Mais que fait courir les Princes ?

23/10/2010 - Actualités
Invention de journalistes ? Remplissage de fin de saison quand les grands rendez-vous nationaux ne sont plus que des souvenirs et font place aux joutes internationales de fin d’année ? Ou réelle compétition dans la compétition ? Les Princes Aga Khan et Abdullah se livrent un match acharné pour le titre honorifique de meilleur propriétaire de l’année en France. Utile ou futile ? Glorieux ou ridicule ?

 

Ca se joue souvent à quelques milliers d’euros, parfois à des dizaines de milliers, rarement plus. Depuis de nombreuses saisons, le titre de propriétaire numéro 1 en France est disputé entre cinq acteurs principaux : l’écurie Wildenstein, Cheik Mohamed Al Maktoum, les frères Wertheimer et les Princes Aga Khan et Abdullah, ces deux derniers occupant le haut du hit-parade avec une régularité extrême.

 

2006         S.A. Aga Khan                  2.491.920 euros          1er
                   K. Abdullah                      1.911.582 euros           2è

2007          K. Abdullah                      3.125.530 euros          1er
                  S.A. Aga Khan                  2.833.160 euros           2è

2008          S.A. Aga Khan                 2.399.975 euros           1er
                   K. Abdullah                       2.253.375 euros           2è

2009          S.A. Aga Khan                 2.979.535 euros           1er
                   K. Abdullah                      2.021.800 euros            3è

 

 

Prince Aga Khan


 


En 2010, le chassé-croisé en tête du classement est presque quotidien. Si le Prince…Aga Khan tient la corde pour le moment, l’écart est mimine sur le Prince… Abdullah. Il est en revanche important de noter que les deux protagonistes ont d’ores et déjà explosé leurs records respectifs, avec plus de 4 millions d’euros pour les deux casaques ! Merci le Prix de l’Arc de Triomphe et son allocation dantesque pour le Khalid Abdullah Workforce.
 

 

Le Prince Abdullah


Résultat purement comptable de la somme des allocations reçues par l’ensemble des partants des propriétaires de chevaux ayant couru en France, ce titre de « meilleur propriétaire » donne droit à un trophée remis lors du Gala des courses en Août à Deauville. Rarement, les Princes viennent recevoir en mains propres ledit trophée. Sa valeur pécuniaire conviendrait parfaitement au commun des mortels inquiet de son âge de départ à la retraite, mais, par définition, quand on naît Prince, on n’est (ou naît) pas comme tout le monde. On peut donc affirmer, sans crainte de se tromper, qu’il ne faut pas chercher dans cet attrape-poussière quelque motivation que ce soit. Car motivation pour le titre, il y a, comme le confirmait cette semaine au micro d’Equidia Jean-Claude Rouget : «les entraîneurs du Prince (Aga Khan dans son cas) sont invités à engager les chevaux qui pourraient permettre à la casaque de finir première du challenge ». Quelle belle formule ! Luis Fernandez aurait lui traduit dans un vestiaire de foot : « Vous allez vous bouger le c.., qu’on la décroche cette p… de Coupe de France ! ». A chacun son langage.

 

Georges Rimaud reçoit le trophée au nom du Prince Aga Khan lors du Gala des Courses.

 


Mais à quoi bon ? Que représente un tel titre au regard du succès de Sarafina dans le Prix de Diane ou de celui de Special Duty dans la Poule d’Essai des Pouliches? Toutes deux, issues des propres élevages des deux propriétaires, renforcent le standing de leurs familles et sont destinées un jour, elles aussi, à procréer, fortes de compétences exceptionnelles de coursières. Réponse donc ? Rien.
Le but serait donc peut-être commercial ? Il serait de bon ton d’afficher sur une plaquette publicitaire ou sur un carte de voeux l’étiquette : « Propriétaire numéro 1 en 2010 en France ». Mais pour séduire ou convaincre qui, quand vous possédez dans vos haras des cracks de l’ampleur de Dalakhani et Zarkava ou la famille d’Hasili et Oasis Dream ? Réponse : personne.
Faut-il croire qu’il s’agit d’un combat entre égos surdimensionnés ? Un match en cinq sets sur le terrain de la fierté et de l’orgueil ? Peut-être. Ou pas. Certainement pas d’ailleurs. Les deux Princes sont deux hommes d’une très grande classe. Le chef des ismaéliens, toujours très humble face aux triomphes de ses élèves, salue Dame Nature des êtres exceptionnels qui lui sont donnés de voir et posséder. Le Prince Abdullah est lui qualifié, par tous, d’homme discret et élégant, allergique semble-t-il à toute démonstration ostentatoire de bonheur ou de plaisir. Réponse donc ? Non.
Revenons à la question initiale : que fait courir les Princes alors ? Et bien, sans doute, la course elle-même. Justement une sorte de course supplémentaire. La soif de succès aussi. Il faut gagner. Tout simplement, gagner ce qu’il est donné de gagner. Comme un moteur qui fait avancer, progresser, exceller. Gagner comme une deuxième nature et dont les fruits se ramassent à la pelle quand les autres s’inquiètent des feuilles. Gagner car il le faut. Les résultats le prouvent : cette course à la victoire permet de gagner plus tard sur tous les fronts : élevage, courses, commerce. CQFD.
La culture de la gagne, pour crier victoire même dans une course mineure comme celle d’un titre honorifique.

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