Tribune libre de Thierry Ravier : " nous devons à tout prix harmoniser les programmes de courses"

22/11/2022 - Actualités
Président délégué des Propriétaires au Galop, le lyonnais Thierry Ravier propose son analyse suite à la réunion extraordinaire du Conseil du Plat de France Galop qu'il a lui-même provoquée le 10 novembre. Le thème est évidemment la réduction du nombre de courses, et l'harmonisation nécessaire d'un programme qui reste par nature très complexe.
Thierry Ravier

 
 
THIERRY RAVIER : « NOUS DEVONS À TOUT PRIX HARMONISER LE PROGRAMME DES COURSES »
 
La gestion du programme et des hippodromes figure parmi les dossiers à la fois les plus sensibles et les plus complexes à manœuvrer pour France Galop. Si nous sommes honnêtes, nous ne pouvons qu’en convenir. Car ce qui fait la richesse de notre sport c’est bien la diversité et la multiplicité de nos champs de courses. Ce qui fait la richesse de notre sport face à tous les autres, c’est la complexité de son programme.
 
Rien n’est simple donc, dans les courses. On le voit à chaque décision prise par France Galop, on le voit, nous aussi, au sein même de nos associations.
 
C’est justement pour cette raison que nous devons continuer de travailler ensemble ; plus que jamais et qui plus est lorsqu’il s’agit du programme et de la répartition des courses sur le territoire.
 
Le 10 novembre dernier, j’ai demandé la tenue d'un Conseil du plat extraordinaire à la suite de l’annonce de France Galop de réduire le nombre de courses en 2023. Autour de la table, les échanges ont été riches et constructifs, et ce qui en est ressorti est le résultat de nos analyses, les conclusions de notre expérience sur le terrain, des avis et prises de position ayant pour unique but de veiller à la bonne considération de l’ensemble des éléments constituant ce dossier ô combien épineux et décisif pour l’avenir de la filière.
 
Il y a une dizaine d’années, alors que les indicateurs étaient très différents de ceux d’aujourd’hui, nous avons créé beaucoup de courses, partout en France. Désormais, nous ne pouvons que constater la baisse des effectifs dans les écuries et donc la nécessité de réduire la voilure. Moins de chevaux, moins de courses : c’est inéluctable.
Les courses PMH sont évidemment largement concernées par la suppression. Il faut être clair et pragmatique : elles coûtent cher à l’Institution lorsqu’elles réunissent – et c’est trop fréquent – seulement 5 à 7 partants.
 
 
 
 
Dans cette mesure de réduction du nombre de courses, l’un des problèmes qui subsistent, par exemple, c’est la suppression de l’obstacle à Nîmes, car si nous en décidons ainsi, nous nous priverons du dernier hippodrome d’obstacle dans la région du Sud-Est. Sans compter qu’à cette question s’ajoute celle concernant le risque réel de voir l’hippodrome de Divonne-les-Bains fermer tout bonnement ses portes…
 
De manière plus générale, il y a dans cette mesure de suppression de courses un élément à mon sens primordial à prendre en considération : la cohérence du message envoyé aux municipalités qui soutiennent, via leurs subventions, les sociétés de courses. Les collectivités territoriales participent à l’entretien et la rénovation de nos hippodromes, et à la réfection de nos pistes en particulier. En supprimant trop de courses l’année suivant des travaux et investissements réalisés par la ville, nous nous plaçons dans une posture délicate face aux pouvoirs publics. Nous devons donc étudier chaque suppression au cas par cas, en fonction des partants, des profils de pistes, du contexte économique et politique, des économies réalisées, de la rentabilité de chaque suppression.
 
Dans ce dossier, France Galop a assuré que les allocations économisées grâce aux suppressions seront conservées dans l’enveloppe destinée aux encouragements et cela doit en effet impérativement être le cas, tout simplement parce qu’il doit exister la possibilité de rajouter des courses si besoin dans le futur. Cependant, il serait raisonnablement plus juste de voir les économies être conservées dans les enveloppes de chaque région afin d’éviter un effet d’appauvrissement extrêmement nuisible aux hippodromes déjà sujets aux suppressions de courses, sans compter qu’à ce jour, il manque encore une visibilité sur les économies engendrées et la rentabilité de la mesure.
La variable d’ajustement du nombre de courses s’entendra en fonction des effectifs, mais pas seulement. Ce critère devra nécessairement coexister au sein d’une stratégie plus globale de développement et d’occupation des territoires, en particulier dans les bassins d’emploi et d’économie autour des grandes villes de France.
 
Mais pour revenir à ce qui nous occupe dans l’immédiat, notre programme tel qu’il a été pensé et revu en fonction des périodes de notre histoire manque aujourd’hui d’harmonisation. La suppression de courses devra donc être parfaitement orchestrée en région comme au niveau national.

Ce dimanche 20 novembre, par exemple, il y a eu six réunions avec obstacle pour un total de 30 courses, dont deux 100% obstacle à Lyon et Argentan, ainsi que plusieurs courses à Nîmes. Ces deux hippodromes étant proches, il y a de la cannibalisation d’un site à l’autre. La concurrence malsaine entre les hippodromes doit à tout prix être évitée, car à chaque fois, c’est un manque à gagner et une perte financière conséquents pour toute la filière.
 
L’harmonisation du programme est également primordiale au niveau national pour permettre notamment aux entourages de débuter leurs chevaux dans leur région. Limiter les déplacements est un enjeu majeur et transversal de notre sport : le bien-être équin, le souci de l’environnement, la fidélisation et le recrutement du personnel, l’économie des frais de déplacement, le plaisir des propriétaires d’aller voir leurs chevaux courir à des horaires décents…
 
C’est pour cela que toutes les composantes qui font le programme de courses aujourd’hui, ainsi que leurs impacts négatifs et positifs, doivent impérativement être prises en compte, sans exception, avec justesse, rigueur et bon sens.
 
Thierry Ravier,
Membre du Conseil du Plat à France Galop
Président délégué des Propriétaires au Galop
Président de l’Association des Propriétaires du Centre-Est
Président du Centre d’entraînement de Chazey-sur-Ain

 

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