Une semaine en relief dans le monde des AQPS de plat

23/10/2009 - Actualités
Les AQPS sont nés pour sauter. Ca c'est sûr. Il n'empêche qu'ils savent aussi galoper et que les femelles peuvent ainsi y exprimer leur talent sans risque avant de faire des poulains. Trois courses importantes de ce style ont ainsi eu lieu la semaine dernière, l'occasion du hat trick pour une famille d'éleveurs acharnés.

 

 

C'est sans doute ce qui fait la différence entre l'élevage d'obstacle en France et celui en Irlande. Dans l'hexagone, on fait courir nos futures poulinières et on peut les juger sur pied,  ou plutôt sur sabot, discerner leur comportement, les garder ou s'en séparer sur des bases clairement visibles. Les programmes de femelles AQPS se sont enrichis ces dernières années, que ce soit en plat ou en obstacle. C'est une très bonne chose pour l'élevage mais aussi pour le jeu car il y a souvent beaucoup de partantes dans les courses de femelles. En Irlande au contraire, il n'y a pas de programme spécifique et les femelles sont choisies au pifomètre. C'est comme ça qu'on retrouve dans les catalogues de ventes des poulains d'obstacle dont la qualité de la grand-mère réside dans le fait  qu'elle a été débourrée, et celle de la 4e mère dans celui qu'elle a fait le tour dans un point to point. Ca fait un peu peur...Evidemment, sur le nombre, il y a en des bons, mais il faut avoir un peu de chance pour tomber dessus.

 

Quinine de Mazille, gagnante du Prix Glorieuse




Le destin à rebondissement de Quinine de Mazille


Au contraire, le lot du Prix Glorieuse, course de femelles AQPS très convoitée du programme, a rassemblé des vraies juments de courses, presque toutes âgées de 5 ans, qui disputaient leur 3e saison de compétition. Bref, des chevaux très agréables pour un propriétaire. Même si les espoirs de gains ne sont pas mirifiques, on tape souvent du pied dans les tribunes. Tenante du titre car elle l'avait emporté en 2008 avec Puszta des Mottes, Anne-Marie Poirier, est une permis d'entraîner, épouse de Yann Poirier, le dirigeant du Haras du Chêne. Elle s'est de nouveau imposée avec le même jockey Jérôme Guiheneuf, mais cette fois avec Quinine de Mazille. Si Puszta des Mottes était issue de l'élevage familial, celui de l'écurie des Mottes, Quinine de Mazille appartient à Karine Colson. Certes, elle n'est pas bien belle (la jument!), très signée par son père Network: noire, plate, un peu tordue dans tous les sens dans ses aplombs, l'encolure à l'envers, les oreilles dans le poil. Mais elle a un drôle de feu en elle quand elle est bien.
 

Karine Colson, propriétaire de Quinine de Mazille, avec ses foals 2009

 

 


Une jambe de chaque côté pour voir si elle s'écroule (ou pas)


Installée dans la Nièvre, Karine Colson l'a achetée foal à un voisin, Michel Pannetier, pas du tout pour son esthétique mais pour sa génétique, le mot préféré de son époux Pierre, vétérinaire. En effet, Quinine descend d'une grande souche d'un autre voisin, Yves d'Armaillé. Lorsqu'elle s'est demandée plus tard si l'animal à 2 ans au physique ingrat méritait  d'être travaillée avant d'être saillie, un ami doté un certain sens de la formule lui a répondu que le sens moyen de le savoir était de mettre une jambe de chaque côté et de voir si la bête s'écroulait ou avançait...

 

Le Haras du Chêne, là où a été débourée et où est entraînée Quinine de Mazille




Tout droit dans les sables mouvants


C'est ainsi que Quinine de Mazille est arrivée chez Yann Poirier au Haras du Chêne, ne s'est pas écroulée, puis est partie à l'entraînement chez Eric Lecoiffier à Dragey. Son destin a pris un nouveau détour quand l'entraîneur-cavalier s'est retrouvé en selle sur Quinine, les cheveux tout debout sous le casque, partant droit vers les sables mouvants en direction du Mont-Saint-Michel. Il faut dire qu'elle n'est pas très facile...Alors dans un environnement non encadré, l'affaire peut vite tourner au vinaigre d'autant plus qu'elle est incapable de tourner à main droite. Elle est revenue au Haras du Chêne, réessayée par Anne-Marie Poirier, et montée le matin par un ancien jockey qui colle bien à sa selle sans avoir peur de galoper entre les postérieurs de son leader, le lunaire Olivier Gachot, dit Gach Asmussen...

 

Anne-Marie Poirier, entraîneur de Quinine de Mazille



Sun et Royce des Mottes, 2 soeurs gagnent le même jour à Moulins



Deux jours après la course de Maisons-Laffitte, c'est à Moulins, hippodrome refait à neuf par le Président Roger Winkel, que la caravane des AQPS s'est arrêtée pour 2 courses de prestige. Dans la foulée de leur fils Yann et de leur belle-fille Anne-Marie, ce sont cette fois les parents, Claudie et Joël Poirier, qui ont raflé la double mise pour l'élevage des Mottes. Entraînées dans l’ouest par le fidèle Cyriaque Diard, l'homme à la casquette, et montée par Alexandre Roussel, Royce des Mottes et Sun des Mottes ont remporté chacune dans la plus grande quiétude le Prix d'Estruval et le Prix Florence Charrier. Cette dernière épreuve est née depuis 3 ans avec une forte allocation de 15.000 € à la gagnante, c'est un peu le Prix de Diane AQPS du centre, l'équivalent du Prix des Guilledines. Deux constations : les éleveurs du centre ne sont pas chauvins, ils savent féliciter les vainqueurs même quand ils ne sont pas de chez eux, et le champagne est moins cher qu’à Paris.

 

Sun des Mottes



La jument de base achetée...au hasard



Issues de Maresca Sorrento et Adnaan sont soeurs à un an d'écart. Leur mère Ingrid des Mottes est une AQPS "à l'envers" car née de Useful et d'une souche de plat qui remonte à Annaretta, le 2e achat de jument effectué par Joël Poirier en 1974.  Une acquisition a priori totalement hasardeuse puisque le pari du jour était d'acheter, quel qu’il fut, le gagnant du réclamer...Annaretta n'a jamais recouru mais c'était une femelle. Pour faire de l'élevage, ça tombait bien...Trois décennies plus tard, cette jument de base a donné une cascade de gagnants dans tous les genres, dont un cheval de handicap, Puma des Mottes, un gagnant de listed à 2 ans à Longchamp, Tarzan des Mottes, un vainqueur du Prix Finot, Elie des Mottes, un bon 4 ans d'obstacle, Qosmos des Mottes, et des AQPS comme Puszta, Royce et Sun des Mottes.
 

Royce des Mottes



Faire sauter les femelles ou non


Puszta des Mottes est aujourd'hui pleine de Della Francesca. Royce, lauréate du Prix des Guilledines 2008, et Sun, qui tentera de suivre le chemin de son aînée le 9 novembre à Durtal, n'ont jamais sauté à l'entraînement et ne courront jamais non plus en obstacle, histoire de ne pas risquer l'accident à ces futures poulinières. Ce donne sans doute une image de plat aux "des Mottes", bien qu'ils aient sorti des sauteurs connus dans les AQPS comme Echo des Mottes par exemple, ou d'autres actuellement en Angleterre. Rien n'empêche les femelles de sauteur. Les résultats d'Auteuil le prouvent tous les jours. Mais chez les "des Mottes", c'est comme ça et pas autrement...Donc voilà. (tous les détails de l'élevage sur le site internet www.elevagedesmottes.fr)

 

Joël Poirier, l'éleveur "des Mottes"



Alain Couétil lance des fusées de 3 ans



Retour dans l'ouest, qui est aux AQPS ce que la Hollande est au fromage.  Alain Couétil a frappé assez fort durant le week-end en faisant gagner 2 débutants de 3 ans. Dimanche à Machecoul, Sacoleva a gagné d'emblée devant une autre débutante, Simiska (Poirier-Colson: le même circuit que Quinine de Mazille pour cette petit-nièce d'Ucello II). Toutes les 2 ont refait le champ de course dans la ligne droite. Fille de l'omniprésent Lavirco, Sacoleva a été élevée par Alain Couétil en personne et descend de sa bonne souche d'AQPS qui a donné Ograndy et bien d'autres qui ont tous grandi sous les soins de son frère Jean-Luc Couétil au Haras du Brem dans la Manche. (tous les détails de l'entraînement Couétil sur le site internet alaincouetil.free.fr)
 


Les élèves d'Alain Couétil grandissent chez son frère Jean-Luc, au Haras de Brem

 


Racheté, absent, encore racheté, puis gagnant


Enfin, le lundi à Nantes, son autre pensionnaire Sweet My Lord a fait un "truc" très étonnant. Venu dans le bois au côté du leader Starsky des Mottes, tenu en haute estime par Serge Foucher, Sweet My Lord a complètement dérobé à la sortie du tournant et a gagné quand même, sans que son jockey Thomas Huet ne puisse le solliciter un seul instant...Sweet My Lord ne découvrait pourtant pas le public. Elevé par Roger-Yves Simon au Haras du Saz, il a été inscrit 3 fois aux ventes publiques, sans jamais avoir changé de main! Bilan: 2 fois racheté et 1 fois absent, alors que son modèle lui a pourtant permis de remporter le concours des 2 ans au Show AQPS du Lion d'Angers. Son talent ne lui tombe pas du ciel, puisque c'est un fils de Johann Quatz , étalon très peu prolifique mais efficace, et d'Hasta Manana, fille de Useful qui avait elle-même gagné 13 courses dans toutes les disciplines.

A suivre très prochainement les 2 meilleures courses de 3 ans AQPS dans l'Ouest: Le Prix de l'Avenir à Nantes le 2 novembre, le Prix des Guillédines le 9 novembre à Durtal, avant le Prix de Jacques de Vienne à Saint-Cloud fin novembre.
 

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