Ginger Mail et Bernard Le Courtois : un pur-sang né auprès des stars du jumping

23/02/2022 - Actualités
Eleveur célèbre dans les chevaux de sport avec l'affixe "Mail", d'où Jaguar Mail et sa soeur Katchina Mail, Bernard Le Courtois est également un "petit éleveur" dans les courses. Impressionnant à Doncaster aujourd'hui pour sa 1ère victoire en haies, son élève Ginger Mail, fils de sa seule poulinière actuelle, laisse quelques espoirs pour l'avenir. Son naisseur nous a raconté son histoire, mais également la sienne, qui sort souvent des sentiers battus. 

Ginger Mail, un "FR" né dans un fameux élevage de chevaux de sport, chez Bernard Le Courtois 

 

Il s'appelle Ginger Mail, et a aujourd'hui enlevé sa première course sur les haies de Doncaster dans le style d'un bon cheval. Si la victoire semble à priori anecdoticque, il n'en est rien. Pour ceux qui ne connaissent rien aux chevaux de sport, un "Mail", c'est l'ordinateur, et puis c'est tout. Mais pour les adeptes, ou juste les curieux, "Mail" est l'affixe d'excellents compétiteurs, notamment les frères et soeurs Jaguar Mail et Katchina Mail, qui ont fait partie de l'élite tout au long de leur carrière et ont poursuivi un glorieux destin au Haras, que ce soit comme étalon ou poulinière. Leur éleveur, Bernard Le Courtois, a transposé ce célèbre affixe "Mail" à ses chevaux de courses, et est donc l'heureux naisseur de Ginger Mail, qui est un produit de sa seule poulinière ! 

 

Bernard Le Courtois, grand éleveur de chevaux de sport qui réussit dans les courses 

 

Bernard Le Courtois est un passionné d'élevage et de croisements, et a acheté en 1986 une propriété en Normandie à Brullemail. C'est aujourd'hui le nom de son haras, d'où l'affixe est tiré. Auparavant, il a été rédacteur en chef de l'Eperon, et syndiqué de fameux étalons de sport comme Alme, un "Northern Dancer" à sa manière, et Laudanum... un pur-sang ! Ce petit alezan vite réformé des courses est devenu une star du saut d'obstacles sous la selle de Pierre Durand, le cavalier de Jappeloup. Bernard Le Courtois explique : " J'ai été l'un des premiers à avoir des étalons pur-sang qui avaient gagné en concours hippique. Je pense qu'il est important d'utiliser un cheval qui a gagné dans la discipline pour laquelle il est destiné à reproduire. Ce fut le cas de Laudanum, mais aussi de Hand In Glove, que j'avais acheté aux Etats-Unis après une courte carrière de course". Fils de Best Turn et frère d'un cheval de groupe nommé Red Attack, Hand In Glove est devenu lui aussi un phénomène... mais en CSO ! Tout cela avant d'être un étalon tête de liste, et père du crack Jaguar Mail. Cheval de très haut niveau, il est devenu l'étalon n°1 en concours complet, et coule toujours des jours heureux à Brullemail après avoir fait le tour du monde au Haras, notamment en Suède. 

 

Le fameux Jaguar Mail, grand cheval de CSO et n°1 des étalons de CCE 

 

Pour la petite histoire, la mère de Jaguar Mail, et donc de sa championne de soeur Katchina Mail, est une fille de... Laudanum ! L'attrait du pur-sang n'est donc pas tombé par hasard sur Bernard Le Courtois. Il nous explique : " Si j'avais été introduit dans le milieu des courses, je me serais sans doute orienté vers le pur-sang. J'ai eu jusqu'à 5 poulinières, et il ne m'en reste aujourd'hui plus qu'une, la mère de Elvis Mail et Ginger Mail. J'ai la souche depuis l'achat de sa 3e mère, So Shy. Je l'avais acquise pleine de River Mist, et cela m'a donné Favilla Mail. A l'entraînement elle montrait des moyens, mais a eu un souci de santé. Je l'ai gardée poulinière, et elle a très bien produit. Queenly Mail est la plus mauvaise de ses filles au papier, mais était très compliquée. Par contre elle ne manquait pas de qualité. Je me suis récemment associé avec Pascal Noue, que je connais depuis longtemps, car il travaillait sur le site des Cruchettes, qui est tout près de Brullemail. Queenly Mail est pleine de Kapgarde". 

 

La gagnante de listed True Love Mail, tante de Ginger Mail (aprh)

 

Cette Queenly Mail est par Medaaly, un étalon dont on n'a pas peur de parler. Premier sire confié au Haras du Logis par Cheikh Mohammed Al Maktoum, il a été de cette vague d'étalons qui font beaucoup de vainqueurs. Queenly Mail est pourtant la seule de sa fratrie qui n'a jamais passé le poteau en tête, au contraire de ses 6 frangins et frangines. La meilleure, True Love Mail, avait remporté le Prix Christian de Tredern (listed) à Auteuil pour Laurent Viel. Queenly Mail a quant à elle transformé son destin au Haras, en produisant d'abord le bon Elvis Mail, placé de groupe en haies qui fait encore l'arrivée. Son entraîneur Nick Alexander est également en charge du petit frère Ginger Mail, qui s'est donc complètement révélé après quelques déconvenues mais aussi une malencontreuse chute, justifiant l'estime que lui porte son mentor. 

 

Le Haras de Brullemail dans l'Orne 

 

S'il a encore un vingtaine de poulinières pour le sport, Bernard Le Courtois ne compte aujourd'hui pour les courses que sur Queenly Mail. Le Haras de Brullemail est une référence en matière de chevaux de sport, mais a une histoire finalement assez anonyme avec les hippodromes, à l'exception de cette souche... qui aurait peu se retrouver en sport : " Avec Favilla Mail, je me suis dit que je pourrais peut-être croiser pour le sport si cela ne donnait pas de résultats en courses. Son grand-père maternel Armos a été un bon étalon pour la discipline. Mais finalement, elle a très bien réussi et tout s'est enchaîné." Né en 2016, son petit-fils Ginger Mail est un fils du champion Sinndar, qui entamait à l'époque de sa conception sa dernière saison de monte aux Aga Khan Studs : " J'adorais Sinndar. C'était un champion en piste, et un cheval qui me faisait rêver ! ". Et bim, le choix du coeur est devenu celui de la raison avec Ginger Mail. 

 

Les oreilles pointées vers l'avenir, Ginger Mail nous donne rendez-vous cette saison en Angleterre !

 

Bernard Le Courtois fait donc partie de ces personnalités des chevaux de sport qui ont réussi leur entrée dans les courses, même s'il n'a plus qu'une poulinière. Si l'activité du Haras de Brullemail reste en quasi totalité le cheval de sport, l'amour du pur-sang est ce qui a permis à Bernard Le Courtois de sortir ses plus grands champions et faire ce qu'il aime : les élever. Bien loin des terrains de concours, mais intimement lié aux plus grands noms du sport hippique, Ginger Mail (et attention, on prononce "Maille", mais ce n'est pas de la moutarde !) pourrait bien permettre à Bernard Le Courtois de vibrer encore un peu avec les courses... C'est bien là tout le mal que l'on peut lui souhaiter. 

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