Galop Allier 2010: étalons AQPS ou poids des jockeys, les débats sont ouverts

20/02/2010 - Actualités
L'assemblée de Galop Allier s'est tenue le 19 février à Moulins. Présidée par Bruno Vagne, cette association des éleveurs de chevaux de courses de l'Allier et départements limitrov a ceci de particulier qu'elle marie les Pur-Sang avec les AQPS. L'année 2009 a été faste, avec 6 victoires de Gr.1 et les records battus par le Haras de Saint-Voir.

 

47 victoires en obstacle durant une seule année pour un éleveur. Cela ne s'était jamais vu  dans l'histoire de l'élevage français. Voilà qui a valu une standing ovation pour le patron du Haras de Saint-Voir, Nicolas de Lageneste. Au delà du cheval d'or, récompense à l'éleveur ayant accumulé le plus de prime dans la discipline, c'est ce chiffre de 47 qui le marque le plus, car il souligne non seulement le fait d'avoir un champion (en l'occurrence Rendons Grâce), mais aussi un présence de tous les jours près du poteau d'arrivée. Fils de Vidéo Rock, Rendons Grâce s'est tué à Auteuil. Mais avant cela il aurait eu le profil parfait du futur étalon, s'il avait encore posséder ses attributs.
 

Nicolas de Lageneste, récompensé pour la réussite de son élevage en 2009

 

Pourquoi et comment fabriquer des étalons AQPS ?

Car comme l'a souligné Michel de Gigou, président de l'association nationale des AQPS jusqu'au 2 mars, la race AQPS, qui possède désormais son stud book, n'est pas ou quasiment pas dotée de reproducteurs (exceptions avec Nidor et Kaktoz d’Armor). A terme, c'est évidemment un problème théorique majeur. Est-il nécessaire de fabriquer des étalons, comment les fabriquer ? Michel de Gigou a exposé ses idées: motiver les éleveurs à conserver les chevaux entiers, d'une part en réservant un programme de sélection en plat aux futurs reproducteurs mâles et femelles (hongres exclus), d'autre part créer des épreuves spécialement pour les chevaux entiers à Auteuil. Ce sont des pistes. En tout cas, le débat mérite d'être ouvert longtemps à l'avance car les cycles de création de reproducteurs sont forcément longs. Voilà un joli dossier dont pourra s'occuper le successeur de Michel de Gigou, dont l'identité n'est pas encore officiellement dévoilée, mais qui pourrait bien être un grand éleveur nivernais avec un nom comme d'Armaillé et un prénom comme Hervé. A suivre.

L'association Galop Allier revendique pas moins de 6 victoires de Gr.1 en 2009, un résultat d'autant plus notable que le programme français ne compte que 9 courses de ce niveau. Cette moisson a été récoltée par les cousins Questarabad et Rock Noir, élevés par Jean-François Colas dans le Cher, Punchestowns, lui aussi né dans le Cher chez Gérard Ferté, Rendons Grâce déjà cité et enfin Rêve de Sivola, élevé par Gilles Trapenard. Celui-ci, ainsi que Punchestowns, ont décroché leur titre outre-Manche.

 

Des différences d'âge et de concentration à l'assemblée de Galop Allier




Le bookmaker sait-il ce qu’est une règle ?

Les discours des intervenants ont porté sur des sujets divers mais habituels: l'avenir des Haras Nationaux, dont Michel de Gigou souligne le manque flagrant de clarté, une critique reprise par Bernard Ferrand, président du syndicat des éleveurs. Les 2 présidents sont en revanche opposés sur la confiance à accorder aux futurs candidats bookmakers des suites de l'ouverture des jeux. Ferrand, optimiste, explique que les règles seront respectées. Gigou, méfiant, n'y croit pas, peinant à imaginer l'honnêteté intellectuelle de personnages comme Victor Chandler, venu en personne prendre des enjeux illégaux un jour d'Arc de Triomphe récemment à Longchamp, et reparti les menottes aux poignets. Sans compter qu'il sera difficile de garantir la régularité de courses supports d'enjeux internationaux dans certains pays d'Europe où les allocations ne dépassent pas quelques poignées d'euros, et où l'affaire de jeu sera plus rentable que la victoire pour les acteurs.
 

 

André Quesny, éleveur de l'Allier récompensé

 


Lignières cherche des courses plat, Cluny cherche un président

Plus prosaïquement, Michel Bourgneuf, qui est en charge des hippodromes de la région centre-est, a expliqué que la question se posait sur l'avenir des courses d'obstacles à Châtillon-sur-Chalaronne, des suites de problèmes liés à la qualité du sol faisant fuir les participants. A Cluny en revanche, le parcours d'obstacle est très bien mais il manque juste un Président, ce qui est tout de même fâcheux. Bref, il faut trouver de bonnes âmes pour reprendre les choses en main et faire vivre cet hippodrome. A Lyon Parilly, après la réfection du parcours de haies, c'est le steeple qui va être refait d'ici la fin de l'année. Intégralement reconstruit récemment, Lignières se porte bien, d'autant plus que le public y est toujours nombreux. L'hippodrome aimerait bien monter de catégorie et bénéficier des mannes des courses PMU. Tout porte à penser qu'il le mérite, mais le programme y manque de courses plates pour que l'hippodrome monte en grade. Enfin, à Moulins, à l'automne, tous les parcours d'obstacle se finiront dans un parcours intérieur pour éviter de traverser une piste d'entraînement en sortie de dernier tournant.
 

 

Gilles Trapenard, éleveur de Rêve de Sivola, avec ses poulains

 


Poids des jockeys, le pivot d’un problème global du métier

Membre du conseil du plat à France Galop, Michel Bourgneuf a aussi expliqué que la question sur le bien fondé de relever le poids minimum des jockeys dans les courses de galop avait été posée. Il était surpris que les représentants des entraîneurs y soient opposés. Ces derniers sont pourtant les premiers à passer leur temps à courir après le personnel. Celui-ci fait ainsi cruellement défaut. Il suffit de constater la baisse des effectifs dans les écoles de jockeys, et l'écroulement des effectifs masculins (moins de 25% des candidatures de jeunes) pour comprendre que, comme qui dirait "Y'a un malaise quelque part..." Dès lors, il est logique  de réfléchir aux façons de créer des vocations. Pragmatiquement, il s'agit de rendre le métier plus attractif, de laisser un peu plus de chances aux candidats au rêve, notamment chez les garçons, car le personnel féminin a tendance à disparaître dans la nature passé un certain âge, où après l’enfantement, ce qui est évidemment compréhensible vu le risque physique incombant au fait de monter de tels animaux. Faut-il commencer par être moins sévère sur le poids dans un contexte social où l'être humain grandit ? La sévérité de la sanction infligée à Arnaud Duchêne dernièrement à Pau fait aussi grand bruit au sein des commissaires. Tout cela relève finalement d'une même question générale. De très nombreux jockeys effectuent des tels sacrifices pour faire le poids qu'ils sont amenés à commettre des erreurs illogiques en course, puis à s'alourdir eux-mêmes leurs peines des suites d'explosions de rage ou de dégoût dans la salle des commissaires. Puis à quitter le métier un jour ou l'autre…

 

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