Jeffroy et fils : Viva Armorica

16/07/2012 - Focus Elevage
Ils sont bretons, à n'en point douter, et fiers de l'être. Robert, Bernard, Benoit et Thomas Jeffroy viennent d'aligner les victoires en quelques jours dans toute la France. De quoi chanter : Viva Armorica.

Niché près de Plounevez-du-Faou, le "terrain de jeu" des Jeffroy s'étend sur environ 200 hectares. Un jeu car le cheval dont la passion a été inculquée par le grand-père, Robert, n'est pas le métier de base de ces hommes, des marchands de bestiaux qui recrutent des centaines de bovins par semaine pour fournir notamment, il fut un temps, les magasins Leclerc.

 

Thomas Jeffroy avec Hexane, matrone de la SCEA des Prairies

Au début, les Jeffroy ont vu "local". Mais aussi étrange que cela puisse paraître, la Bretagne n'est pas très bien dotée en étalons, entraineurs et hippodromes de haut niveau. Alors il a fallu aller plus loin. Et partant de l'extrême ouest de la Bretagne, presqu'à la pointe du raz, tout est loin ! Etendu en France, et même au delà des frontières avec l'appui de Benoît, qui travaille en Angleterre à Darley, l'entité d'élevage de Cheikh Mohammed Al Maktoum, le sceau Jeffroy a connu quelques jours d'euphorie autour du week-end d 14 juillet 2012.

En tant qu'éleveurs associés ou à 100%, voire copropiétaire, que ce soit Robert Jeffroy, Bernard Jeffroy ou la SCEA des Prairies (association des 2 fils Thomas et Benoît), toute la famille était organisée autour de l'incontournable "maman" Sylviane, ils ont gagné en débutant mercredi à La Teste avec la 2 ans Tricky Week (Sunday Break et mère par Silver Hawk), puis enchainé par un doublé le lendemain à Chantilly. Une nouvelle fille de 2 ans de Sunday Break, nommée Holy Dazzle, a ouvert son palmarès chez Jonathan Pease. Sa mère, par Smadoun est une soeur de Smala, la mère de Chichicastenango. Quelques minutes plus tard, le 3 ans Abu Sidra (Shirocco), entrainé par Jean-Français Bernard, remportait sa 4e victoire consécutive. Sa mère Mary Doun est aussi une fille de Smadoun. Enfin, le dimanche 15 juillet aux Sables d'Olonne, la 2 ans Louna Day, fille de Sunday Break et de Texalouna (par Kaldoun, le père de Smadoun !) faisait bonne impression en débutant 2e aux Sables d'Olonne, juste avant que sa soeur aînée Toscabella (Country Reel) ne s'impose sur la même piste.

 

Holy Dazzle, portrait craché de son père Sunday Break, est une cousine de Chichicastenango. (PHOTO APRH)

 

Kaldoun et Sunday Break : les deux mamelles du destin !



Pourquoi les noms de Sunday Break et Kaldoun reviennent si souvent alors qu'a priori rien ne rapprochent le japonais ayant fait carière aux Etats-unis de l'ancien leader Aga Khan à qui tout a réussi en France ? Parce qu'ils sont les deux moteurs de l'élevage Jeffroy, aussi bien qu'avanie et framboise sont les mamelles du destin.

Bernard Jeffroy a commencé sa carrière d'acheteur de chevaux à Deauville en 1987 sous les sourires moqueurs lorsqu'il a acquis Texane Beauty, minuscule noiraude fille du décevant Vayrann avec une mère par l'obscur Armistice. Mais celle-ci fera sa fortune. Bonne en course, elle donne au haras 5 gagnants pour autant de produits. Le plus riche et populaire restera Chêne d'Or (L'Emigrant), vainqueur de 13 courses, tandis que Texan Héros (Hero's Honor) a lui aussi brillé dans les quintés, mais la meilleure fut Texalina (Kaldoun), gagnant de Gr.3 à 2 ans. Texalouna est sa propre soeur, ultime produit de Texan Beauty.

 



L'attachement à Kaldoun est une évidence, de la même façon d'ailleurs pour d'innombrables éleveurs français, petits ou moyens, qui n'ont tant joué au jeu des yearlings de vente mais à qui le fils de Caro a tant donné pour améliorer l'efficacité de jumenteries parfois de réputation discutable...

Le rapprochement avec Sunday Break provient des aventures d'Hexane (Kendor), le 1e produit de Texan Beauty, co-élevée avec Loic Malivet. Black-type, vendue à 2 ans à Jean-Louis Bouchard puis partie poulinière aux Etats-Unis, elle a été retrouvé sur un ring de ventes et enfin racheté aux 3e essai à Keeneland par Bernard Jeffroy, qui avait auparavant fait un voyage exprès dans le Kentucky pour la trouver...absente ! Elle était alors pleine pour la 1e fois du débutant et inconnu en Europe Sunday Break, qui fut l'un des meilleurs 3 ans de sa génération aux Etats-Unis.

 



Quelques mois plus tard, le 8 mai 2005, alors qu'on fête à Paris les 60 ans de l'armistice, Benoit fait le 1e poulinage de sa vie. C'est Hexane qui fait un petit mâle. Il sera nommé Never on Sunday, alors que c'est un dimanche ! Ce dernier gagnera à 4 ans le Prix d'Ispahan (Gr.1) chez Jean-Claude Rouget et a fait sa 1e saison d'étalon au Haras de Grandcamp chez Eric Lhermite en 2012. entre temps, Sunday Break a été importé en France et sort ses premiers 2 ans conçus dans l'hexagone cette année, avec le soutien très appuyé de la famille Jeffroy. D'ailleurs, le dernier produit en date d'Hexane, né le 13 mars 2012, est par Sunday Break.

L'ancienne Armorique a donc trouvé son messie en Amérique. Les fils Thomas et Benoît ont lancé leur site internet en début d'année : www.armorica.fr !

 

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