Auguste Rodin s'adjuge l'Irish Derby, le 100e Classique du génie Aidan O'Brien

En trente ans d’exercice seulement, l’irlandais Aidan O’Brien est en train de se forger l’un des (si ce n’est le) plus beaux palmarès de l’histoire des courses mondiales. Jockey amateur dans sa jeunesse, Aidan passe rapidement  de l’autre coté de la barrière au début des années 90. A 23 ans seulement. Il reprend l’effectif de Joe Crowley, le père de sa femme Anne-Marie. Dès la première saison le couple va devenir tête de liste des entraîneurs d’obstacle, et le conserver durant 5 saisons consécutives. Ce jeune irlandais d’une vingtaine d’année sort déjà de l’ordinaire, et attire l’attention d’un certain John Magnier, big boss de Coolmore.

 

 
 

 

 

En 1996, Aidan va prendre le relais d’un monstre sacré à la tête de la superpuissance irlandaise : Vincent O’Brien. S’ils portent le même nom, ces deux professionnels n’ont aucun lien familial. Si l’opportunité est énorme, la pression l’est encore plus pour le jeune entraîneur. Mais comme à Kilian M’Bappé, à Aidan « on ne lui parle pas d’âge ! ». Dans tous les domaines, que ce soit dans l’art, dans le sport, la science, les hommes et femmes d’élite se nourrissent des challenges. En plat comme en obstacle, Aidan O’Brien réussit tout ce qu’il fait. Dès sa deuxième saison à Ballydoyle, l’irlandais remporte grâce à Desert King les 2000 Guinées irlandaises, son tout premier Classique.

 

 

 Les Guinées de Desert King, le premier des 100 Classiques de l'irlandais

 

 

Vingt-six ans plus tard, Aidan O’Brien a remporté une quantité pharaonique de Gr.1, aux quatre coins de la planète. Il y a quelques semaines Auguste Rodin s’adjugeait la plus célèbre course du monde, le Derby d’Epsom, offrant ainsi un 99^e Classique à son mentor. Ce dimanche, le charismatique fils de Deep Impact était proposé à la cote 1,3/1 pour réaliser le doublé des Derby anglais et irlandais. Pour beaucoup d’observateurs, la 100^e couronne classique allait être une simple formalité à obtenir.
 

 

 Aidan O'Brien en compagnie de Ryan Moore, et des boss de Coolmore (de gauche à droite) : Michael Tabor, John Magnier er Derrick Smith

 

 

La première partie de course se passe comme dans un rêve, Auguste Rodin voyageant en première classe dans le dos de ses leaders. Soudain, à la fin du dernier tournant, l’animateur San Antonio se fracture malheureusement un antérieur, percutant ainsi Auguste Rodin. Malgré cette énorme frayeur, le poulain a su se ressaisir, et l’emporter finalement. Un 100^e Classique européen au goût doux-amer pour Aidan O’Brien qui signe un retentissant quarté vainqueur, mais qui déplorera la perte d’un de ses protégés. Une situation qui rappelle celle vécue par Guillaume Macaire en 2016, dans le Grand Steeple-Chase de Paris, avec le succès de So French, mais la perte d’As d’Estruval.

 

 

 

 

Si, dans le sport, les records sont faits pour être battus, année après année, Aidan O’Brien ne cesse de mettre la barre encore un peu plus haut. Ce nombre de 100 succès au niveau classique prend encore plus de relief quand on sait que le 2^e plus titré John Scott s’était arrêté à 40, entre 1827 et 1863. Le plus effrayant pour ses concurrents reste de savoir qu’Aidan O’Brien n’est âgé que de 53 ans ! Si on ne sait pas de quoi l’avenir est fait, une chose est sûre c’est qu’il va falloir se lever tôt, très tôt pour venir battre les incroyables records du génie irlandais.