Rencontre avec Olivier Baldauf, la Longe d'Or des hippodromes
26/08/2022 - Actualités
Accoutumé à emmener des gagnants à gogo, Olivier Baldauf dit la "Longe d’Or" est une figure incontournable des hippodromes. Toujours souriant, jamais lassé, il fait son métier de garçon de voyage avec un entrain inégalable … depuis près de 30 ans !
Olivier Baldauf © APRH
Originaire de Moyeuvre-Grande (57) près de Metz, Olivier Baldauf s’est pris de passion pour les chevaux grâce à son cousin Olindo Mongelluzzo, qui fut apprenti chez François Boutin avant de faire carrière en Espagne (ce dernier a notamment remporté le Prix du Cadran en 1987 avec Royal Gait pour l’entraînement de Gerardo Villarta, ndlr). Avant son entrée en 1982 dans le milieu des courses, Olivier n’était jamais monté sur un cheval. C’est chez Élie Lellouche à Lamorlaye que le petit bonhomme fera ses armes, et qu’il passera la grande majorité de sa carrière.

Du temps où il était jockey d'obstacle !
Comme beaucoup de garçons de voyage, Olivier a commencé par être jockey, gagnant une dizaine de courses en plat et en obstacle : « Je suis d’abord resté pendant six ans chez Élie Lellouche, tout en montant en plat. Je voulais monter en obstacle, mais il n’avait pas assez de chevaux pour. Du coup, je suis parti travailler pour d’autres entraîneurs : Jean Dasque, Jean-Claude Rouget, Jean-Paul Gallorini ... J’ai gagné une course en plat pour Jacques Le Dantec, le Grand Prix de Gramat avec Hot Streets. En obstacle, je dois avoir neuf ou dix victoires en province. Quand j’étais chez Jean-Paul Gallorini, je montais tous les matins un cheval compliqué qui s’appelait Lord de St Cyr. Jean-Paul Gallorini l’engage dans le Wild Monarch et dit à son premier garçon de l’époque, Daniel Fougeroux : « Mais qui est-ce que je vais mettre dessus ? ». Ce dernier a suggéré mon nom et je me suis retrouvé sur le cheval, avec lequel j’ai fini troisième à Auteuil. Quelques jours après, je me suis fait une luxation de la hanche à Enghien. Le cheval a recouru avec Laurent de la Rosa à Auteuil, et il est tombé à la deuxième haie. Il a pris une place à réclamer derrière, mais ce n’était plus le même cheval. » Olivier a aussi eu la chance d’être associé à Cyborg, avant que celui-ci ne devienne un champion : « J’ai monté Cyborg dans le Grand Prix des Apprentis à Deauville, le 13 août 1985. Nous n’avons rien fait mais je l’avais bien préparé puisqu’il a gagné lors de sa sortie suivante, avec Philippe Bruneau ! »

Olivier a terminé sa carrière de jockey là où il l’avait commencée, chez Élie Lellouche, auprès duquel il est revenu en 1994 : « J’avais débuté pour lui en plat à Évry et j’ai monté pour la dernière fois pour lui à Auteuil au printemps 1995, avec un cheval du haras de Bernescq qui s’appelait Red Five. » Lassé de monter des chevaux moyens en course, il apprend son futur métier de garçon de voyage avec un certain Vert Amande, gagnant entre autres du Prix Ganay (Gr.1) et troisième de l’Arc sous la casaque d’Enrique Sarasola : « On m’a demandé si je voulais partir avec Vert Amande à Baden-Baden, où il devait courir le Grosser Preis von Baden (Gr.1). Comme j’avais envie de voyager, j’ai accepté, et je l’ai même emmené en Espagne pour sa dernière course. L’année d’après, j’ai été à Hong Kong avec un autre cheval d’Enrique Sarasola, Partipral, et il a gagné le Hong Kong Vase (Gr.1). C’est mon meilleur souvenir de voyage ! Quinze ans plus tard, je suis retourné là-bas avec Planteur, qui a terminé cinquième de la Hong Kong Cup (Gr.1). Au début, j’étais le deuxième garçon de voyage de l’écurie, puis j’ai pris la place de mon chef lors de son départ, en 2010. J’ai aussi été à Newmarket, ainsi qu’à Ascot avec Ectot et Planteur. Chez Élie Lellouche, j’ai également eu la chance de côtoyer Helissio, que j’ai galopé pour la première fois sur le gazon, ou encore Westerner. »

Olivier au côté d’Ectot, monté par Grégory Benoist et entraîné par Élie Lellouche, après sa victoire dans le Critérium du Fonds Européen de l’Élevage (L.) © APRH
Olivier a quelques souvenirs assez cocasses de son métier : « La première fois que j’ai été à Hong Kong, j’ai voyagé dans un avion où se déroulait un mariage. J’étais avec Yves Talamo et les chevaux à l’arrière, et on a été invités au mariage ! On a bu des coups ensemble, les gens voulaient voir les chevaux : du coup, on les avait emmenés à l’arrière… Une autre fois, je devais amener Board Meeting sur l’hippodrome de Chantilly pour courir le Prix de Diane, mais il y avait une file de voitures interminable devant nous : je me suis dit qu’on n’allait jamais arriver à l’heure pour la course. Les gendarmes passent à côté de moi, et je les arrête pour leur dire qu’on court le Diane. Ils m’ont dit : « Suivez-nous », et on a doublé tout le monde jusqu’au champ de courses ! »

Olivier, Anthony Crastus et Élie Lellouche prenant la pose autour de Board Meeting, après son succès dans le Prix de Psyché (Gr.3) © APRH
Olivier a passé 30 années au total au service d’Élie Lellouche, jusqu’à ce que l’entraîneur cesse son activité en 2017. L’année suivante, il est devenu garçon de voyage indépendant : « Quand Élie Lellouche a arrêté d’entraîner, on ne m’a pas proposé de bonne place. J’étais cadre chez lui, et c’est très difficile de retrouver un tel statut de nos jours. Mais je voulais toujours aller aux courses, et j’ai donc décidé de m’installer à mon compte. La Chambre d’agriculture ne connaissait pas mon activité, donc ça a été compliqué à mettre en place. Désormais, il y a d’autres personnes qui commencent à vouloir faire la même chose. En obstacle, c’est pour Guillaume Macaire et Hector de Lageneste que je travaille le plus. J’ai emmené des champions comme Sel Jem, Galléo Conti, Goliath du Berlais, Feu Follet… Mais en plat, je n’ai pas de client principal. Je travaille avec les "petits" comme avec les "grands" ; soit je pars avec le cheval que je dois mener, soit je le récupère directement sur l’hippodrome. Je suis rarement chez moi, mais ça me plaît toujours d’aller aux courses ! » Un rythme effréné au quotidien pour la "Longe d’Or", qui n’a cependant pas l’air pressé de lever le pied !

Olivier et Sel Jem, après sa victoire dans le Prix Troytown (Gr.3) © APRH