Flightline, le crack que l'Amérique attendait

04/09/2022 - Actualités
Hier soir, l’invaincu Flightline a réalisé une performance hors du commun à Del Mar dans le Pacific Classic (Gr.1), qu’il a remporté par presque 20 longueurs ! Retour sur l’itinéraire atypique du meilleur cheval de l’Amérique, voire du monde.

Flightline monté par son fidèle Flavien Prat, lors de leur démonstration dans le Pacific Classic (Gr.1)

Époustouflant, phénoménal, sidérant … Aucun adjectif ne semble assez fort pour qualifier la prestation de Flightline (Tapit) dans le Pacific Classic ! Ce dernier passait un test sur 2.000m à Del Mar, lui qui n’avait jamais dépassé le mile, mais le pensionnaire de John Sadler a levé les doutes en signant la victoire la plus impressionnante de sa carrière. Parti à l’extérieur sous la selle de Flavien Prat, le futur lauréat est rapidement venu aux avant-postes en compagnie d’Extra Hope (Shangaï Bobby), avant de fausser compagnie à ses cinq rivaux au bout de la ligne opposée. Il a abordé le dernier tournant avec dix longueurs d’avance sur le peloton, un écart qu’il a creusé sans effort dans la phase finale ! La deuxième place est revenue presque 20 longueurs plus loin à Country Grammer (Tonalist), qui n’est autre que le dernier lauréat de la Dubaï World Cup (Gr.1). C’est de loin le plus gros écart jamais enregistré dans l’histoire de l’épreuve : on retrouve en deuxième position Accelerate (Lookin at Lucky) - entraîné lui aussi par John Sadler -, qui avait gagné l’édition 2018 par 12,5 longueurs devant Pavel (Creative Cause).
 
 
À l’image de Baaeed (Sea the Stars), invaincu lui aussi, Flightline n’a pas couru à 2 ans. Victime d’un léger accident qui lui a laissé une cicatrice sur l’arrière-train, il n’a débuté qu’au mois d’avril de ses 3 ans dans un maiden sur 1.200 m, à Santa Anita. Ce jour-là, le futur crack avait annoncé la couleur en s’imposant par 13,5 longueurs, une véritable promenade de santé ! Revu cinq mois plus tard à Del Mar, il avait triomphé avec autant de marge dans une allowance race. Rallongé sur 1.400 m au mois de décembre, dans les Malibu Stakes (Gr.1), Flightline avait remporté son premier Groupe haut la main en ralliant le poteau avec 11,5 longueurs d’avance sur son plus proche poursuivant. Une démonstration qu’il a réitérée six mois après dans le Metropolitan Handicap (Gr.1) à Belmont Park, pour son premier essai sur le mile … puis hier soir, sur l’hippodrome de Del Mar. Cinq courses pour cinq victoires, par presque 63 longueurs cumulées, voilà qui en dit long sur le potentiel du cheval. Flightline a accumulé les petits soucis en se blessant au pied, puis au jarret, raison pour laquelle il a si peu couru. Mais quand on le voit courir, on se dit que ça valait le coup d’attendre !
 
Avec Flightline, il y a toujours deux courses en une : la sienne, et celle des autres ...
 
En s’imposant dans le Pacific Classic, Flighline a gagné son ticket pour la Breeders’ Cup Classic (Gr.1), qui aura lieu le 5 novembre prochain à Keeneland. Le cheval ne sera pas revu d’ici là, comme l’a déclaré John Sadler. Et le plus excitant dans tout ça, c’est qu’il pourrait bien être conservé à l’entraînement l’année prochaine : « Flightline sera revu directement dans la Breeders’ Cup, et nous parlerons de la suite après cela. Je crois que ses propriétaires ne sont pas contre l’idée de le faire courir à 5 ans, car il est si spécial. Donc, si vous lisez des articles qui racontent qu’il va partir au haras, n’y croyez pas. Nous ne pouvons vraiment pas prendre une telle décision maintenant, nous avons tout le temps pour ça. »
 
John Sadler au côté de Flightline © Zoe Cadman
 
Hier encore, Flightline était deuxième au classement Longines des meilleurs chevaux au monde avec un rating de 127, juste derrière Baaeed (128). Un classement qui n’a cependant pas été révisé depuis la victoire de ce dernier dans les International Stakes (Gr.1), le 17 août, mais cette nouvelle démonstration de Flightline pourrait bien le propulser tout en haut de l’échelle. Selon de nombreux connaisseurs américains, une telle performance sur le dirt n’avait pas été vue depuis la victoire du crack Secretariat (Bold Ruler) par 31 longueurs dans les Belmont Stakes (Gr.1), en 1973 !
 
Secretariat, un cheval de légende © Neil Leifer/Sports Illustrated
 
Flightline a été élevé par Jane Lyon (Summer Wind Equine), qui avait acheté sa mère, Feathered (Indian Charlie), pour 2,35 millions de dollars en novembre 2016 à Keeneland. La poulinière, qui était alors pleine pour la première fois de War Front (Danzig), avait montré un grand potentiel en piste en se plaçant trois fois au niveau Gr.1 à 2 ans ; une qualité qu’elle avait confirmée à 3 ans en triomphant aisément dans les Edgewood Stakes (Gr.3) à Churchill Downs, avant de conclure proche deuxième des American Oaks (Gr.1). Son premier produit, une femelle nommée Good on Paper (War Front), n’a pas montré la même qualité en se contentant de gagner un maiden à 3 ans.
 
Feathered lors de sa victoire dans les Edgewood Stakes (Gr.3), à Churchill Downs © Barbara Livingston
 
Le deuxième produit est donc le phénoménal Flightline, qui a été vendu yearling pour un million de dollars à la vente de Fasig-Tipton. Jane Lyon a conservé une part du poulain en s’associant avec Kosta et Pete Hronis de Hronis Racing, Anthony Manganaro de Siena Farm, Terry Finley de West Point Thoroughbreds, et Bill Farish de Woodford Racing. Feathered a un 2 ans nommé Olivier (Tapit) qui n’a pas encore débuté, un yearling par Curlin (Smart Strike) qui passera en vente à Keeneland, et une foal par Into Mischief (Harlan’s Holiday). Elle a logiquement été resaillie par Tapit (Pulpit) cette année, mais ce n’est pas demain la veille qu’on verra un autre Flightline … 

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