Les dernières mémoires de Dream Well avec Nassalam
Dream Well, un champion avec un destin ! (©twitter)
Il y a des destins d'étalons français qui les emmènent dans des contrées lointaines de la France, lorsque la cote n'est plus là. A l'inverse, Dream Well a commencé au Japon, avant de revenir dans son pays natal, déjà âgé de 10 ans, et de connaître une fin de carrière troublée, étant reconnu, comme beaucoup, quand la fin approche ! Ainsi, élevé au Haras de Fresnay Le Buffard par la famille Niarchos, Dream Well a été un crack, courant pour l'association entre ses éleveurs et Jean-Louis Bouchard. Pascal Bary en a fait le meilleur 3 ans de sa génération, complétant le doublé Jockey Club/Derby d'Irlande sous la selle de Cash Asmussen. Encore à 4 ans, Dream Well a donné de sa personne en se plaçant de plusieurs Gr.1. De grande naissance, étant un fils de Sadler's Wells et frère du gagnant d'Arc Sulamani, il a alors attiré les convoitises japonaises, et est parti débuter au pays du Soleil Levant. Et patatrac !.
Dream Well au Haras de Fresnay Le Buffard
Comme c'est malheureusement arrivé à beaucoup d'européens faisant la monte au Japon, Dream Well n'a pas réussi à s'imposer. En tout et pour tout, il n'y a donné qu'un vrai bon cheval, Admire Monarch, gagnant de Gr.2 et placé de l'Arima Kinen (Gr.1). Le Haras de Fresnay Le Buffard a alors fait le pari de ramener le cheval en France en 2004, où il a sailli près de 80 juments, avant de chuter peu à peu dans le ventre mou des étalons français. Mais à la faveur de ses premiers 3 ans "FR", Dream Well s'est affirmé contre toute attente en obstacle. Etonnant à première vue, mais pas tant que cela au regard de son origine. Il est un fils de Sadler's Wells, qui est un grand chef de race en plat, mais qui a une influence considérable sur le parc obstacle. L'histoire montre que beaucoup d'excellents sauteurs sont l'objet d'un inbreeding sur Sadler's Wells. La liste comprend Footpad, Tiger Roll, Sir Erec, Pentland Hills, ou encore Commander Of Fleet. La France ayant ses propres chefs de race en obstacle, comme Garde Royale et Cadoudal, il est assez normal de constater que la plupart de ces cas ne sont pas des "FR". Sadler's Wells est lui-même le père de Istabraq, l'un des plus fameux sauteurs outre-Manche. Sulamani, le frère de Dream Well, s'est montré à son aise en obstacle, étant le père notamment de la championne invaincue Honeysuckle, gagnante du Mares Hurdle à Cheltenham cette année. Même son père de mère Alleged, qui n'avait à priori rien à faire dans la case des sauteurs, est le grand-père de deux gagnants de Grand National d'Aintree.
Hippomène, crack d'Auteuil par Dream Well, avec Christophe Soumillon et Bartabas (APRH)
Bref, Dream Well avait, en regardant de plus près, de quoi faire des sauteurs. Peut-être même que s'il était rentré étalon de nos jours, il aurait encore eu plus de réussite dans la discipline, car il était déjà âgé de 14 ans lors de son "éclosion". Dream Well nous a donné au final des chevaux comme les gagnants de Gr.1 Hippomène et Champ de Bataille, mais aussi Le Grand Lucé, Irouficar Has, Alary, et plus récemment French Made, Dream Wish et Irja Has. En 2014, à près de 20 ans, Dream Well a fait 61 juments, avant de finir sa carrière avec 35 et 14 juments en 2015 et 2016, sa dernière saison de monte. De cette ultime génération, n'est née qu'une poignée de produits, 5 enregistrés à France Galop. Heureusement, cette fournée semble contenir un crack, qui s'affirme peu à peu en Angleterre sous la férule du bien connu Gary Moore.
Nassalam, l'ultime gloire pour Dream Well ?
Nassalam, élève de Génétique Obstacle (Paul Basquin), reste sur deux succès à Fontwell, cumulant 56 longueurs sur ses deux envolées ! Annoncé comme un crack, il participera lors de sa prochaine sortie à un Gr.1 juste après Noël. Paul Basquin avait acheté la mère Ramina pour 13 000 € pleine de Nassalam, lui qui possédait déjà Had Draa, son frère par Sunday Break, un poulain fragile mais qui avait sûrement de la qualité, ayant débuté 4e de Polirico à Compiègne. Ainsi, Génétique Obstacle est l'éleveur de Nassalam, ce qui n'est pas dans l'habitude de l'entreprise fondée par Paul Basquin. Plus à vocation commerciale, l'affaire a bien tourné avec Nassalam, qui a débuté 2e à Clairefontaine en juin, avant d'être vendu à Gary Moore pour son fidèle propriétaire John Stone par l'intermédiaire de Nicolas Bertran de Balanda. Ayant des chevaux depuis plus de 30 ans, dont le bien connu Baron Alco, John Stone connait de la réussite avec Dream Well, puisqu'il possède aussi Botox Has, un gagnant de bonnes courses et placé de Gr.2. Gary Moore l'entraîne aussi, et le fait monter par son fils Jamie, frère du célèbre Ryan Moore. Jamie Moore a déjà comparé Nassalam à Sire de Grugy, phénoménal champion entrainé par son père. Si la suite est aussi belle, nous aurons l'occasion de vous reparler de Nassalam...et de Dream Well !
