Dubai Mile, un vrai dur comme son père Roaring Lion

Roaring Lion, un grand crack mort trop jeune qui laisse une trace au Haras

Acheté yearling à Keeneland, Roaring Lion a été un cheval de course exceptionnel sous la casaque de Qatar Racing, qui a marqué les esprits d'une génération. Invaincu lors de ses 3 premières sorties, puis battu d'une encolure par son grand rival Saxon Warrior dans le Racing Post Trophy (Gr.1), il a ensuite été le meilleur 3 ans de sa génération. Placé du Derby, gagnant des Eclipse Stakes, des International Stakes et des Irish Champion Stakes, il a réussit l'exploit de revenir sur le mile en fin d'année pour gagner les QEII lors du Champions Day à Ascot. 3 de ses Grs.1 ont été remportés d'une encolure, non pas parce qu'il était limite en classe, mais parce qu'il se battait contre des cracks et avait une volonté hors-norme pour combattre et mettre la tête où il fallait aux abords du poteau. C'était un vrai dur à cuire ! 

Roaring Lion face à son grand rival Saxon Warrior à l'occasion des Irish Champion Stakes 

A son entrée au Haras à Tweenhills Farm, au tarif de 40 000 £, ce chouchou des fans de course a beaucoup sailli en première saison avant de partir dans l'hémisphère Sud. Le meilleur cheval de l'année 2018 a alors connu une fin tragique, touché par des crises de coliques dès sa sortie de quarantaine. Après avoir survécu quasi-miraculeusement à deux opérations très rapprochées, ce qui montrait une nouvelle fois son mental d'acier, une 3e a eu raison de lui. Il n'y aura donc eu qu'une seule et unique génération produite par Roaring Lion... et on en a eu pour notre argent. 

Le bel alezan Dubai Mile, dur comme son père pour arracher le Critérium de Saint-Cloud (aprh)

Âgée de 2 ans, la seule "fournée" de Roaring Lion avait déjà sorti plusieurs bons vainqueurs de l'autre côté de la Manche, mais arrive à son apogée sur notre sol avec la victoire de Dubai Mile dans le Critérium de Saint-Cloud (Gr.1). Ce puissant poulain alezan est un cas d'école à la Mark Johnston, c'est à dire un cheval qui ne dit jamais non. Il tient aussi ce trait de son père Roaring Lion, avec qui il partage quelques similitudes. Comme lui, il a gagné son "Novice" à Kempton avant de courir les Royal Lodge Stakes (Gr.2), où il a été battu du minimum, là où son père avait vaincu... du minimum ! Samedi à Saint-Cloud, Dubai Mile a repoussé tout au long de la ligne droite les attaques d' Arrest, un fils de Frankel qui était invaincu pour l'équipe Gosden. Comme Roaring Lion, il a mis son coeur sur la piste pour garder le plus court des avantages. 

Dubai Mile avec son propriétaire Ahmad Al Shaikh, son jockey Daniel Muscutt, et son entraîneur Mark Johnston (aprh)

Elevé par Skymarc Farm (Lady O'Reilly), Dubai Mile est extrêmement bien né, puisque sa mère avait été battu de peu dans les Pretty Polly Stakes (Gr.1), ayant produit plusieurs black-types, et descend de la fameuse Miss Tahiti, à l'origine de Miss France. Malgré tout, Dubai Mile n'avait été acheté que 22 000 € par Mark Johnston, spécialiste des bonnes affaires, qui a signé le bon pour Ahmad Al Shaikh. Ce propriétaire qui ne cherche que des chevaux de tenue remporte ici son 1er Gr.1. Son rêve est de gagner le Derby d'Epsom, dont il a terminé 2e cette année avec Hoo Ya Mal avant de le vendre une fortune à des intérêts australiens. Dubai Mile était d'ailleurs inscrit à la vente d'automne de Tattersalls réservée aux chevaux à l'entraînement, mais va finalement être conservé pour courir les belles épreuves l'an prochain. 

Roaring Lion aura donc réussi l'exploit de sortir un gagnant de Gr.1 à 2 ans avec son unique génération, qui renferme peut-être d'autres talents pour viser les belles épreuves en 2023. Cette histoire n'est pas sans rappeler celle du champion international Dubai Millenium, qui lui aussi n'avait eu le temps de produire qu'une seule génération avant de mourir d'une maladie neurologique en pleine saison de monte. Cette unique génération contenait un champion nommé Dubawi, devenu comme vous le savez un étalon extraordinaire, en passe de remporter son premier titre de "Champion Sire" en Irlande et Angleterre. Un destin de vrai guerrier qui espérons-le sera celui de Roaring Lion, qui mérite que son nom ne soit pas oublié de si tôt. 

Roaring Lion