Soleil, plage et courses : Sébastien Jousselin remporte le Grand Prix de la Martinique

22/03/2022 - Actualités
Point culminant de la saison de course en Martinique, le Grand Prix est revenu cette année à l’ex-Gauvin Jenufa. Cette jument défend l’entraînement de l’ancien jockey et entraîneur métropolitain Sébastien Jousselin. Ce dernier est tombé amoureux des iles et a donc franchit le pas il y a quelques années, en remontant en course avant de s’installer entraîneur en 2020. Il connait une réussite dans une région qui tente de dynamiser sa filière hippique.  

 L'hippodrome Maurice Bruère-Dawson accueillait la réunion du Grand Prix


Ce dimanche s’est disputé le Grand Prix de la société des courses de Martinique, le principal temps fort de la saison dans la Caraïbe française. Avec une allocation totale de 40 000€, cette course est bien évidemment un objectif de longue date dans ces territoires habitués aux faibles gains. Ainsi au départ se présentaient l’élite des courses locales emmenée par l’ancien pensionnaire de Jean-Claude Rouget et d’Edouard Monfort, Roncey. Pris en valeur 47 lors de sa première partie de carrière en métropole, ce fils de Pivotal désormais âgé de 8 ans a remporté 5 de ses 6 courses disputées en Martinique. Cependant, le partenaire de Yoann Barillé a dû s’avouer vaincu dans les derniers mètres par la jument entraîné par Sébastien Jousselin Jenufa, qu’il avait au préalable battue à chaque fois.

 

 Matthias Lauron l'emporte avec Jenufa

  
La fille d’Hunter’s Light a débuté sa carrière chez Henri-Alex Pantall, avant de rejoindre le centre-est et l’écurie de Jean-Pierre Gauvin, pour qui elle va franchir un cap, et voir sa valeur grimper jusqu’en 41. Acquise à l’amiable par Sébastien Jousselin pour le compte d’une association de 3 propriétaires guadeloupéens, Jenufa a effectué la longue traversée de l’Atlantique en fin d’année 2020. Un transport qui est loin d’être une formalité pour les chevaux qui restent sur le bateau durant douze jours pour se rendre du Havre jusqu’au port d’arrivée. Après ce long périple, les chevaux mettent un certain temps à s’acclimater à leur nouvelle vie, et au climat tropical si différent de la France.
 
 
 Jenufa avec Marie Vélon ©APRH
 
 
Dès lors, il faut prendre en compte de nombreux facteurs avant d’acheter un cheval en métropole. Joint par téléphone avec 5 heures de décalage horaire, Sébastien Jousselin nous explique : « De part des connaissances je me suis rapproché de Jean-Pierre Gauvin pour acheter Jenufa. Je cherchais pour mes propriétaires une jument de qualité, capable de remporter le Grand Prix. Jenufa est une formidable jument, capable de courir sur n’importe quelle distance. De plus il faut des chevaux qui soient solides pour courir chez nous, car 80% du temps les terrains sont très légers, ce qui amène beaucoup de soucis de jambes, mais parfois du fait des pluies tropicales les pistes sont très lourdes. ».
 
 
Sébastien Jousselin (à droite) devenu entraîneur à succès dans les iles ©APRH
 
 
Ancien jockey dans l’Ouest de la France, Sébastien Jousselin s’était installé entraîneur durant quelques années, non loin des bureaux de France Sire. Après des vacances en Guadeloupe, Sébastien est tombé amoureux du climat, et a décidé de franchir le pas et de faire sa valise. « J’ai repris ma licence de jockey pendant 5 ans, j’ai d’ailleurs été cravache d’or locale, avant de m’installer entraîneur en fin d’année 2020. Tout s’est bien passé d’entrée de jeu, puisqu’en 2021 j’ai gagné 26 courses » nous explique-t-il. Avec un effectif de 10 chevaux actuellement, Sébastien a fait le choix de s’installer en Guadeloupe, où la qualité de vie est meilleure, mais dispose d’une antenne en Martinique. « Il y a deux réunions de course par mois dans les iles, à chaque fois pour aller d’une ile à l’autre il y a une nuit de bateau. Les chevaux arrivent 5 jours avant et repartent 4 jours après. »
 
 
     La Guadeloupe offre un cadre idyllique ©APRH
 
 
Un des gros points noirs de ces iles demeure le coût de la vie très élevé, et les dépenses relatives à l’entretien des chevaux de courses n’échappent pas à cette règle. « Tout est importé donc forcément les prix sont élevés.  Une balle de copeau va me couter 13 euros, un sac d’aliment Dynavena 32 euros. Les propriétaires locaux n’ont pas des moyens illimités, on ne peut donc pas proposer des prix de pensions trop élevés, ce qui rend la situation compliquée. » En effet contrairement à son riche voisin la Barbade, la Guadeloupe et la Martinique ne bénéficient pas du soutien financier des fortunes locales. Cependant la situation tend à s’améliorer, et Sébastien nous déclare que « en Guadeloupe, la collectivité veut vraiment aider les courses à se développer. Une centaine de boxes vont prochainement sortir de terre, et l’hippodrome actuel de Karukera va être détruit pour en reconstruire un flambant neuf. »
 
 
 L'hippodrome de Karukera va bientôt faire peau neuve
 
 
De plus, l’élevage local tend à se professionnaliser et à prendre une part de plus en plus importante sur le total de chevaux entraînés dans les iles. « Forcement le niveau des chevaux de métropole est supérieur, mais l’écart se resserre. Actuellement tous les 2 ans que j’ai à l’entraînement sont nés et élevés dans les iles. Jenufa a d’ailleurs été choisie dans ce sens, elle est vouée à devenir une poulinière. » L’apport d’étalon comme Mankib, un fils de la championne Natagora, gagnant de Listed en Angleterre, ou de Roncey après sa carrière de course, va continuer de faire augmenter le niveau des chevaux locaux, et  donner une impulsion positive, dans ces iles où le potentiel est bel et bien présent.
 
 
Les tribunes sont pleines le jour des Grand Prix

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