Matthieu who ?

13/06/2013 - Actualités
De retour en France après un long séjour en Irlande, le professionnel originaire de la Sarthe ne cesse de s’illustrer actuellement avec ses véloces 2 ans. A la veille de seller Muharaaj, deuxième du Prix La Flèche, le néo-mansonnien s’est livré au jeu des questions-réponses avec France-Sire. Entretien « à la bonne franquette ».
Cadre de la rencontre
 
Lundi 10 juin, Longchamp. Il est 14 heures 30, heure du rendez-vous fixé avec Matthieu Palussière. L’un de ses bons 2 ans, Another Party, vient de devancer ses rivaux dans le Prix du Cherche-Midi. Malheureusement (victime de son fighting spirit ?), le représentant Marnane est au cœur d’une enquête ouverte par les commissaires. C’est dans cet entre-deux que s’établit la prise de contact visuelle. Après quelques minutes de délibération, le fils de Pomellato est rétrogradé à la cinquième place. On pense alors que notre interview a peut-être du plomb dans l’aile, ou alors que notre interlocuteur ne sera pas de bonne humeur. Erreur. Acceptant avec philosophie le verdict des juges, Matthieu Palussière retient surtout la performance de son pensionnaire. Très urbain, il tiendra même à régler l’addition au bar (NDLR : café, jus d’orange et Perrier) qui jouxte le rond de présentation. Pas de note de frais pour cette fois, Arnaud.
 
 
 Antoine Hamelin, Jules Susini agent du jockey, Matthieu Palussière et Con Marnane
visionnent l'arrivée mouvementée du Prix du Cherche Midi
(Photos APRH)
 
 
Itinéraire
 
« Rien ne me prédestinait à travailler dans le monde des courses, n’étant pas issu de ce milieu. Ma vocation est d’ailleurs tardive. J’ai commencé à côtoyer les chevaux chez un ami de ma sœur lorsque j’étais au lycée (Lycée agricole du Mans, BTA Généraliste). Je m’y rendais le week-end. C’est un peu de là que tout a commencé. J’ai ensuite travaillé au haras de la Gaillardière avant de d’effectuer mon service militaire. En rentrant de l’armée, je suis entré au service de Christian Scandella chez qui je suis resté deux ans en tant que lad. »
 
 
 Matthieu Palussière
  
 
Changement d’Eire
 
Ayant envie de découvrir d’autres horizons, d’autres méthodes, « Matiou » décide de prendre la tangente. Destination l’Irlande pour le jeune Ulysse : « Le premier garçon de Monsieur Scandella connaissait le Directeur du haras de Son Altesse Aga Khan (Ghislain Drion). J’ai rejoint leur team. Là-bas, je m’occupais du débourrage des yearlings et j’ai ainsi pu croiser la route de champions tels que Sinndar ou Daylami. Après cette expérience d’une durée de 4 ans, j’ai intégré l’équipe de Michael Halford. Là encore, je faisais le débourrage de jeunes chevaux. Mais, le succès aidant, ses effectifs se sont mis à gonfler.  Et j’ai dû m’occuper d’une partie de son écurie. Notre collaboration a été fructueuse et m’a beaucoup appris. J’ai d’ailleurs tiré beaucoup d’enseignements de toutes mes expériences évoquées précédemment. »
 
 
 
« Mais, à un moment, je me suis dit qu’il fallait franchir un cap et me mettre à mon compte. Au début des années zéro, je me suis lancé, fort du soutien de Michael Halford. Installé au Curragh, j’ai continué à former de jeunes chevaux en vue de leur future carrière de courses. De fil en aiguille, mes propriétaires m’ont proposé d’aller plus loin. J’ai suivi leurs conseils. Au début, je n’ai pas eu beaucoup de succès en tant qu’entraîneur, puis les choses se sont accélérées. J’ai eu une vingtaine de gagnants en plat (le premier en 2008) et en obstacle, remportant notamment un Groupe III en haies avec Tramp Stamp. J’ai pu me constituer une belle carte de visite en Irlande, mais, malheureusement, ma réussite est peut-être arrivée au mauvais moment. »          
 
 
Les raisons d’un retour
 
« En effet, la situation économique s’est dégradée en Irlande. Et cela se répercute sur les courses. Les effectifs ont considérablement diminué au cours des dernières années et le niveau des allocations n’a rien de commun avec celles distribuées ici. D’ailleurs, lorsque j’ai dit à mes confrères irlandais que j’allais revenir en France, la plupart d’entre eux m’ont dit : « Tu as raison. A ta place, si on le pouvait, on ferait pareil. »
 
 
Des valises pleines d’espoir
 
Le choix de la France, Matthieu Palussière ne doit sans doute pas le regretter. Locataire de Jean-Pierre Perruchot depuis quelques mois, le professionnel quadragénaire a déjà remporté six courses en 2013. Fort de la confiance des époux Marnane et du russe Zalim Bifov (propriétaire de Muharaaj), il dirige un effectif d’une grosse vingtaine d’éléments majoritairement âgés de 2 ans : « Très actif sur le marché des jeunes chevaux (ventes breeze-up), Con (Marnane) a voulu faire appel à mes services et participer à cette nouvelle aventure. Son soutien et celui de Zalim Bifov m’ont grandement facilité la tâche. Compte tenu de notre positionnement, je pense qu’une PME comme la mienne a peut-être la place pour s’en sortir en France. Du moins, je l’espère. Cela dit, si cela marche bien avec nos 2 ans, j’aimerai aussi à terme montrer de quoi je suis capable avec des chevaux d’âge. »      
 
 
   Muharaaj, entrainé par Matthieu Palussière, récent 2e du Prix de La Flèche
 
 
Rendez-vous est pris en début d’année prochaine pour un premier bilan. Et cette fois-ci, France Sire paiera la tournée.

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