Rentrée de l'obstacle: Cyprès et compagnie et vieilles histoires

04/03/2010 - Focus Elevage
Ca chantait autour de la Canne. Non pas qu'un nouveau volatile a été perdu ses plumes lors d'une « passe au canard » crépusculaire, mais le soleil de l'obstacle s'est levé sur Enghien le mardi 2 mars avec un doublé pour les frères Jacques et Thierry Cyprès, éleveurs nivernais installés chacun de son côté de la rivière sur la petite commune de Montigny-sur-Canne.

 

C'est un coin de la France où on aime bien les chevaux. Sur une poignée de kilomètres, les éleveurs d'AQPS sont voisins et entretiennent à eux seuls plus de 100 poulinières parmi les meilleures de France. Partant de chez le nouveau Président de l'Association Nationale des AQPS, Hervé d'Armaillé à Isenay, on file tout droit cap à l'ouest, dos à Cercy la Tour. Après cette maudite montée qui coupe les jambes en footing, on passe à Saint Gratien Savigny devant chez Karine Colson (la fille du maire), puis Jean-François Magnien (dit Monsieur le Marquis).

 

Le lever du jour sur les terres de Montigny-sur-Canne

 

Puis, du haut du colline, on domine une petite rivière, la Canne, qui serpente en contre-bas et traverse la petite bourgade de Montigny-sur-Canne, la patrie des Cyprès, dont le patriarche Bernard a été le maire au moins de 1914 à nos jours...L'ambiance paraît parfaitement calme. Ce n'est qu'une apparence, même si les vaches charollaises d'élite (ici on fait du taureau de concours qui vous regarde avec un oeil bizarre) paissent tranquillement.  Chacun des 2 frères a son côté de la commune. A gauche: Thierry, au top de la mode vestimentaire du chasseur moderne, l’as du camouflage. A droite, Jacques, patron des dites chasses au sanglier, comme un Asterix avec téléphone portable, l'homme qu'on a vu viser et tirer même sans son fusil. Dilemne: les 2 tables sont aussi bonnes qu'accueillantes. Et les chevaux aussi.

 

Une activité déterminante du village, à part celle de gagner des courses à Paris.



Lors de la rentrée de l'obstacle parisien, qui s'est déroulé exceptionnellement à Enghien à la place d'Auteuil, Jacques et Thierry ont chacun brillé avec un AQPS, la race de chevaux de course qui est chère à la famille depuis des générations, puisque leur grand-père, Pierre, dit Pino, fut un de ses grands promoteurs sinon créateurs.

 

Septland



C'est le cadet, Thierry, qui a ouvert le bal avec Spetland, sous l'entraînement de Philippe Peltier et la casaque de Jacques Détré, son nouveau partenaire comme propriétaire depuis que Robert Fougedoire a baissé pavillon. C'est une fille du papy Agent Bleu (père de Line Marine), qui officie toujours non loin de là, chez Yves Savin au Haras du Château au côté du jeune Mister Conway. Septland est d'autant plus préciseuse pour Thierry Cyprès qu'elle est petite-fille d'une certaine Queensland IV, qui a marqué toute sa vie d'élevage. En effet, c'est elle qu'il a choisi le jour de l'anniversaire de ses 18 ans, parmi les femelles nées en 1982. C'est une tradition familiale que de donner une pouliche à cet âge, pour transmettre la passion. Cette Queensland lui a donné dans sa descendance une cascade de grands sauteurs, de Cumberland à Porto Rico en passant par Embiez.

 

Thierry Cyprès



Dans la foulée, c'est Jacques Cyprès qui a fait tilt avec Quart Monde, autre AQPS, issu de la 1e génération de Network. Entraînée par François Nicolle, Quart Monde défend la casaque de son épouse, Andrée, une savante de la cuisson de la cuisse de sanglier de plus 130 kilos. Il faut savoir que son principal propriétaire, le Comte Audouin Maggiar, est allergique aux chevaux alezans comme Philippe de Villiers aux homosexuels. C'est ballot. Là, il a sûrement manqué quelque chose. Tout comme pour son frère, Jacques Cyprès s'est imposé avec un produit de sa plus belle origine. Quart est un des seulement 4 produits de sa mère In Extremis, tous gagnants (Oakham, Panique Pas et Rock In pour les 3 autres).

 

Quart Monde

 

Alors qu'In Extremis est morte de coliques quand elle était suitée de Rock In, les 2 premières femelles ont été précieusement conservées poulinières. Et pour cause, la mère d'In Extremis, Countess Fellow, n'est autre que la soeur des 2 cracks The Fellow et Al Capone II. La jument de base, mère des 2 champions, une pur-sang nommée L'Oranaise, provient de l'ancien élevage du célèbre et regretté René Couétil, mort en course dans les années 60. Sa veuve Lucie Couétil, elle-même née dans la ville d'Oran en Algérie, avait conservé quelques poulinières, données à ses 2 enfants. Laurent Couétil, aujourd'hui éminent vétérinaire aux Etats-Unis après avoir été un collègue de promotion de Benoît Gabeur, est resté co-éleveur de toute l'origine.  Andrée, née le jour de la saint André, a célébré ses épousailles avec Jacques Cyprès au début des années 80. Voilà toute l'histoire du destin des chevaux et du destin des hommes, dont on ne sait plus très bien lequel dirige l'autre.

 

Jacques Cyprès



Quelques jours plus tôt en Angleterre, Jacques et Thierry Cyprès ont gagné en temps qu'éleveurs associés sur un revenant, Moncadou, ancien vainqueur de la Grande Course de Haies de Printemps, neveu du crack Ucello II qui a permis à leur père Bernard de remporter 2 fois le Grand Steeple-Chase de Paris. Mais ça, c'est encore une autre histoire que votre serviteur se fera un plaisir de vous raconter bientôt.
 

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