Arc de Triomphe : Golden Horn et le so British John Gosden

08/10/2015 - Grand Destin
Le grand Gosden (1,95m), déjà maître de l'Angleterre, a conquis la France avec Golden Horn qui a offert son 1e Arc à un entraineur au parcours totalement atypique, fan absolu de Bob Dylan et pourtant "so british" avec un humour à la Monty Python. Rencontre avec une histoire comme avec L'Histoire car Golden Horn est entrainé dans la même cour que Comrade, le 1e vainqueur de l'Arc en 1920 !  
John Gosden
 
" It's a Gosden year with a Golden Horn ! " Ce John Gosden, fan de rock'n roll tout comme de ballet, cultivé et merveilleusement glamour, détient un humour et une super classe qui fait de lui le parfait entraineur anglais, chez qui tout membre d'une grande famille britannique ou arabe doit absolument avoir des chevaux pour pouvoir briller en société. Non seulement Gosden a pris à 62 ans cette place enviable de meilleur entraineur anglais depuis la fin d'Henry Cecil et la diminution de l'effectif de Sir Micheal Stoute (70 ans), mais en plus il est vraiment... En 2015, il a absolument tout gagné, y compris le Prix de Diane avec le gros outsider Star of Seville, pour la délicate Lady Bamford, multimilliardaire qui habite dans une modeste demeure dont le jardin fait 1500 hectares. Avant le Diane, Gosden déclarait avec malice à nos questions, alors que France Sire s'était déguisé en Louis XVI et Marie-Antoinette dans le Parc des Princes de Condé : " Je crois que si je gagne aujourd'hui, je me verrais envoyé à la guillotine ! Non raisonnablement, on est venu passer une bonne journée à Chantilly." Ces anglais sont drôles, fair play (ou menteur), mais il repartent souvent avec la caisse. Avec la timbale du Diane, Gosden décroche l'énorme pactole de l'Arc ! Cela pour Oppenheimer, autre richissime propriétaire, patron des diamants dans le monde à la tête de la De Beers. Pourtant, avant la course, Gosden, le chouchou des journalistes, même un consultant occasionnel très convoité, tenait aussi un discours bien à lui. " Pour l'instant, un duel avec Trêve n'était resté qu'un idée en arrière-plan. Maintenant, l'affrontement passe de théorique à personnel. Espérons que cela intéresse Golden Horn et qu'il continue à très bien courir comme il l'a toujours fait jusqu'à présent. " Ces anglais sont fair play...ou excellents menteurs. En tout cas, ils ont la classe. Surtout Gosden.
 
Qui est vraiment John Gosden ?
Les pensionnaires de John Harry Martin Gosden (J.H.M.), y compris un certain Golden Horn, sont installés à Clarehaven Stables à Newmarket. C’est dans ces mêmes lieux qu’était hébergé en son temps, Comrade, le premier vainqueur de l’Arc en 1920, sous la coupe de Peter-Purcell Gilpin pour son propriétaire français, Evremond de Saint-Alary.
 
Quand on vous dit que John Gosden est grand ... ©APRH
 
John, né le 30 mars 1951 à Lewes dans le Sussex, est le fils de John Montague Towser Gosden et de Peggy Gearing qui lui avait donné également une sœur Sally. Installé comme entraineur à Lewes, après avoir été assistant chez Gordon Smyth, son père selle notamment un certain Aggressor, vainqueur des King George VI and Queen Elizabeth St. 1960. Il selle également Charlottown lors de sa campagne de 2 ans (Horris Hill St. 1965) mais l’année suivante, il gagne le Derby sous la coupe de Gordon Smyth. «Towser» Gosden, malade, décède en 1967 alors que son fils n’a pas encore 15 ans.
 
Son rêve d’enfant est d’effectuer une carrière militaire, il étudie à Eastbourne College (où il pratique également le sport, le lancer de javelot et de disque) mais adolescent, il opte pour l’Université, où il décroche un diplôme d’économie à Cambridge qui donne accès aux professions de l’aménagement du territoire et de l’immobilier. Des vacances studieuses chez un entraîneur de la Côte Est des USA, Harry Allen, détournèrent John de ses prévisions. Il est atteint du « virus » du pur-sang à Caracas au Vénézuela où John travaille à son hobby.
 
Assidu de l’entrainement, il décide d’y consacrer sa vie et postule pour une place d’assistant chez le grand « maître » de Newmarket (à Warren Place), Noël Murless qu’il rejoint en 1974 et dont il partage la fin de sa carrière pendant deux ans. Il passe ensuite une année comme assistant chez un autre grand « bonhomme », Vincent O’Brien ; c’était l’année de The Minstrel, Alleged, Artaius, Godswalk....
 
Chargé de convoyer en Californie une trentaine de « O’Brien » destinés à y être exploités puis vendus, John se fixe pour la première fois sur la Côte Ouest auprès de l’ex-entraineur irlandais Tommy Doyle (émigré outre-atlantique en 1951, vainqueur entre autres des Belmont S. 1975 et décédé en 1989 à 72 ans).
 
A la fin de l’année 1979, Gosden obtient sa licence d’entraineur en Californie où il débute avec 3 chevaux logés dans des boxes loués dans 3 barns différents ! Puis arrivent une dizaine de « Sangster ». Quelques années plus tard, l’apogée américaine est atteinte avec la Sangster, Royal Heroine. Elle, qui avait gagné l’Opéra (pour l’entrainement de Michael Stoute) et qui avait été 2ème des Guinées de Ma Biche, s’impose dans la première édition de la Breeders’Cup Mile (à Hollywood), un an après sa victoire dans l'Hollywood Derby. A noter qu’elle avait dû s’incliner dans l’Arlington Million de John Henry.
 
Les « stakes-winners » se multiplient avec des sujets venus d’Europe, tels que Bel Bolide, The Noble Player, Gordian, les Abdullah, Hatim et Alphabatim, Media Luna, Allez Milord, Asteroïd Field, Nashmeel, etc....Les rumeurs de contacts avec le Cheikh Mohammed Al Maktoum commencent à circuler en août 1988, démenties sans grande conviction.
 
Gosden, qui quittait fréquemment la Californie pour de longs séjours en Angleterre, revient à la mère-patrie. Il est à pied d’œuvre à la fin 88 où de nombreux « Mohammed » l’attendent. Il s’attache les services de l’ancien jockey et agent (de Walter Swinburn), Edward Hide.
 
Entre temps, en juin 1982, il avait épousé une francophone, Rachel Hood, qu’il avait connu sur les bancs de l’Université. Devenue avocate, elle lui a donné 4 enfants (Sebastian, Serena, Theodora, Thaddeus). Récemment, elle a été nommée Présidente de l’Association des Propriétaires anglais.
 
Notes :
Noël Murless arrête sa carrière fin 1976 puis est anobli un an plus tard. Julie, sa fille, s’était unie pour le meilleur et le pire en octobre 1966 à un certain Henry Cecil. Sir Noël Murless décède en avril 1987 à l’âge de 77 ans.
 
Grand professionnel, John Gosden effectue toujours un tour des pistes à l'aube des réunions majeures
 
Gosden, nourri, logé, blanchi à Newmarket
Fin 1988, John s’installe donc à Stanley House Stable, une grande écurie que le Cheikh Mohammed Al Maktoum vient d’acquérir (avril 1988) auprès de Gavin Pritchard-Gordon qui la détenait depuis 1976. Le nom de John Gosden fait définitivement son apparition sur les programmes anglais alors qu’il s’était imposé parmi les plus grands professionnels de Californie en moins de 10 ans. Il selle son premier partant pour le Cheikh Moh. (qui possède alors la plus grande partie des 80 pensionnaires de Gosden, la plupart âgés de 2 ans). Le premier partant est un premier gagnant, Intimidate (2e Gimcrack St. et Mill Reef St. 1987, 3e Irish 2000 Guineas 1988 sous la responsabilité de Clive Brittain) fait donc une rentrée victorieuse, en mars 1989, sur 1.200 m. à Kempton, piloté par Michael Roberts.
 
Dix ans plus tard, en 1998, c'est la surprise. Tandis que les Maktoum travaillent de plus en plus en circuit fermé, avec leurs propres entraineurs (ce qui va leur couter très cher), Gosden déménage. Il quitte même Newmarket pour un centre d'entrainement privé à Manton dans le comté de Wiltshire. John est de retour à Newmarket en 2006 à Clarehaven Stables. En 2008, il fait partie des deux européens, avec André Fabre, à inscrire son nom au palmarès de la Breeders’Cup Classic avec Raven’s Pass, propriété de la Princesse Haya de Jordanie et de Darley. Ce sera la dernière victoire de Gr.1 de Frankie Dettori pour John Gosden, outre l’année 2015.
 
Remise des trophées de la Breeders' Cup Classic 2008 avec les acteurs Kurt Russell et Arnold Schwarzenegger (à gauche)
 
Tête de liste des entraineurs en Angleterre en 2012, il égale, cette année, le score de 2014 avec 8 victoires de Gr.1 (dont 7 avec comme pilote Lanfranco Dettori). L’année dernière, John avait reçu trois Cartier Awards, une performance inédite, grâce à Kingman, élu meilleur poulain de 3 ans et meilleur cheval européen de l’année, et à Taghrooda, meilleure pouliche de 3 ans.
 
L’Arc de Triomphe n’avait pas encore souri à John après 5 participations depuis 2009 (7 au total) et son seul podium, celui de l’an dernier avec Taghrooda.
 
Taghrooda, Paul Hanagan et John Gosden
 
Golden Horn rejoint Sea Bird, Mill Reef mais aussi Sea The Stars
Golden Horn, le fils de Cape Cross (déjà père de Sea The Stars, vainqueur en 2009), avait été supplémenté dans le Derby d’Epsom et donc dans l’Arc. Son entourage ne pensait pas qu’il tiendrait la distance, mais serait-ce la bonne raison ?
En remportant le Derby et l’Arc, il rejoint ses compatriotes Mill Reef, Lammtarra et Workforce, les irlandais Sinndar et Sea The Stars et le français, Sea Bird, vainqueur, il y a tout juste 50 ans.
 
VOIR LE PALMARES DE JOHN GOSDEN
 

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