Equidia voit double...mais pourquoi au fait?

02/07/2011 - Actualités
Le 13 septembre prochain, Equidia disparaîtra au profit de deux chaînes : Equidia Life et Equidia Live. Cette naissance de jumeaux médiatiques est un événement considérable dans le paysage audiovisuel en général et encore plus important quand on le replace dans le (seul) cadre du monde hippique ! Il s’agit d’une grande avancée mais aussi d’un pari important et peut-être risqué. Décryptage.

 

Les deux signaux

Equidia a intelligemment choisi la naissance d’un poulain pour symboliser et illustrer la grande nouvelle : les arrivées d’Equidia Life et d’Equidia Live. Deux jumeaux issus de la même mère : la chaîne Equidia. Se ressemblant comme deux gouttes jusque dans leurs noms, Equidia Live et Equidia Life sont destinées à satisfaire deux publics différents. Devant la multiplication de l’offre hippique, la chaîne se devait d’offrir une alternative équestre : une vraie chaîne généraliste du cheval (Life).

 

 


Equidia Live s’assume (enfin) comme la chaîne des courses. Des courses, des courses et encore des courses. Les nouveautés notables s’ont l’arrivée de deux émissions de pronostics et le renforcement de la tranche matinale entre 7h et midi. L’information et le direct (Live) sont les deux grands moteurs d’une chaîne destinée aux parieurs en direct qu’ils soient chez eux ou dans les       9 000 points de vente du PMU, c’est-à-dire ceux qui financent presqu’en totalité la, ou plutôt maintenant les chaînes. 500 000 personnes en moyenne regardent le direct des courses quotidiennement.
Equidia Life devient la chaîne du cheval : une chaîne sportive généraliste du cheval. Créée pour palier la croissante frustration des amateurs de sports équestres (700 000 licenciés et 2 millions de cavaliers et cavalières), la chaîne diffusera dès que possible des compétitions sportives en direct : jumpings et concours complets principalement. Si aucune compétition n’est diffusée, l’antenne sera ouverte en début d’après-midi aux courses hippiques. Mais les matinées et les soirées seront toutes consacrées à la « culture cheval » grâce à des reportages, documentaires, émissions pratiques ou destinées à la jeunesse.

 

 

Un des 9 000 points de vente du PMU

 

 

Pourquoi ?

Confrontée depuis de nombreux mois à la multiplication des épreuves supports d’enjeux PMU et consorts, Equidia croulait sous le poids des directs (3/4 du temps d’antenne actuel). Pourtant, il s’agit bien de la raison même d’exister de la chaîne : retransmettre en direct  les courses. Pire, à force de prouver que la diffusion de toutes ces épreuves était possible, bon gré malgré, et ceci au prix d’efforts parfois surhumains, de dépenses parfois insuffisantes et parfois disproportionnées, Equidia a alimenté sa propre difficulté : toujours plus de courses, toujours moins de temps pour la culture-cheval.
Pourtant encore, la chaîne est née de l’espoir de réunir les grandes familles du cheval : les courses hippiques, les sports équestres et même les loisirs équestres. Tous les équitants avaient leur chaîne. Mais le constat est clair : ce qu’Equidia est parvenue à faire avec les professionnels des courses entre eux (les sauteurs avec les trotteurs, ces derniers avec les galopeurs) s’est avéré beaucoup plus difficile avec les amateurs de sports équestres et les parieurs. Les connexions ont globalement échoué.
Partant de là, la décision de séparer les familles, certes sous la contrainte, apparaît comme un désaveu de la philosophie originelle de la chaîne. Se séparer pour mieux se retrouver ? Peut-être…ou pas. 

 

Merci qui ?

Si Equidia Live bénéficie à présent d’une légitimité assumée de « chaîne des courses », terminologie tellement repoussée par les défenseurs d’une candidature à la TNT, le grand gagnant de l’affaire s’appelle sans aucun doute Equidia Life (et tous ces amateurs de sports équestres, de ballades à travers les montagnes et les prés à dos d’équidé). Le grand gagnant dans l’affaire est aussi, en toile de fond, la Fédération Française d’Equitation, la troisième fédération sportive française. Quel sport peut aujourd’hui se targuer d’avoir sa chaîne presque totalement dédiée sur l’ensemble des distributeurs numériques et satellites ? Pas même le football qui aura mis des années (des siècles) à créer sa propre chaîne (naissance prévue à l’automne).
Pourtant, le budget de 32 millions d’euros alloué à Equidia (Life+Live) est bel et bien le résultat des mises engagées par les parieurs français passées à la moulinette des sociétés de courses et du PMU et de leurs frais de fonctionnement respectifs. Du fait de sa structure unique dans le PAF (Paysage Audiovisuel Français), Equidia ne compte pas, en effet, sur d’hypothétiques recette publicitaires. Côté objectifs, Equidia se distingue également : l’audimat compte (car il représente autant de parieurs potentiels) mais bien moins (et c’est un euphémisme !) que la satisfaction de ses téléspectateurs…et de ses actionnaires. De quoi faire rêver tout patron de média !

 

 

Le fameux plateau d'Equidia

 


Le choix de créer une chaîne spéciale sport peut dès lors paraître risqué. D’autant que de nombreuses voix se font entendre depuis longtemps pour la création de deux chaînes : une spécial Trot, une autre Galop. L’objectif ? Justement la satisfaction des socio-professionnels des courses friands d’interviews, de réactions diverses et variées, de valorisation du travail des éleveurs, de reconnaissance des investissements des propriétaires et de rediffusion des courses. Oublié l’obligation de subir la course d’ « en face ». Et alors vive la culture-cheval et au moins la culture-courses si indispensable pour imaginer un futur radieux. Pour aimer, il faut comprendre. Equdia Live permettra-t-elle aux parieurs d’aujourd’hui et de demain de mieux comprendre les courses et la filière. Peut-être…ou pas.

 

La stratégie se situe donc ailleurs. Certainement dans le potentiel d’annonceurs que peut représenter le monde équestre : ses jeunes filles fans de leurs poneys, ses sponsors internationaux de luxe et son potentiel de 2 000 000 d’équitants en France.
L’autre défi est celui de la TNT. Ce qu’Equidia n’a pas su faire (convaincre les membres du CSA), Equidia Life aura l’ambition de faire mieux que sa mère. La chaîne du cheval serait alors accessible à toutes et tous (la TNT s’est généralisée et touchera tous les foyers demain). La fin justifierait donc les moyens : pour être accepté dans la société, mieux vaut parler de sports équestres à grande dose et de courses à petite dose plutôt qu’assumer ses racines, son essence et son identité. Dommage, c’est pas nul les courses !
 

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