Arc de Triomphe : avantage aux éleveurs depuis 10 ans

05/10/2016 - Grand Destin
 Le Prix de l’Arc de Triomphe a donné 88 gagnants différents pour 95 victoires. Si l’égalité entre les chevaux élevés et ceux achetés est presque parfaite depuis la création en 1920, les dix dernières éditions sont incontestablement en faveur des éleveurs ayant gardé leurs progénitures plutôt qu’aux acheteurs. Par Xavier BOUGON
 
 
Found, après son triomphe dans l'Arc 2016.

 
La victoire dans le Prix de l’Arc de Triomphe de Found (Galileo) rembourse l’achat à l’amiable de sa mère, Red Evie. Celle-ci, sortant de l’entrainement, avait été présentée à Newmarket en décembre 2007 par son entraineur, Michael Bell, pour le compte de ses co-propriétaires, son épouse (née Lillingston) et de Terry Neill, un anglais, natif de Liverpool, très riche et bien connu dans le monde de l'obstacle.
 

Found crève l’écran et rembourse les frais
 
A la suite de sa carrière sur la piste, auréolée de deux victoires de Gr.1 (Lockinge St. et Matron St.), l’association en voulait plus de 1.000.000 Guinées de Red Evie. Elle sera rachetée à la tombée du marteau. Toujours à l’affût des bonnes affaires, l’équipe de Coolmore va aussitôt proposer de négocier. Seuls les intéressés connaissent le fin mot de l’histoire : une vente ou une association sous forme de foal-sharing. Dès la première année et jusqu’à ce jour, Red Evie ira à Galileo. Le premier foal né en 2009, Red Corvette, est une pouliche. Elle a, semble t’il, eu de graves problèmes puisqu’elle n’a pas couru et ni même rejoint le haras.
 
Found est la propre sœur de deux femelles black-types, Magical Dream (mère d’un yearling par War Front) et Best in The World. Red Evie est aussi la mère d’un yearling et d’une pouliche foal.
 
 
Avec ses 2 victoires de Gr.1 à 2 et 3 ans (Prix Marcel Boussac et Breeders’Cup Turf) et ses 9 places de première dauphine dans les Gr.1, Found, la Poulidor de Coolmore, avait déjà amplement payé l’addition avant même son arrivée à Chantilly.
 
 

Red Evie, la mère de Found, a été achetée à l'amiable par Coolmore après avoir gagné Gr.1 sous la casaque de Terry Neil.
 
 
Le team Coolmore rejoint la seconde marche du podium

Found, fille de Galileo (Sadler’s Wells) procure à l’équipe de Coolmore une quatrième victoire après celles de Montjeu, Hurricane Run et Dylan Thomas, tous descendants de Northern Dancer. Le team irlandais rejoint ainsi un trio composé de Daniel Wildenstein, S.A. Karim Aga Khan, Khalid Abdullah.
 
  • Montjeu, un Sadler’s Wells (fils de Northern Dancer) :
Né en Irlande, mais élevé en France, Montjeu est assimilé à l’élevage français. Sir James Goldsmith l’avait fait naître suite à l’achat de sa mère, Floripedes tout juste sevrée, aux ventes de décembre 1985 à Deauville. Cette fille de Top Ville, déjà nommée, avait été élevée par son ami Jean de Souza-Lage. Par l’intermédiaire de Frédéric Sauque, l’homme d’affaires débourse 500.000 F. Après sa carrière sur la piste, elle ira à la rencontre de Sadler’s Wells.....(pour connaître la suite voir l’article du 31 mars 2012, intitulé (Mère de Montjeu, Floripedes a aussi le droit à un hommage).
 
  • Hurricane Run, un Montjeu (fils de Sadler’s Wells) :
 
Hurricane Run se classe second de Shamardal dans le Prix du Jockey Club. Son propriétaire-éleveur, la Gestut Ammerland, est approché par les irlandais. Dans un premier temps, ils lui louent et vont gagner l’Irish Derby même si au palmarès figure le nom de l’éleveur allemand. Après cette victoire irlandaise, le fils de Montjeu est dorénavant leur entière propriété. Dietrich von Boetticher, fondateur de la Stall Marcassargues renommée Ammerland, en gardera tout de même quelques parts.
 
  • Dylan Thomas, un Danehill (petit-fils de Northern Dancer)
Danehill a couru sous les couleurs du Prince Khalid Abdullah qui avait acheté sa mère yearling à Saratoga, $ 350.000. Il revendra Danehill au team de Coolmore, après sa carrière sur la piste où il avait été sacré champion sprinter européen à 3 ans. L’équipe de Coolmore s’entiche de Lagrion (Diesis) (propriété de son éleveur, L.P. McCreery), après le succès de sa fille, Queen’s Logic (née en 1999 de Grand Lodge), gagnante de Cheveley Park St. après avoir été vendue yearling 1.000.000 F. à Deauville par son éleveur, Kip McCreery (c’était l’année de la vente d’Altruiste, sœur d’Urban Sea).
Lagrion deviendra la mère de Dylan Thomas suite à sa rencontre avec l’étalon-maison, Danehill. Foal-sharing ou vente, telle est la question ? Elle donnera naissance également à Remember When (2007 Danehill Dancer) et à Homecoming Queen (2009 Holy Roman Emperor), excellentes sur la piste comme au haras.
 
Notes :
 
Found a remporté l’Arc deux ans après son succès dans le Prix Marcel Boussac. Elle rejoint au palmarès une autre sacrée jument, Allez France, gagnante en octobre à 4 ans. A ce jour, elles sont désormais deux, Zarkava l’ayant gagné à 3 ans.
 
 

Galileo, toujours l'objet d'une grande curiosité.
 
 
Galileo, le prince des Condé
 
Lorsque Galileo enlève le Derby d’Epsom, son père, Sadler’s Wells, avait déjà vingt ans et malgré son extraordinaire palmarès il n’avait pas encore donné un gagnant de Derby anglais. Ce dimanche à Chantilly, Found a crevé l’écran comme l’avait fait sonpère Galileo. Elle lui a donné un premier succès dans le Prix de l’Arc de Triomphe alors qu’il est âgé déjà de 18 ans. Il était le fruit de la première rencontre de Sadler’s Wells avec Urban Sea. Il doit la vie grâce à un foal-sharing entre Coolmore (Orpendale) et David Tsui.
 
 
Golden Horn, son propriétaire avait tenté de le vendre
 
La famille maternelle de Golden Horn est dans le giron des Oppenheimer depuis les années 70. Anthony avait voulu vendre Golden Horn, yearling, en adéquation avec sa politique d’élevage, vendre les mâles, garder les pouliches. « On ne peut pas garder tous les chevaux» aurait-il déclaré. C’est ainsi qu’il présente le non-nommé, Golden Horn aux ventes d’octobre de Tattersalls mais revient avec, sur les conseils de son racing-manager, Hugo Giles Lascelles, racheté 190.000 Guinées. On connaît la suite malgré le fait que John Gosden n’était pas certain que ce fils de Cape Cross tienne la distance «dite classique». Son entourage a dû supplémenter ses engagements dans le Derby d’Epsom et dans le Prix de l’Arc de Triomphe. Bien lui en a pris !
 
Trêve, repart de Deauville après un passage sur le ring
 
Portant les couleurs rouges du Haras du Quesnay, Trêve est un vrai roman à elle toute seule. Passée en vente en octobre de son année de yearling à Deauville, elle n’intéressait personne et c’est justement que leurs éleveurs ont décidé de la garder pour 22.000 €. Petit pépin, grosse conséquence, sa rentrée à 3 ans se fait attendre et Criquette, son entraîneur, commence à broyer du noir, même si elle n’a pas perdu espoir. Au mois de juin, après les engagements du Prix de l’Arc de Triomphe, elle enlève le Prix de Diane. Le Qatar a envie de gagner la plus grande course au monde, c’est tout naturellement qu’ils vont se pencher sur cette gagnante qui venait de battre le record de l’épreuve. Comme Golden Horn on connaît la suite....son engagement sera supplémenté. La famille maternelle, celle également de Triptych, a intégré le Quesnay suite à l’achat en 1988 d’une élève du texan Nelson-Bunker Hunt, Trevillari.
 
 
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Solemia, une souche Wertheimer de la fin des années 60
 
En novembre 1968 est organisée à Deauville une vente de dispersion des effectifs de Mme Peter Widener (née Wetherill,  décédée en février 1970). Son élevage était tel, que c’était l’évènement de cette fin d’année. A cette occasion, passe sur le ring une yearling nommée Green Valley, une des filles de Sly Pola (Prix Robert Papin et de l’Abbaye de Longchamp à 2 ans et soeur de Polamia). Robert Giraudon se charge de signer le bon d’achat à 410.000 F pour la casaque bleue et blanc. Restée inédite sur la piste, elle deviendra l’une des juments base de l’élevage de la famille Wertheimer dont fait partie Solemia, gagnante du Prix de l’Arc de Triomphe en 2012.
 
 

Danedream avec Andrasch Starke.
 
 
Danedream, le dernier achat à ce jour
 
Il fallait être sur le charmant hippodrome de Wissembourg pour assister aux débuts d’une future lauréate du Prix de l’Arc de Triomphe. Que de chemin parcouru pour Danedream, pouliche au cœur immense. Voici une preuve de plus que les courses ne sont pas qu’une histoire de dollars ou d’euros. De l’hippodrome de la Hardt, à Wissembourg, à celui de temple du plat, il n’y a qu’un pas, ou plutôt, qu’une foulée. Danedream remporte avec autorité la 90ème édition du Prix de l’Arc de Triomphe. Peter Schiergen, son entraineur, ne s’était pas trompé. Supplémentée, la pouliche se hisse au sommet de la hiérarchie mondiale du pur-sang, se permettant même le luxe de décrocher le record de la course en 2’24’’49 éclipsant celui de Peintre Célèbre en 1997. Found, cette année, s’est imposée à Chantilly en 2’23’’61 battant le temps de Bering dans le Prix du Jockey Club 1986.
Présentée par ses éleveurs, sous le nom de Gestut Brummerhof, la fille de Lomitas et de Danedrop a été acquise 9.000 € à la breeze-up de Baden-Baden par Heiko Volz du Gestut Burg Eberstein.
 
Workforce, le 4e Arc du Prince Abdullah
 
La famille maternelle est arrivée au sein de l’effectif de Juddmonte Farms suite à l’acquisition, lors d’une négociation privée durant l’hiver 1984, d’une fille de Star Appeal (Arc de Triomphe 1975) et d’une fille de Vimy (élevage Wertheimer pour qui il enlève les King George VI...1955), Media Luna. Elle s’était classée seconde des Oaks 1984 pour les couleurs de Roldvale Ltd qui l’avait achetée yearling 24.000 Guinées yearling. Workforce et Rail Link, quatre ans plus tôt (2006), sont deux vainqueurs élevés par le prince. Les deux autres succès proviennent de poulains achetés yearling, Rainbow Quest ($ 950.000) et Dancing Brave ($ 200.000).
 
 

Sea The Stars avec Mick Kinane en 2009.
 
 
Sea The Stars, le frère cadet de Galileo
 
Elevé par la famille Tsui, Sea The Stars est issu des amours de Cape Cross (fils de la championne irlandaise, Park Appeal, en pension chez Jim Bolger) et d’une gagnante du Prix de l’Arc de Triomphe, Urban Sea, la matrone de Jean Lesbordes qui l’avait achetée yearling 280.000 F. en 1990 (sachant que le top-price, un demi-frère de Balbonella par Sadler’s Wells, avait atteint la somme de 6.500.000 F.).
 
Zarkava, une drôle de petite étoile
 
La petite merveille de Son Altesse Aga Khan, Zarkava (Zamindar) est partie au haras invaincue après son extraordinaire palmarès auréolé du Prix Marcel Boussac à 2 ans et de la Poule d’Essai, du Prix de Diane, du Prix Vermeille et du Prix de l‘Arc de Triomphe à 3 ans. Elle nous présentait d’ailleurs son premier partant ce samedi à Chantilly, Zarak, fils de Dubawi. Son origine maternelle au sein de l’élevage en vert et rouge remonte à Mumtaz Mahal, élevée par Lady Sykes et achetée yearling par le grand-père de Karim Aga Khan en 1922, il y a près d’un siècle donc, pour 9.100 Guinées à Doncaster. S.A. Aga Khan III l’importera en 1930 au Haras de Marly la Ville où elle séjournera jusqu’à son décès en 1945. Elle sera l’une des juments base de l’élevage.
 
Rail Link, le premier succès dans l’Arc pour un né et élevé Juddmonte
 
Fils de la seconde production de Dansili (Danehill), Rail Link est, à l’heure actuelle, le dernier vainqueur du Grand Prix de Paris (2.400 m.) à s’être imposé ensuite dans le Prix de l’Arc de Triomphe. Il a pour père et grand-père deux produits de l’élevage Juddmonte. Il a été élevé par le prince Khalid Abdullah après avoir acheté, à l’amiable, sa 3ème mère, Golden Alibi (Empery) suitée de sa fille Dockage (Riverman). Inédite, Golden Alibi, sœur cadette de Dahlia, provient de l’élevage Hunt.
 
Bago, un canadien venu d’ailleurs
 
Le sang de Natalma (propriété du canadien E.P. Taylor) figure deux fois dans le papier maternel de Bago, élevé par la famille Niarchos. Elle est non seulement la mère de Northern Dancer (père de Nureyev) mais aussi la grand-mère de Coup de Folie (Halo et Raise The Standard). Stavros Niarchos avait acheté Nureyev, yearling $ 1.300.000 à Keeneland en 1978 et Coup de Folie (élevée par E.P. Taylor), $ 825.000 en 1983. Naîtra de cette famille extraordinaire, Bago (Nashwan), lauréat du Prix de l’Arc de Triomphe 2004.
 
Dalakhani, un croisement Boussac-Aga Khan
 
Le gagnant du Prix de l’Arc de Triomphe 2003, Dalakhani, est né des amours de Darshaan (Shirley Heights) et de Daltawa, une fille de Miswaki (par ailleurs père d’Urban Sea, née la même année). Ils doivent leur naissance suite à l’achat par S.A. Aga Khan, de Delsy (Abdos) et de Denia (Crepello), deux juments parmi les 144 chevaux de la vente Boussac.
 
 

Marienbard avec Frankie Dettori.
 
 
Marienbard, issu de l’élevage de la Perrigne
 
Marie de Fontenoy, élevée par François Mathet, avait intégré la jumenterie du Haras de la Perrigne à la fin de son année de 3 ans. C’était en 1986, l’année de la victoire de sa sœur cadette, Sakuro Reiko dans le Prix Morny (après avoir été vendue yearling 850.000 F.).
Marie de Fontenoy donnera naissance à Marienbad (par Darshaan, père de Dalakhani dix ans plus tard), élevée donc dans la Sarthe chez Jean-Hughes de Chevigny, gendre du fondateur du Haras, le baron de Wildenberg. Elle est présentée yearling à Deauville en 1992 et rejoindra l’effectif de Cheikh Mohammed Al Maktoum après son achat par John Warren pour 2.100.000 F., ce qui fait d’elle, la «Darshaan» la plus chère de l’année.
Marienbad donnera naissance à son tour à Marienbard (1997 Caerleon), gagnant du Prix de l’Arc de Triomphe pour Godolphin et l’élevage de Rabbah Bloodstock (qui regroupe tous les amis dubaïotes du Cheik Moh. dont Saif Ali Al Kitbi).
 
Sakhee, un peu de Clore
 
Le fils de Bahri (Riverman), Sakhee, s’imposera dans l’Arc par 6 longueurs comme Ribot (en 1956) et Sea Bird (en 1965). Il provenait de l’armada Godolphin suite à l’achat, par Shadwell, de sa mère, Thawakib (Sadler’s Wells), yearling, pour 260.000 Guinées. Gagnante des Ribblesdale St., elle avait été vendue par ses éleveurs, Barronstown Bloodstock Ltd et Gainesway Thoroughbred qui avaient acheté sa mère, âgée de 17 ans, en 1988, pour $ 380.000. Cette mère, Tobira Celeste (Ribot), avait été la propriété d’Alan Clore qui l’a vendra $ 390.000 en 1981, bien avant la liquidation, en 1988, de son effectif.
 
Sinndar, un peu de Boussac
 
Parmi la «dispersal» de l’élevage Boussac figurait une yearling, fille d’Abdos, nommée Stoyana, descendante de la très influente Tourzima. Elle deviendra la grand-mère de Sinntara (Lashkari), future mère de Sinndar (Grand Lodge), vainqueur des premiers Derbies d’outre-manche et du premier Arc de Triomphe du 21ème siècle.
 
Voilà les petites histoires des achats ou des ventes des éditions du Prix de l’Arc de Triomphe du 21e siècle.
 
Ci-après un tableau répertoriant la provenance des vainqueurs des quatre-vingt-quinze éditions.
 
 



 

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