, histoire de revenir avec un souvenir pittoresque de cet individu aussi charmant qu'inattendu. Un peu d'exotisme. quoi.

Calidoscopio le matin à l'entrainement, sans selle....

Sauf que Calidoscopio n'est pas venu là pour amuser la galerie! Vendredi soir, le 9 ans,  né et élevé à  La Quebrada, le plus ancien haras argentin, à multiple reprises tête de liste et précurseur en ayant importé il y a des dizaines d'années l'étalon états-unien Southern Halo, a remporté avec brio la Breeders' Cup Marathon, devenant ainsi le cheval le plus âgé à inscrire son nom au palmarès d'une Breeders. Nonobstant le fait que cette course ne ressemble pas à grand chose dans une affiche d'auto-proclamés Championnats du monde, la victoire est fantastique et historique, soulevant un enthousiasme démesuré de la part de ses supporters et propriétaires dans le rond des vainqueurs. Ça chantait et criait dans les travées de Santa Anita!

Calidoscopio l'après-midi, avec une selle, remporte la Breeders'Cup Marathon

Calidoscopio est ainsi devenu le premier cheval entraîné en Argentine à vaincre dans une Breeders' Cup et le cinquième représentant de l'élevage argentin au palmarès. C'est jour de gloire pour son père Luhuk, ancien coursier anglais, devenu étalon en 1996 et déjà producteur de gagnants de courses principales.

Julie Krone n'est plus seule

Cela faisait déjà neuf ans que Julie Krone était devenue la première femme jockey lauréate de Breeders. La pilote d'Halfbridled réalisait un exploit énorme  : exister dans un monde d'hommes, dépassés parfois par leur propre taux de testotérone. Ici peut-être plus qu'ailleurs, les jockeys, pour la grande majorité d'origines hispaniques, s'en donnent à coeur joie quand il s'agit de jouer les gros bras et les durs. On a tous en mémoire l'échange de coups de poings devant les caméras du monde entier entre Calvin Borel et Javier Castellano il y a deux ans à Churchill Downs.

La femme jockey Rosie Napravnick avec Shangai Bobby dans le Winners'Circle après la Breeders'Cup Juvenile.

Sans faire dans le cliché, pas facile dans cette ambiance pour une femme de faire son trou. Le dernier exemple en date : Chantal Sutherland. 60% jockey, 40% produit marketing grâce à son physique plus qu'avantageux. La Canadienne, compagne du phénoménal pilote Mike Smith avant de s'en séparer il y a quelques mois, a annoncé il y a quinze jours qu'elle raccrochait les bottes. Bref, femme jockey aux States : un sacerdoce. Pourtant, dans un contexte pareil, émerge la tout aussi fraîche que rousse et compétente Rosie Napravnik. La charmante jeune-femme de 24 ans a remporté la Breeders' Cup Juvenile, restant ainsi invaincue en cinq tentatives avec son Shangai Bobby. Bien décidée à garder sa place dans le premier tournant face à deux costauds côté corde, Rosie ne s'est pas démontée. Pas plus quand son poulain s'est totalement raccourci à la sortie du dernier virage et qu'il a fallu le soulever du dirt pour qu'il se relance. Une monte superbe qui lui permet de succéder donc à Julie Krone, deux mois après être devenue la première jockey à gagner deux Groupes I lors d'une même journée. Parole de France Sire, on reparlera très vite de la jolie Rosie. D'autant que son Shanghai Bobby est d'ores et déjà annoncé favori du Kentucky Derby 2013...
 

Shangai Bobby repart à l'entrée de la ligne droite et gardera l'avantage jusqu'au bout.

Une victoire en famille de Trinidad et Tobago

Le Kentucky Derby. Le rêve pour tous les Américains. C'était aussi cette année, celui de Bisnath Parboo, 72 ans, originaire de Trinidad et Tobago et père de l'entraîneur du pur-sang Trinniberg, Shivananda Parbhoo. Ne vous y trompez pas. Il s'agit bien du père et du fils. Et si leurs noms ne s'écrivent pas de la même façon, c'est le résultat d'une erreur de transcription des services d'immigration américains, à l'arrivée de la famille en 1982 au pays de l'oncle Sam. Et si le patriarche pensait en mai dernier au Derby, c'est qu'il voyait à son 3 ans acquis 21 000 dollars à des ventes en Floride, une toute première chance, déclarant-même qu' "il était certain à 100% de voir son champion gagner!"

Trinniberg

Tout le monde l'a alors pris pour un fou. Un gentil fou mais un fou. Trinniberg est en effet un sprinter et n'avait jamais dépassé les 1400 mètres avant le Derby ont il prendra la...17ème place. De retour sur ses distances de prédilection, Trinniberg, entraîné par la famille Parb(h)oo à Calder en Floride, n'a depuis cessé de s'illustrer pour finalement décrocher le Graal dans la Breeders' Cup Sprint, paré comme tous ses compagnons d'écurie, d'une superbe bride jaune et d'un pompon rouge entre les deux oreilles. "On équipe tous nos chevaux comme cela même dans les courses de 5000 dollars" a tenu à préciser Bisnath Parboo samedi soir en onférence de presse. Alors aseptisée cette Breeders?

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