A Rochefort/Loire, on n'est pas des lopettes!

07/08/2009 - Actualités
A priori, c'est un petit champ de course de province comme les autres. Mais il se passe toujours des choses très surprenantes à Rochefort/Loire, au sud d'Angers, en plein milieu des vignobles...

 

 

Pour les gens dotés d'un palet séchant, ou aimant tout simplement la convivialité, 2 pèlerinages sont obligatoires dans l'année: Chinon, où les certains serveurs de la buvette sont de la même couleur que le breuvage qu'ils font couler, et Rochefort/Loire, petite commune de 2000 habitants. Ici, à 20 kms au sud d'Angers dans le Maine-et-Loire, c'est le vin d'Anjou, le blanc, sec ou doux mais toujours frais (ça fait du bien quand il fait chaud...), le Savennières, le Coteaux du Layon et surtout la spécialité du cru, le Quart de Chaume. Ce vin doux propose une production très limitée en quantité, mais les 3 buvettes de l'hippodrome en sont des puits sans fond. Là-bas, la 2e mi-temps des courses commence après l'arrivée de la dernière.

 

L'hippodrome est immanquablement plein comme un verre, tandis que les tribunes ont été
un hiver entièrement submergées par les eaux



Jour de fête


Il y a 4 réunions dans l'année, le 1e et le 3e week-end d'août. Chaque lundi, tous les professionnels les plus réputés, les Pantall, Boisnard et compagnie, s'y rejoignent pour profiter des courses et de la foule en toute simplicité. "Rochefort c'est mythique!" s'exclame un sportman fidèle depuis 30 ans. On en a même vu certains, propriétaires qui avaient réussi un doublé un 7 août 2000, le jour des 25 ans de l'un de la bande, avoir vider le bar à champagne pourtant bien rempli avant coup. Puis, devant affronter la soif face au départ des serveurs, ils ont braqué au pied de biche la camionnette du bar qui avait été laissée sur place. Terrible négligence, bonheur suprême, il y restait des munitions en vin! C'était une course dure.

 

Les coteaux de Rochefort/Loire

 

Métatéro y a couru juste après le Grand Steeple-Chase de Paris


Au niveau sportif, Rochefort/Loire compte quelques faits d'armes étonnants. Ainsi, en août 1981, le héros du Grand Steeple-Chase de Paris, Métatéro, y a fait sa réapparition en haies 1 mois et demi après son exploit parisien. Cette star avait attiré la grande foule. Pour le plaisir, l'entraîneur Henri Bidon avait demandé à son jockey de talonner d'emblée le champion avec sa jument Riverta. La pauvre avait pris en mur en pleine face au bout d'un tour, pendant que Métatéro s'envolait pour gagner de la ligne droite....


La judicieuse réclamation de Stodoun


Plus récemment, en une fin d'après-midi torride de 1999, 3 entraîneurs se sont associés pour mettre un bulletin après une course à réclamers. Gérard Margogne, Joël Boisnard et Yannick Fertillet ont alors acheté pour 7182 € un petit noir maigrichon tout tordu qui n'était que 3e. C'était Stodoun, le futur roi de Cagnes/Mer.

 

Le tout 1e programme de Rochefort/Loire, datant de 1889!



Il y a 120 ans, souvenez-vous...


Rochefort est un très vieil hippodrome. Cette année, pour le jour d'ouverture, le président Frédéric Munet, habituel directeur des opérations de la fédération anjou-maine, fêtait non sans émotion les 120 ans d'existence de la société des courses. En 1889, Rochefort organisait  sur l'hippodrome du marais ses 1e courses de chevaux à partir de 1 heure, suivies de courses de vélocipèdes (bicyclettes et tricycles) avec 20 francs et un panier de vin au vainqueur, puis enfin à la fête du village, des courses de sac, mât de cocagne, bains russes et mangeurs de fil. Toute une époque ! Les conditions de courses de chevaux proposaient des conditions assez hallucinantes. 3 courses de trot monté pour chevaux appartenant aux propriétaires et fermiers du canton de Chalonnes, dont 1 pour 2 ans sur 1500 m. Une course plate pour 1/2 sang avec 50 francs et 25 bouteilles au vainqueur. Une course de haies pour sous officiers et chevaux d'armes avec comme prix au 1e une selle anglaise, au 2e un sabre et au 3e en manche de fouet! Bizarrement, pas de bouteille pour l’armée…

 

Sabre au clair!



Des tribunes englouties sur les eaux


Les pistes sont tracées sur une prairie inondable. C'est à dire qu'avec les crues de la Loire voisines, le gazon est recouvert de plusieurs mètres d'eau l'hiver. On se croirait au Bangladesh. Une année, les tribunes entières ont été englouties ! Mais une fois cet Atlantide mis à flot, le terrain ne sert qu'aux courses et tous les bénévoles ne ménagent pas leur peine pour l'entretien  de la piste au trot et de celle au galop, où des haies mobiles sont installées pour les courses d'obstacle. Cette année, vu la sécheresse, la piste a été arrosée sans discontinuer pendant un mois durant. Résultat: un velours.
 

 

Le président Frédéric Munet (à gauche) et le maire du village encadrent Philippe Peltier et Jacques Ricou
après la victoire de Qocq'Corricco, dont la venue est une fierté pour l'hippodrome

 


La rentrée de Qocq'Corricco


La veille du jour d'ouverture, un des plus grands entraîneurs d'obstacle en France était venu inspecter le terrain, avant d'amener ses 3 chevaux le lendemain, et pas des moindres. En effet, Philippe Peltier a disputé et remporté les 3 courses de galop du dimanche 2 août.

Il a même ouvert le bal avec un champion national: Qocq'Corricco. Associé à Jacques Ricou, il a gagné très facilement en plat pour sa rentrée, lui qui n'avait pas couru depuis son succès dans le Prix Triquerville (listed) le 1e novembre 2008 à Auteuil. " Il a pris beaucoup d'argent à 4 ans et sa saison de 5 ans est difficile. J'ai fait volontairement l'impasse au printemps et je l'ai amené là pour le remettre en condition. Il avait déjà montré beaucoup de qualité en plat à 3 ans, en tant que vainqueur du Prix de l'Avenir et 2e de Questarabad dans le Prix Jacques de Vienne. Maintenant, il va revenir à Auteuil le jour de la rentrée et préparer le Prix Fondeur. Il n'attaquera les gros morceaux sur le steeple qu'à 6 ans."

 

Qocq'Corricco, une vedette d'Auteuil gagne pour sa rentrée à Rochefort/Loire




Le coup de 3 de Philippe Peltier


Sur les haies, Philippe Peltier a aussi gagné de bout en bout avec un AQPS de 4 ans, Royality (Vidéo Rock), un frère de la bonne jument de plat Ortezia élevé par Amédée Choupeault, qui fut longtemps 1e garçon chez Gérard Margogne. "Il est de la famille du bon sauteur Carton Noir. Il avait été 2e pour ses débuts en plat à l'automne dernier en plat et faisait là ses 1e pas en obstacle. Il est encore tendre mais il ira à Auteuil car il a la pointure parisienne." Associé à David Berra, Royality a devancé Robbe, élevé par Jean-François Magnien.

 

Royality, un futur espoir pour Auteuil, s'est imposé de bout en bout.



1e victoire du fils de Guy Denuault, qui n'est pas une lopette


Entre ces 2 victoires, Philippe Peltier avait également gagné dans un registre totalement inhabituel pour lui, une course plate de pur-sang pour gentleman-rider avec le vieux tonton Macleanpaul, 8 ans et 7 victoires en poche. Il a offert là une joie indescriptible à son jeune cavalier, Maxime Denuault, 16 ans, qui a ainsi remporté sa 1e victoire. "C'était seulement sa 2e monte et il s'est très bien débrouillé. Il a 16 ans et vient en stage tous les étés à la maison."

Et Guy était là. Bien sûr, Guytou le magnifique avait du mal à contenir sa fierté, lui qui d'ordinaire s'exprime avec autant d'aisance. Tout réussit à Eliane et Guy Denuault actuellement. Leurs chevaux gagnent tout ce qu'ils veulent et voilà que leur dernier fils s'y met aussi. "On n'est pas des lopettes" répètent souvent le grand Guy, parlant assez fort pour que le canton entier l'entende. Là au moins, c'est sûr et certain. Il est venu sur la photo du vainqueur, content. C'était encore mieux que son cheval, c'était son fils.

 

Macleanpaul avec Philippe Peltier et Maxime Denuault, entourés par la superbe Camille Peltier, bientôt cavalière,
et le non moins magnifique Guy Denuault, le père du jeune gentleman-rider vainqueur.



Camille Peltier bientôt en piste
 

De l'autre côté, la belle Camille arborait aussi un large sourire. Très concernée par l'écurie de son père Philippe Peltier, qui fut un très bon jockey avant sa reconversion, Camille trépigne d'impatience d'endosser à son tour la casaque. "C'est pour elle que je conserve Macleanpaul. C'est un cheval très sympa, parfait pour les amateurs ou les débutants. Camille a sa licence de cavalières et débutera en course avec lui dès qu'elle aura 16 ans en septembre". Il devrait y avoir alors de l'ambiance. Si toute la famille se déplace, plus ses amis sur Facebook, ca va remplir l'hippodrome. Bonne chance à elle en tout cas.

Remerciements au photographe Daniel Palmeri (07 84 76 58 80 - daniel.palmeri@free.fr)
 

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