Fabrice Chappet, les confidences de l'homme qui marche sur l'eau

Fabrice Chappet, bien installé dans le top français dess entraîneurs (APRH)

La grande forme de l'écurie Fabrice Chappet depuis la reprise des courses n'aura pas échappé à tous les amateurs de courses.  Avec 21 victoires pour 128 partants, le professionnel cantilien est à la 5e place du classement des entraîneurs, et ce avec 15 succès acquis depuis le 11 mai, dont 11 avec 11 trois ans différents ! Dans ce lot, on détache Magic Attitude, gagnante du Vanteaux en 3 foulées pour sa rentrée, San Fabrizio qui a connu tous les malheurs dans le prix de Guiche (Gr.3) , et Gold Trip, qui a validé son ticket pour le Jockey-Club en enlevant le Greffulhe. N'oublions pas les 2 et 3e places de Speak Of The Devil et Mageva dans la Poule d'Essai des Pouliches, et la 4e de Célestin dans celle des poulains. Le futur s'annonce bon pour ce lot: "Magic Attitude va courir le Saint-Alary pour valider son ticket pour le prix de Diane, où Speak Of The Devil et Mageva devraient s'aligner si l'entourage est d'accord. Gold Trip va aller sur le Jockey-Club, tout comme San Fabrizio qui a montré qu’il avait le niveau de la préparatoire. Pisanello devrait aussi y participer, avec une paire d’oeillères ».

Magic Attitude, un gros espoir pour l'écurie Chappet, qui va s'aligner dans le St-Alary (APRH)

 
Le lot de 3 ans de Fabrice Chappet semble d'une grande qualité, très homogène. Pour ce dernier, le confinement a joué dans la balance: " Avec le confinement, on a vraiment pu façonner nos 3 ans de la meilleure des manières. La saison classique démarre très tôt en France, parfois on est un peu obligé de se précipiter avec des chevaux qui ont du potentiel, mais qui auraient aimé profiter d'une préparation plus longue. Ce nouveau programme, même s'il est exceptionnel, nous a permis d'attendre plus quelques chevaux. C'est le cas avec Magic Attitude, qui avait montré une vrai qualité à 2 ans, mais qui a un profil très évolutif, comme beaucoup de Galileo.". En effet, quand un cheval court toutes les 3 semaines, la machine est lancée, mais quand il s'agit de les garder en forme pendant 2 mois sans courses, c'est une autre paire de manches...En cela, le confinement de l'écurie a été réussi ! 

Si 2020 est pour l'instant un très bon cru à l'écurie Chappet, on voit depuis quelques années un vrai changement dans l'effectif du professionnel qui est pourtant installé depuis 1997 à Chantilly ! Le déclic s'est fait en 2017 avec la victoire dans la Poule d'Essai des Pouliches de Précieuse, un 1er classique pour Fabrice Chappet, sous la casaque de Anne Marie Hayes: " Précieuse nous a ouvert beaucoup de portes. Je connaissais les Hayes depuis l'époque où je travaillais pour Robert Collet. Brendan Hayes était le directeur de Kilfrush Stud, où étaient élevés les chevaux de Richard Strauss, comme No Pass No Sale, Last Tycoon...20 ans après, ils m’ont envoyé une première pouliche, c’était Précieuse." Il a fallu 20 ans à Fabrice Chappet pour connaitre sa première victoire classique, une longue période, qui aura été bénéfique: " Le métier d'entraîneur, cela s'apprend aussi avec l'expérience. Ne pas évoluer trop vite a aussi été important. Prendre ses marques avec moins de chevaux, construire une bonne équipe pour s'entourer, ce sont des choses essentielles. J'ai aussi appris à maîtriser la croissance de l’entreprise avec des bases solides, bref, toutes ces années m'ont permis d'arriver là aujourd'hui."

Precieuse, le premier classique de Fabrice Chappet après 20 d'exercice (APRH)

 
Aujourd'hui, l'écurie Chappet compte une centaine de chevaux, avec de gros propriétaires français et étrangers, une vraie différence selon l'entraîneur: " En plat, la qualité intrinsèque du cheval fait quand même beaucoup. En tant qu'entraîneur, on peut faire ce que l'on veut, si nous n'avons pas les bons, c'est plus dur. La qualité des chevaux et le nombre ont évolué de manière significative. On a la chance de recevoir des chevaux bien élevés et beaucoup mieux nés qu'avant, ce qui est un avantage. Il y a aussi un grand nombre de courtiers qui font très bien leur travail , et nous ont amené beaucoup de nos bons éléments. Quand on regarde Magic Attitude, qui est par Galileo et une mère gagnante de Gr.1, évidemment que cela aide. Mais ce n'est pas pour autant que cela fait tout. Mageva, Gold Trip, Speak Of The Devil, n'ont pas été achetés des fortunes, mais bien achetés. Je prend bien-sûr plaisir à aller aux ventes, car avant, lorsque je n'avais pas de tels clients, je les dénichais moi-même. Il n'y a pas de secret, les grandes victoires ouvrent beaucoup de portes. Il y a quelques années, j'avais été tête de liste des entraîneurs dans les Quintés avec un effectif de seulement 30 chevaux, ce qui n'est pas facile. Dans n'importe quel autre pays cela aurait attirer l'oeil, mais en vérité, il faut gagner de grandes courses, c'est tout...Et avec un bon cheval, il est quand même difficile de ne pas en gagner ! "

 
Avec le confinement et le programme modifié, les plans ont pas mal été revus par Fabrice Chappet: " Je n'ai pas encore fait courir de 2 ans car les gazons ont rouvert tardivement à Chantilly. J'emmène tous mes poulains au gazon, même s'ils ne sont pas tous précoces, afin de leur apprendre leur métier gentiment. Je ne me voyais pas tout changer du jour au lendemain, et avancer trop vite sans le gazon. On verra les premiers d'ici peu. On aurait aussi aimer voyager avec Speak Of The Devil. La pouliche va courir le Diane avec un doute sur la distance, mais le prix de Sandringham arrive seulement deux semaines après les Poules d'Essai, et pareil pour les Coronation Stakes à Ascot, où on aurait pu envoyer la pouliche mais pas notre personnel. Ce n'est pas facile mais on s'adapte. Même si je ne comprends pas le fait d'avoir mis le Greffulhe sur 2200m alors que le parcours des 2000m était tout à fait faisable, on a tout de même de la chance d'avoir une piste comme Lyon Parilly, qui est à mes yeux la meilleure piste de province, toujours bien entretenue.  De la même manière, le Grand Prix de Paris en septembre est une très bonne idée, car il se courra sur un terrain normalement meilleur que celui que l'on peut avoir en juillet, souvent trop rapide. Il y a sans doute des enseignements à tirer de ce programme remodelé". 

 
Si rien n'est jamais acquis avec les chevaux, l'important est de savourer le moment présent. Le reste de l’été classique s'annonce riche en émotions pour la team Chappet, repartie pleine bourre après le confinement. Bien installé dans le top des entraîneurs français, Fabrice Chappet est l'illustration de l'adage de La Fontaine: "rien ne sert de courir, il faut partir à point"...pour arriver en tête au poteau ! 

Gold Trip, un autre espoir de l'écurie, gagnant d'un historique prix Greffulhe disputé à Parilly (APRH)