Danedream : Germanitude ou German attitude

04/10/2011 - Actualités
L’élevage allemand ne date pas d’hier et pourtant Danedream n’est, depuis la création du Championnat du monde des pur-sang, que la 1e gagnante du Prix de l’Arc de Triomphe à être née et élevée chez nos voisins d’outre-rhin. Il y a bien eu une victoire germanique en 1975 avec Star Appeal, mais celui-ci était né en Irlande, élevé par la Gestüt Rottgen (Mme Maria Mehl-Mulhens). Mais en quoi Danedream est-elle allemande, ou pas allemande ? Par Xavier Bougon

 

Sa mère aiment les voyages, ils forment la jeunesse

C’est la devise de la mère de Danedream, Danedrop. Agée de 12 ans, elle a changé de mains à maintes reprises, avec un foal tous les ans sans interruption depuis l’année 2003, soit un cheptel de 9 foals, y compris celui de cette année. Son meilleur produit est évidemment la pouliche de Lomitas, élevée par Gregor Bann, le "patron" de la Gestüt Brummerhof. N’ayant pas couru sur la piste, ses différents propriétaires, y compris, ses éleveurs (Thomas Stack, John Magnier et Swettenham Stud) lui ont fait voir du pays ensuite.

 

Danedream dans l'Arc : l'Allemagne devant, le reste du monde loin derrière



Elle est passée de ring de ventes en ring de ventes :

  • novembre 2002 : Dublin, tout d’abord, où le vendeur, Churchtown House Stud (agent) l’ont laissé partir, pleine de King Charlemagne pour 21.000 € en faveur d’Herbertstown Stud. La pouliche née en 2003 est décédée avant même son passage sur un ring irlandais.

 

  • décembre 2003 : Newmarket où, pleine de Val Royal, elle est rachetée pour 40.000 €. Le produit sera vendu foal 20.000 € chez Goffs, puis revendu, yearling pour 6.000 €. Il a gagné 4 course et 29.000 £.fin 2004, pas de voyage ; elle est pleine de Xaar.
     
  • novembre 2005 : Dublin où elle est suitée d’un mâle par Xaar. Le poulain est acheté pour 75.000 € par J.C. Bloodstock et sera revendu, yearling pour 360.000 €, acheté par John Warren. Il n’a rien fait en course. Pour sa part, la jument, pleine de Soviet Star, trouve preneur à 47.000 €, acheté par BBA Germany
  • 2006, pas de voyage ; elle est suitée d’un mâle de Sovier Star qui sera racheté, yearling, lors des ventes de Baden-Baden pour 55.000 €. Il n’a rien fait en course.
     
  • 2007, pas de voyage ; elle est suitée d’un mâle par Medicean. Il sera vendu, yearling à Baden pour 4.500 €. Il n’a rien fait en course…
     
  • décembre 2008 : Deauville. Peu après avoir été sevré de la future Danedream (qui n’est pas à vendre pour l’instant), Danedrop trouvera preneur (Tony Clout), lors des ventes Arqana, pour 17.000 €, pleine de Soldier Hollow (In The Wings). Elle était présentée par le Haras du Quesnay. Le produit 2009, un mâle, sera vendu yearling à Deauville pour 11.000 €. Né dans le Calvados au Haras d’Ellon et présenté par le Haras de l’Etoile, il est adjugé à Crispin de Moubray. Il occupe un box dans l’écurie de Jonathan Pease.

 

Danedrop, la mère de Danedream, avec son foal de Gold Away en 2010.

 

Les déplacements de la mère de Danedream ne sont pas terminés :


Saillie en 2009 par Gold Away, Danedrop pouline d’un foal, déclaré être né à la Martinique, à Schoelcher, plus exactement. Son éleveur, Lemzar Sarl, a nommé la pouliche, Ignis Way. Je ne pense pas que Gold Away soit allé aux Antilles et pourtant Danedrop lui a été présentée en 2010. Une femelle est née cette année au Haras du Berlais dans la Vienne.


Entre temps, en juin 2010, à Baden, à l’occasion de la Breeze Up, son unique fille en âge de courir, Danedream, est présentée sur le ring de la BBAG. Elle trouve preneur pour 9.000 €. On connaît la suite sur la piste ; même un certain Teruya Yoshida s’y est intéressé de plus près et en a acheté une part peu avant l’Arc. A la suite du Prix de l’Arc de Triomphe, l’éleveur de Danedream déclare regretter la vente de sa mère, je pense qu’elle aussi aurait aimé de pas être autant bourlingué.

 

Andrasch Starke : gloire à l'Allemagne


Un achat Coolmore, tout d’abord


La grand-mère de Danedream, Rose Bonbon, est issue d’une famille Rothshild. Elle était inscrite aux ventes de novembre de Newmarket à l’âge de 10 ans. Elle a trouvé preneur pour 85.000 Guinées et le billet avait été signé par Horse France pour le compte du team irlandais. Rose Bonbon, née en 1984 de High Top, s’était placée à 2 reprises dans deux Listed, l’une à Deauville, l’autre à Evry. Au haras, elle est la grand-mère de 2 black-type, Roseanna (Prix Yacowlef et 3e des Nell Gwyn Gr.3 à Newmarket) et Saratoga Black (3e Gran Premio di Milano Gr.1 et du Derby italiano 2010 Gr.2).


Rose Bonbon n’est autre que la fille de Lady Berry, une gagnante du Prix Royal-Oak (Gr.1) pour le Baron Guy de Rotschild.
Rose Bonbon est donc aussi la soeur de Le Nain Jaune (Grand Prix de Paris), de Indian Rose (Prix Vermeille), de Vert Amande (Prix Ganay, 3e Prix de l’Arc de Triomphe), de Featherhill (la mère de Groom Dancer, de Tagel). Featherhill, achetée ensuite par la famille Wertheimer, est à l’origine de Légéreté, Falco, Plumania, Balladeuse

 

Père de Danedream, Lomitas a été le meilleur 3 ans allemand en 1991.

 


Germanitude ou German attitude

Danedream descend d’une souche typiquement française. Allemande de naissance et d’entrainement (Schiergen), montée par Starke, c’est le prototype de la " germaine attitude."  C'est-à-dire une jument dure, bosseuse acharnée, sans état d’âme, qui n’a pas peur ni se son ombre, ni de voyager pour courir (entre l’Allemagne, l’Italie et la France).


Pour autant, la " germanitude de sang " de Danedream est plus que discutable. Comme décrit ci-dessus, la mère est né du croisement de Danehill et d’une souche purement française présente dans l’hexagone depuis la fin du 19e siècle. Le baron Guy de Rothschild l’avait acquise auprès de Marcel Boussac, qui la possédait depuis les années 10 !


Le père de Danedream, Lomitas, grand cheval alezan brûlé, gagnant du Derby de Hambourg, a le vrai profil germain. Mais son propre père est l’américain Niniski. Sa mère La Colorada (excellente jument de course) fille du chef de race germain Surumu, est née outre-Rhin, mais d’une mère irlandaise, dont la famille venait d’Angleterre. Bref, les rencontres internationales ne datent pas d’hier.

 

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