Obstacle : quand France Galop passe à l'action

29/10/2018 - Actualités
 L'heure du grand dépoussiérage étant enfin arrivée, la discipline de l'obstacle profite d'un vaste champ d'action pour redynamiser la discipline souvent considérée comme le parent pauvre du galop français. Si des réunions PMH sont supprimées, uniquement sur les "grands" hippodromes, de nombreuses mesures intéressantes sont prises, notamment en faveur de la province, mais aussi du réveil du site d'Auteuil.

 

 

La plan d'action que France Galop propose pour l'obstacle doit rendre le sourire aux acteurs de la discipline, dont beaucoup ont grincé des dents face aux efforts concentrés sur le nouveau Longchamp, surtout avec le résultat que l'on sait, tant l'enthousiasme institutionnel n'est pas partagé par tous, que ce soit les utilisateurs ou les médias indépendants. Ici, aux grandes idées fumeuses, il a été privilégié l'action concrète, le bon sens, le terrain. Il ne s'agit donc pas d'un grand "plan quinquennal", mais d'un catalogue de mesures applicables de suite, qui vont de questions techniques de programme jusqu'aux fêtes d'Auteuil en passant par les grands cross de province. Le financement n'est pas assuré par d'éventuelles recettes supplémentaires, ni par le rognement des taux de retours aux joueurs, mais par le sacrifice d'un certain nombre de courses d'obstacle PMH (750.000 €), mais pas sur des petites sociétés de province qui attirent toujours les foules comme on pouvait le craindre. C'est l'avantage des périodes de crises : on fait le ménage, on dépoussière, on s'oblige à bouger car le monde actuel ne nous attend pas ! Voici quelques exemples d'actions notables ci-dessous :

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Programmes et black type

Dans la partie programme, on retient pour cet hiver l'ajout d'une réunion premium à Cagnes et la réduction du meeting de Pau, qui souffre d'un manque de partants. Ensuite, il y a des mouvements entre Auteuil, Fontainebleau et Compiègne et même Dieppe, qui récupère une réunion supprimée en juin sur la Butte Mortemart.

Il existe un grand déséquilibre entre le nombre d'épreuves black type en France, très orthodoxe, et l'Angleterre, beaucoup plus généreuse. Le programme national verra plusieurs courses toujours très bien composées devenir des Listed, en l'occurrence 9 courses dont 6 à Auteuil (5 pour les 3 ans) et 3 à Compiègne. De même, 4 épreuves passent de Listed à Gr.3 et le Prix Bournosienne deviendra un Gr.2. Tout cela est très gratifiant pour le propriétaire. Les britanniques, qui savent très bien flatter leur clientèle, l'ont très bien compris depuis des années. Des ayatollahs disent toujours que l'élite ne doit pas être étayée, certes, mais quand il n'y a plus personne pour tenter de l'atteindre, la notion d'élite ne sert plus à rien ! Notons que les Gr.1 restent limités à 9 épreuves dans l'année, toutes à Auteuil. En Angleterre, il y en a 3 fois plus, disputés sur des hippodromes différents.

Les petits entraîneurs

Ce n'est pas dit comme ça, mais on comprend aisément que France Galop souhaite préserver les petits entraîneurs d'obstacle qui font le tissu national de la discipline. Cela passe par une mesure qui paraît simple mais qui a beaucoup d'importance. Dans les courses PMH de faible niveau, outre le développement des courses à conditions à valeur handicap limitée, les gains pris en compte en haies et en steeple seront cumulés. Cela aura pour conséquence de "protéger" les sujets modestes des assauts d'éléments bien meilleurs venant de grosses maisons qui les écrasent en faisant des rentrées ou arrivent à jongler entre les 2 spécialités pour ratisser les engagements les plus "rase motte". Il ne s'agit pas là d'empêcher les "gros" de gagner, mais simplement de limiter leur omnipotence afin de soutenir le moral des nécessaires petits soldats !

Les femelles

Près de 200.000 € sont consacrés à la revalorisation de 19 courses de femelles en haies et en steeple, afin de motiver les propriétaires et les entraîneurs à investir dans les pouliches. En effet, les femelles représentent évidemment 50% des naissances, mais les exportations massives de jeunes produits en Irlande creusent les effectifs essentiellement chez les mâles. Il reste donc un bon potentiel de chevaux à faire courir à conditions d'encourager tout le monde à prendre des femelles, même si leur commercialisation en début de carrière est plus difficile. Enfin, le fait de faire courir les femelles améliore la filière élevage. C'est la raison du niveau formidable de l'élevage d'obstacle en France, supérieur en qualité à l'Irlande malgré l'effectif beaucoup moins nombreux.

La province

Il n'y a pas si longtemps, un grand steeple de province était un événement populaire suivi par le public et préparé de longue date par les professionnels régionaux, suivis par des propriétaires pour qui briller à la maison était un objectif majeur. Mais avec la politique dramatique menée depuis une quinzaine d'années, les Grands Steeple régionaux se sont banalisés, étant seulement des épreuves un peu mieux dotées que d'autres, mais qui ne font plus rêver personne. En même temps, le "tout pour Auteuil" laisse sur le carreau de nombreux compétiteurs de qualité qui ne sont tout simplement pas adeptes de la Butte Mortemart, mais dont on ne sait plus quoi faire une fois qu'ils ont gagné quelques courses, et qui sont vendus à l'étranger si possible. France Galop a décidé de revalorisr 22 Grands Steeple et Grandes Courses de Haies en province. Les Grands Steeple d'Angers et de Nantes profitent ainsi d'un apport de 19.000 €. Dans le même esprit, mais pour les chevaux plus jeunes (3 et 4 ans), 39 courses ont été ouvertes et revalorisées afin de permettre aux chevaux ayant gagné de recourir au moins une fois en province premium avant de monter à la Capitale. Enfin, les Grands Cross nationaux bénéficient d'une enveloppe de 117.000 € pour leur revalorisation.

Auteuil 

L'hippodrome phare de l'obstacle français ne profite pas du tout de sa situation géographique exceptionnelle. C'est tout simplement le plus bel emplacement de Paris, qui est pourtant désert le plus souvent...et de plus en plus déserté par le public. Des travaux d'aménagements pour le confort des acteurs et du public sont programmés en 2019. Des soirées festives et fêtes y seront organisées  de plus en plus, les soirs de courses ou des jours de non courses. La réunion des Drags, dont le déplacement en 2018 avait tant choqué, revient au dimanche en juin. Il y a beaucoup à faire à Auteuil. La restauration doit notamment y être repensée de A à Z, du prix de la crêpe à la fraîcheur des sandwichs en passant par les tables assises. C'est le cas de le dire, il y a du pain sur la planche, et encore beaucoup de ménage à faire !

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