J.P. Gallorini : entre coups de cœur, regrets et convictions fortes !

24/11/2025 - Grand Destin
Figure incontournable de l’obstacle français, Jean-Paul Gallorini s’impose depuis des décennies comme l’un des regards les plus affûtés du milieu. Éleveur, entraîneur et fin connaisseur des lignées, il mêle expérience, intuition et exigence dans chacune de ses décisions. Aux ventes comme sur les hippodromes, son expertise continue de peser et d’influencer le paysage des courses françaises, faisant de lui une référence que tout le monde écoute. Retrouvez ci-dessous l'interventions complète de Jean-Paul Gallorini et les grand lignes qu'il aborde.

 

1. La vente de Chanducoq
Jean-Paul Gallorini revient d’abord sur la vente de Chanducoq, son étalon qu’il était prêt à défendre jusqu’à 300 000 €. Il se dit ravi qu’il soit finalement acquis par le Haras de Cercy, un établissement qu’il estime et dont il soutient volontiers l’élevage. Le nom du cheval n’est d’ailleurs pas anodin : Chanducoq est le propre frère de Cokoriko, un étalon cher au cœur de J.P. Gallorini, renforçant encore l’attachement qu’il porte à cette lignée.

2. L’histoire de Cokoriko
Cokoriko occupe une place importante dans l’intervention de Jean-Paul Gallorini. Il raconte que ce cheval a été l’un des premiers grands achats du Haras de Cercy au moment de sa création, même si celui-ci n’attira pas immédiatement les éleveurs malgré ses qualités sportives. Le nom, inspiré du chant du coq qu’il entendait chaque matin à l’entraînement, reflète le lien affectif particulier qu’il entretient avec lui. Aujourd’hui encore, il estime que Cokoriko n’a jamais été pleinement reconnu à sa juste valeur.

3. La production et le potentiel de Chanducoq

Concernant Chanducoq comme étalon, J.P. Gallorini souligne qu’il a fait ses preuves malgré un début de carrière discrets et des juments « pas extraordinaires ». Il apprécie le fait que le cheval soit désormais soutenu par le Haras de Cercy, où il pourra enfin, selon lui, exprimer tout son potentiel. Il rappelle également qu’il avait gagné à 2 ans, un atout dans une production destinée à l’obstacle, et qu’il possède un profil équilibré entre vitesse et aptitude à l’effort.

4. Les juments de l’écurie Gallorini
J.P. Gallorini explique que plusieurs de ses juments avaient déjà été envoyées à Cercy par le passé, mais que la distance rendait la gestion compliquée. Aujourd’hui, le haras n’est plus qu’à une heure de route, ce qui facilitera grandement les choses. C’est Alexandrine Berger, son épouse, qui supervise la sélection et le suivi des poulinières, un rôle qu’il lui attribue totalement et avec confiance.


5. No Risk At All, Nom de d’la et les autres étalons soutenus

En plus de Chanducoq, J.P. Gallorini soutient également d’autres étalons comme Nom de d’la, qu’il a lui-même entraîné, ainsi que le très confirmé No Risk At All. Il précise que Nom de d’la était davantage typé plat, même si son dressage lui permettait de briller sur les obstacles. Cette diversité illustre la volonté de J.P. Gallorini de rester fidèle aux chevaux qu’il a formés, tout en diversifiant les profils dans son élevage.

6. La période Wildenstein : anecdotes marquantes
J.P. Gallorini évoque ensuite ses années auprès de la prestigieuse maison Wildenstein, dont il garde autant de bons souvenirs que d’anecdotes étonnantes. Il raconte notamment l’histoire de Nil Bleu, un cheval qu’il a fait gagner malgré les instructions de ne pas courir. Cette désobéissance lui vaut de se voir retirer le cheval dès le lendemain. Cette anecdote illustre les rapports parfois délicats entre entraîneurs et grands propriétaires, et souligne sa franchise légendaire.

7. L’aptitude naturelle des sauteurs
Pour J.P. Gallorini, l’obstacle repose avant tout sur l’aptitude naturelle, davantage que sur la préparation technique. Il prend l’exemple marquant de Villez, un cheval qui n’avait jamais sauté en entraînement mais qui, par instinct, remporta neuf courses sur dix. À ses yeux, les meilleurs sauteurs sont ceux qui possèdent une véritable intelligence de l’obstacle, une lecture intuitive du terrain et une capacité à s’adapter instantanément.

8. Plat vs Obstacle : deux mondes différents
L’entraîneur insiste également sur la différence fondamentale entre le plat et l’obstacle. Dans le plat, explique-t-il, la recherche de la classe pure entraîne beaucoup de déchet chez les étalons. À l’inverse, l’obstacle requiert plus de tenue, de solidité et d’aptitude à encaisser, ce qui réduit les erreurs de sélection. Selon lui, un bon cheval d’obstacle peut parfois se révéler là où la filière du plat n’aurait pas misé un centime.

9. Faut-il analyser un sauteur physiquement ?
J.P. Gallorini se montre sceptique face à ceux qui pensent « lire » un futur sauteur dans son physique. Pour lui, un cheval ne se juge pas dans les allures ou la morphologie seule, mais dans l’intelligence et la volonté qu’il exprime au travail. Il rappelle avoir découvert plusieurs excellents chevaux parmi des profils mal jugés ou même destinés à l’abattoir, preuve qu’il faut savoir regarder le cheval dans sa globalité.

10. La dérive moderne : trop de vétérinaires
L’un des points les plus forts de son intervention est sa critique de la surmédicalisation dans les courses actuelles. J.P. Gallorini estime que les chevaux ne durent plus parce qu’on les traite excessivement : infiltrations, soins répétés, masquage de douleurs, etc. Résultat : ils courent blessés sans que cela ne se voie, aggravant leurs problèmes, et leur carrière se raccourcit drastiquement. Il distingue clairement cette dérive du dopage, qu’il n’évoque pas comme un facteur majeur.

11. Le cas Cokoriko : une carrière inachevée mais prometteuse
Il revient enfin sur Cokoriko, dont la carrière a été brutalement interrompue par une blessure après seulement quatre courses. Malgré cela, il reste persuadé qu’il aurait eu la classe pour devenir un champion. Son regret est que, même en tant qu’étalon à un tarif modeste, personne n’avait voulu investir au départ, preuve selon lui que le marché ne reconnaît pas toujours le vrai potentiel des chevaux.

12. L’exemple allemand : une sélection exemplaire
J.P. Gallorini termine en saluant le modèle allemand, qu’il juge rigoureux et inspirant. Là-bas, les chevaux doivent courir dès 2 ans pour tester leur vraie valeur, et les futurs étalons sont évalués par une commission stricte sur des critères clairs : performances, régularité, absence de défauts, comportement. Grâce à cette méthode exigeante, le taux de réussite des étalons allemands est, selon lui, bien supérieur à celui de la France. Il regrette qu’en France, certains deviennent étalons sur la simple base d’un pedigree flatteur, sans validation sportive suffisante.

 

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