Born To Sea et 3 gagnants pour 2 Gr.1 : Saturday Night Fever Outre-Manche

Elle est morte le jour de sa naissance. C'était la poulinière la plus sensationnelle des temps modernes, mère de 4 gagnants de Gr.1, dont 2 cracks (Sea The Stars et Galileo) et un crack étalon (Galileo), après avoir elle-même été une championne. Car on a tendance à oublier qu'Urban Sea a elle-même gagné la plus grande course du monde: l'Arc de Triomphe 1995. Le 2 mars 2009, à 20 ans tout juste, en pension au Haras National Irlandais, Urban Sea ne survit pas à son ultime poulinage. L'équipe sauve le petit poulain, qui sera nommé Born To Sea, mais on imagine la tête du gardien quand il a fallu annoncer la nouvelle au patron de l'époque John Clarke et au propriétaire, Christopher Tsui...

Même si elle fait peur à voir comme ça en photo, c'est bien elle, Urban Sea...peu après son succès dans le Prix de l'Arc de Triomphe

La fils et la nièce sont de sortie

Le fils d’Urban Sea était très attendu et n’a pas déçu ses supporters dont je fais partie. Séquence émotion. Si le pensionnaire de John Oxx débutait au Curragh, sa petite-fille, Wonder of Wonders, élève d’Aidan O’Brien, est de sortie ce dimanche à Longchamp dans le Prix Vermeille. A l’arrivée des Oaks d’Epsom, du Curragh et de York, est la fille de Kingmambo (retraité) et d’All Too Beautiful (par Sadler’s Wells), donc la nièce de Born To Sea. Ce dernier a remporté en débutant les Blenheim St. Même si cette épreuve n’a pas encore donné de champions, (seuls Black Minnaloushe et Ad Valorem, vainqueurs respectivement en 2000 et 2004, ont confirmé par la suite), nous lui souhaitons la même carrière que ses aînés, ses demi-frères, Galileo et Sea The Stars.

Born To Sea, l'ultime produit d'Urban Sea, gagne en débutant au Curragh sous la selle de Johnny Murtagh

Saint Leger contre Saint Leger

C’était la fièvre outre-manche ce samedi en Irlande et dans le Yorkshire, à Doncaster exactement. Outre la victoire de Born To Sea, ce samedi était consacré aux classiques irlandais et anglais, le St-Leger. Si celui de Doncaster  est considéré  comme un classique (le plus ancien d’ailleurs), puisqu’il est réservé aux 3 ans, celui du Curragh ne l’est plus, sauf s’il est remporté par un ou une 3 ans (c’est pourquoi l’entourage de Blue Bunting a tenté une sorte de triple couronne).

L’édition 2011 du Saint-Léger irlandais a donné lieu à un final des plus indécis puisque le juge à l’arrivée n’a pu départager les élèves de John Gosden et de Mark Johnston, Duncan et Jukebox Jury. Depuis que la course est ouverte aux chevaux d’âge, c’est-à-dire  depuis 1983, aucune arrivée n’avait donné un partage de la 1ère place.

Le gris Jukebox Jury (Johnny Murtagh) et le bai-brun Duncan (Eddie Ahern) seront affichés dead-heat après l'arrivée du Saint Leger Irlandais.

Le 5e dead-heat depuis la guerre

Depuis l’après-guerre, les dead-heats dans les " classics " européens ne sont pas légions. Ils ne sont que 4 et le dernier remonte à 1990 en France :

• Prix Royal-Oak 1990 : Braashee (pour A.C. Stewart) et Indian Queen (W. Hastings-Bass, futur Lord Huntingdon).
• Irish Oaks 1988 : deux élèves de Cheik Mohammed Al Maktoum, Diminuendo et Melodist (entrainées respectivement par les deux futurs anoblis, Henry Cecil et Michael Stoute).
• Prix de Diane allemand 1984 : Las Vegas (Sven von Mitzlaff) et Slenderella ((H. Jentzsch).
• Poule d’Essai des Pouliches 1949 : deux pouliches de Marcel Boussac, Coronation (gagnante la même année du Prix de l’Arc de Triomphe) et Galgala.

Duncan : Un Gosden peut en cacher un autre.

Les deux St-Leger, l’anglais et l’irlandais, ont donc donné un même vainqueur, l’entraîneur John Gosden. Vainqueur avec Masked Marvel à Doncaster, il récidive une 1/2 heure plus tard au Curragh avec Duncan (Dalakhani), même s’il doit partager la victoire avec Jukebox Jury (Montjeu). S'il peut manque de régularité, Duncan n'est pas n'importe qui. Il a gagné le Prix Foy (Gr.2) l'an dernier à Longchamp devant Nakayama Festa, futur dauphin de Workforce dans l'Arc de Triomphe. Fils d'une 3e des Coronation Stakes d'Ascot nommée Dolores, Duncan a 6 ans mais n'a disputé que 18 courses.

Duncan au canter avant le Prix de l'Arc de Triomphe (photo APRH)

Le dernier doublé, St-Leger GB et IRE, la même année, remonte à 1998 avec les victoires de Nedawi à Doncaster et Kayf Tara au Curragh, propriétés de Godolphin, entraînés par Saeed Bin Suroor. A noter en 1991, un doublé français avec Jonathan Pease (Turgeon dans l’Irish St-Leger) et André Fabre (l’anglais avec Toulon).


Bingo pour Newsells Park avec une vieille souche allemande gagnante du Saint Leger...de Dortmund !


Sauf erreur, c'est un 1e succès classique sous cette appellation pour Newsells Park Stud, vaste haras crée par le désormais défunt Klaus Jacobs (créateur de Gestut Fahrohf) en Angleterre. Le débuts de ce haras qui comporte pas moins de 100 poulinières ont été très difficiles, malgré d'importants investissements dans des souches maternelles internationales, voire exotiques. Les anglais rigolaient, disant que de toute façon, les terres étaient mauvaises d'avance. Au décès de son père Klaus, Andreas Jacobs, qui gérait déjà Fahrohf avec 60 poulinières en Allemagne et l'antenne d'Afrique du Sud, a changé de responsable et de méthode de travail. Sur les rings publiques, Newsells Park Stud est passé de gamelles retentissantes à de bonnes ventes. Et confirmation des progrès en course, voilà un succès classique en Angleterre. Si la mère de Masked Marvel, nommée Waldmark, avait été exploitée en Angleterre où elle s'est placée de Listed, elle descend d'une bonne vieille souche allemande, sa propre mère Wurftaube ayant remporté le Saint Leger Allemand (Gr.2) face aux mâles sur 2800 m !

Masked Marvel (William Buick) offre dans le Saint Leger de Doncaster son 1e classique anglais à Newsells Park Stud.

Jukebox Jury : un Montjeu peut aussi en cacher un autre

Montjeu (fils de Sadler’s Wells comme Galileo) est donc encore à l’honneur avec ses fils Masked Marvel et Jukebox Jury. Ce dernier est également bien connu sur la Côte Normande après ses victoires dans le Grand Prix de Deauville 2009 et le Prix Kergorlay, le 21 août dernier. Né en Irlande et entrainé en Angleterre, Jukebox Jury est pourtant un bon vieux française, élevé au Haras de Gratte-Panche dans le Calvados, issue d'une vieille souche "Etreham" qui est très prolixe. Sa mère Mare aux Fées, par Kenmare, a donné une cascade de bons vainqueurs en France (outre Jukebox Jury), dont Pierrot Solaire, The Mask, Belle Allure et Le Larron. Jukebox Jury a été adjugé pour 270.000 € à Deauville en août 2007.

Le gris Jukebox Jury est un guerrier des pistes habitués aux combats difficiles, comme ici à Goodwood.