Eleveur de Chriseti, Jean Gondouin n'est plus

06/10/2013 - Grand Destin
" Je dédie cette victoire à mon grand-père, qui est parti rejoindre son cheval ". Ainsi parlait Grégoire Leenders, juste après le victoire d'Urbaine dans le Prix Glorieuse. M. Jean Gondouin s'est éteint à 91 ans. C'était le père de Christine Leenders, le beau-père d'Etienne, et l'éleveur du crack du cross Chriseti qui s'est effondré à Craon début septembre.

Jean Gondouin et sa fille Christine Leenders avec L'Allier, la mère de Chriseti.

 

Les gens des courses sont tous un peu fous, certains illuminés. C'est qui fait leur force et leur joie de vivre, c'est ce qui les fait tenir malgré les coups durs répétés, les déceptions qui s'enchaînent, dans l'attente d'une bonheur qui efface tout. C'est aussi cette passion qui peut les faire céder. Moins d'un mois après la cruelle disparition de Chriseti sur le théâtre de ses plus grands exploits devant les tribunes combles du grand cross de Craon, son éleveur Jean Gondouin a disparu. Venu comme d'habitude avec son épouse, cet homme grand, de fière allure surtout pour son âge (91) avait assisté à une scène tragique qui l'a profondément marqué. Avec son cheval qui mourrait, c'est aussi son entourage et sa famille qui pleurait.

Agriculteurs pendant toute leur vie à 5 kms du Pin au Haras, François et Jean Gondouin avaient vu leur ferme polyvalente (vaches laitières, veaux, cultures) de 60 ha devenir peu à peu la base d'élevage, de repos ou de retraite des champions pour l'écurie d'Etienne et Christine Leenders. Issu d'une famille proche du trot (cousin de l'éleveur des "Vandel"), le couple Gondouin était plutôt orienté vers le cheval de selle jusqu'à la rencontre de leur fille Christine avec Etienne Leenders, ce qui les a rapprochés du monde des courses. Etienne s'est installé entraîneur en 1981 en Anjou. Quelques années plus tard, ses beaux-parents ont franchi le pas et lui ont demandé d'acheter un cheval de course. Le choix s'est porté sur une pouliche nommée L'Allier. Soeur du très bon sauteur Forezien, L'Allier s'est elle-même révélée très douée pour la compétition, lauréate de 6 courses dans les 3 disciplines de l'obstacle. Elle a gagné à Craon, au Lion d'Angers et à Corlay dans le Grand Cross.

En piste, L'Allier bénéficiait d'une étoile favorable. Lors de sa 1e victoire à Pau, elle a sauté la dernière haie en 5e position...mais les 4 premiers sont tombés! Elle a été moins chanceuse au haras, n'ayant finalement que 4 produits aptes à courir, mais pas des moindres. Tous d'un niveau semi-classique, ils ont dépassé le million d'euros de gains au total. Il y a eu tout d'abord Gondleen (April Night - 8 victoires), puis L'Artiste Français (Art Français - 10 victoires), puis la femelle Kusea (Useful - 4 victoires) et enfin Chriseti. Son dernier produit née en 2007, la femelle Chrisleen (Maresca Sorrento) n'a pas couru et est devenue directement poulinière. On aura reconnu les contractions diverses des noms de Christine Gondouin et Etienne Leenders. Quelques anciennes gloires, tels Bacarello, Echo des Mottes, Castel Renard et Joseille, coulent une paisible retraite à la ferme. Mais pas Chriseti qui lui, est finalement mort en pleine gloire et sans vieillir ni souffrir.

 

Voir aussi...