150ème anniversaire de Wissembourg : le film, l'histoire

 

 

Pour comprendre davantage pourquoi cette société de courses dure depuis si longtemps (une des plus anciennes de France), replongeons-nous dans l’histoire. Au XIX ème siècle, existait un marché aux chevaux sur la place de la ville de Wissembourg (plus de 5300 habitants étaient recensés en 1861). Tous les villageois, paysans et notables, des environs s’y approvisionnaient. Cette vente se déroulant le matin, les nouveaux propriétaires se rendaient dans l’après-midi sur la clairière de la forêt de Wissembourg, à quelques kilomètres seulement du centre-ville pour y courir leur récent achat et ainsi se confronter pour savoir qui avait le cheval le plus rapide. A cette époque, l’armée de Napoléon III surveillait ce folklore avec attention. Le Baron Félix Sautereau du Part, directeur des haras de Strasbourg jusqu’en 1862, année de sa disparition, organisa ainsi des courses sur la percée de la forêt de la Hardt. C’est ainsi qu’en 1864, naît la société des courses hippiques de Wissembourg. Des courses ont vite été organisées le lundi de Pentecôte et ce jusqu’en 2014 ! Seule la guerre a dû stopper les réunions.

 

 

Depuis toujours, ou presque soyons réalistes, de nombreuses courses de pays « bauere ranne » en alsacien étaient organisées dans les villages voisins du nord de l’Alsace : à Schleithal, Siegen, Rittershoffen, Surbourg, Betschdorf, Niederlauterbach, Roeschwoog, Seebach, ou encore à Eckwersheim dont les courses s’étaient traditionnellement disputées le lundi de Pentecôte et désormais le dimanche. Les frères Schwab, Robert et Albert, éleveurs et entraîneurs à Rittershoffen, vainqueurs de très nombreuses courses de pays avec des demi-sang ont bien connu cette époque. Ils attelaient leurs chevaux la semaine et allaient aux courses le dimanche, en calèche. « On courait ensuite avec ces mêmes chevaux sans oublier de rentrer le soir ! Il fallait des chevaux durs avec de bons tendons. Parfois, quand on avait plusieurs partants, on attelait les chevaux derrière la calèche ».

 

Comme Olivier Peslier qui montait les courses de pays étant jeune, de nombreuses passions ont éclos. Des courses de jeunes cavaliers ont ainsi été programmées à Wissembourg depuis les années 1950. « Après guerre, il y avait même des courses de trotteurs, continue Albert Schwab, qui ont ensuite été transférées à Strasbourg. On avait toujours une course de haies et une de steeple. »

 

 

Depuis 1864, des centaines voire des milliers de bénévoles ont œuvré au bon déroulement des courses à Wissembourg. En 2014, un jour de courses à la Hardt, on compte plus de 150 bénévoles et 60 sociétaires ce qui fait de la société des courses de la Hardt la plus grande association de l’Outre-Forêt (région naturelle dans laquelle est située Wissembourg). Président de cette société de courses depuis 2012, Raymond Vetterhoeffer a instauré une nouvelle ère en créant un restaurant flambant neuf surplombé d’une tribune et une nouvelle tour pour les commissaires (remplaçant celle du milieu de l’hippodrome vieille de plus d’un siècle et toujours présente). Il a succédé à Patrick Isenmann, Préssident de la société des courses de la Hardt de 2004 à 2012.

 

 

Ancien jockey de plat et d’obstacle, il avait gagné à Wissembourg avec la jument aveugle Chamade dans les années 1970, Patrick Isenmann s’était d’abord engagé en temps que sociétaire et commissaire après avoir connu les courses de pays à Siegen, un village voisin de Wissembourg. Sous sa présidence, 1500m² de pavés ont été posés, un parcours de concours complet a été dessiné au centre de l’hippodrome pour l’organisation du concours complet international organisé en 2007 et 2008 par l’association Rênes & Guides. A ces occasions, des cavaliers de top niveau mondial avaient fait le déplacement comme les français Jean Teulère et Stanislas de Zuchowicz.

 

 

Réélu Président pour une seconde fois en 2000, Paul Schiellein a lui-même succédé au Comte de Pourtalès en 1994. Toujours Président de l’Association Cheval Alsace (AFCA), Paul Schillein a fait construire de nouvelles tribunes, inaugurées le 1er mai 2001. Mais quelques années auparavant, il fallait bien des liquidités pour mener à bout ces différents travaux. C’est ainsi qu’il sollicite l’aide financière des collectivités locales et territoriales ; aide acceptée en échange de plus de journées de courses et d’une ouverture du champ de courses à des manifestations équestres ou non. Depuis le milieu des années 1990, le site de la Hardt accueille des congrès médicaux, le championnat d’Alsace de tir à l’arc, des courses de cross-country (pour coureurs à pieds cette fois), des camps de scouts, de vacances, d’éclaireurs, un festival de jazz manouche (dont l’origine de la musique serait du coin), …

 

 

Propriétaire forestier important, le Comte François de Pourtalès et son épouse (d’origine anglaise) possédaient le domaine de la Verrerie à Lembach, à deux pas de Wissembourg, sur les hauteurs du Nord des Vosges et toujours propriété de leur fils Jérôme de Pourtalès, par ailleurs membre du conseil municipal de Lembach. Paul Schiellein et le Comte François de Pourtalès se sont connus à la Chambre d’Agriculture d’Alsace où ils siégeaient tous les deux. Leur passion commune des courses leur a fait prendre le même chemin, celui de prendre la présidence de la société des courses de la Hardt.

 

 

Au coeur d'une forêt dense, le site de l'hippodrome de la Hardt (25 hectares) accueille plus de 65 chevaux à l'entraînement répartis entre une petite dizaine d'entraîneurs dont Jess Parize qui a en ce moment 23 chevaux sous sa responsabilité. Autre entraîneur habitué des succès wissembourgeois, Guillaume Macaire confiait récemment au micro de nos confrères d'Equidia  « Wissembourg est un vrai champ de courses, il y a une vraie ligne droite. ». Quoi de plus convaincant?

 

 

Le record d’affluence, souvent un 1er mai ou un lundi de Pentecôte, dates historiques des courses à Wissembourg, a été de 8.500 spectateurs. Quatre différentes Miss France sont venues sur l’hippodrome de la Hardt dont la normande Malika Ménard en 2010, les belles attirent les foules. Côté jeux, le record d’enjeux enregistrés sur l’hippodrome a été de 130.000€ pour une seule réunion, soit plus de 16.000 par courses si l’on compte 8 courses. Et oui, les alsaciens flambent et ce depuis 1932, date à laquelle les premiers jeux furent enregistrés sur l’hippodrome.

 

De nombreuses animations seront assurées les 9 et 15 juin prochains pour le 150ème anniversaire de la création de la société de courses de la Hardt comme une retrospective photographique, un spectacle équestre présenté par des cavaliers hussards, des présentations de groupes folkloriques en musique et en costumes d'époque, ...