Paul Mer, juste avant l'océan

01/04/2009 - Focus Elevage
Plus loin...il n'y a pas plus loin que chez Paul Mer. Où alors on tombe dans l'océan atlantique déchaîné. A la pointe de la Bretagne, c'est un autre monde.  

Là-bas, dans le Finistère, ils aiment les chevaux aussi. Pas forcément des courses. Il y a une passion pour le cheval lourd. Des gens rendus très nerveux par les concours de modèles et allures de trait bretons, des hommes aux accents marqués et aux noms avec des "c'h".

Là-bas, on se croirait chez Astérix. Le paysage possède un charme fou, Roscoff, l'Ile de Batz, le bord de Mer sauvage, les gros rocher rond sur la plage, les menhirs.

Là-bas, les hortensias sont bleus, les filles sont frisées, les garçons ont la pommette carrée.

 



Là-bas, à l'extrémité nord-ouest de la Bretagne, c'est bien après Rennes. Il faut encore 2 bonnes heures de route pour accéder aux hippodromes de Morlaix, Landivisiau, et puis sur la plage Plestin les Grèves et Plouescat.

Les chevaux de courses ne courrent pas les rues pour autant. Les éleveurs se connaissant tous. De toute façon, ils sont nés là. Paul Mer à Lesnevin, mais aussi Bernard Geffroy, tout près, à Châteauneuf du Faou.

Et ils en veulent, ces bretons. Et ils en mangent des kilomètres pour tout faire. Chaque saillie ou journée aux courses est une aventure pour la journée.

Producteur de bon lait de ferme




Paul n'est pas un ancien jockey. Il en a pourtant le physique et même la tête. Mais non, c'est un agriculteur. Un laitier qui aime bien le vrai lait. Il a souffert de longues années à l'époque frénétique du lait industriel qui n'était que de l'eau peinte en blanc. Aujourd'hui, ca va beaucoup mieux depuis que la ménagère dans son supermarché favori n'achète plus que son yaourt où il y a marqué dessus que le lait est entier, ou riche, ou à l'ancienne ou un truc dans le genre.

Il a repris les terres de son père: 66 hectares au fond limono-argileux. Des herbages riches qui font penser à la Normandie en plissant les yeux. Il y a fait moins froid. Ici, à 6 kilomètres de la mer, c'est un climat océanique. Doux, mais parfois mouillé...

Champion des courses de pays

L'été, c'est la fête. Paul Mer prépare secrètement dès mois à l'avance le grand rendez-vous sportif annuel de la région. Les courses de pays sur la plage de Guisseny. Il forme les chevaux mais aussi la jockette, une stagiaire qui a bonne main. Il y a en a pour tous les goûts. Trait, chevaux, poneys, petites tailles, grandes tailles. A gagner ? Rien. C'est ce qu'on appelle la poésie rurale. En fait, l'idée, c'est la goût de la compétition, la vitesse. L'année dernière, Paul Mer était le roi de la plage, il a gagné deux courses avec ces deux partants, dont un débutant complet.

Tout cela fait un peu folklorique, mais Paul Mer s'attache de la même façon à faire les choses bien avec ses chevaux de plage qu'avec ses Pur-Sang.

Amateur de caractère gras

 



Tout est parti sur une histoire de copains, comme toujours. Il avait certes monté dans un club hippique quand il était petit avec sa mère, mais une grosse chute l'avait refroidi. Et puis un jour un ami lui propose une part d'une jument PS. Il accepte, la fait saillir à l'étalon le plus proche, Highency, stationné à Landivisiau. Le poulain naît. Paul est conquis.

En 1996, il débarque aux ventes de Deauville et achète une jument de 15 ans pleine de Nashaama pour 12.000 francs. Le produit qui naît s'appelle Rosalita et se place 2e du Prix de la Vallée d'Auge (Listed) à 2 ans.

Depuis 10 ans, Paul Mer s'est donc lancé vraiment dans l'élevage et possède un piquet de 5 poulinières sérieuses aujourd'hui: une mère de 5 vainqueurs, une soeur de Belcantista, la mère de Della Wish, une soeur de Nelson Creek et une soeur de Voie de Printemps.

Mais s'il est devenu un éleveur classique au sens ou il fréquente Deauville, met des bonnes saillies sur des bonnes juments, Paul Mer reste breton et adepte de la sorcellerie.

Le sorcier de Lesnevin

Ainsi au printemps 2008, il a fait remplir par Della Francesca et magnétisme une jument mère de 3 black-type mais vide depuis 4 ans...Au même moment, il était fier de remmener à l'entraînement un certain Café do Brazil, cheval qu'il avait récupéré de l'extérieur pour la ballade. "Si je l'avais pu avant, je l'aurais refusé. Le suspenseur explosé. Le boulet touchait le sol. Il était condamné. Je l'ai soigné avec une méthode de mon grand-père." Après un an et demi d'arrêt, Café do Brazil est parti chez Jean-Pierre Daireaux et a regagné 2 courses.

Pas d'histoire de potion magique là-dedans, sous doute une grande part de foi...

 

Voir la fiche

Voir aussi...