Deauville: sur un nuage tranquille au coeur de la tempête

20/10/2009 - Stats étalons
C'est quand même un peu magique les courses en France. La crise fait rage partout dans le monde. Des pans entiers de l'économie s'écrasent sur leurs bases. Dans le milieu de l'élevage mondial, plus personne n'y comprend rien dans les tendances du marché qui se contredisent sans cesse. Et il y a le marché de Deauville: tranquille.

 

Dans les émissions intelligentes à la radio, ils disent que la France est meilleure dans les crises que dans les reprises. En effet, hier, de  longues railleries anglo-saxonnes sortaient de bouches débordant de dents sciées comme des canons sur cette sorte de zénitude franchouillarde face aux excitations du marché. Aujourd’hui la vie à la française continue de rouler en absorbant les nids de poules comme une bonne vieille DS alors que toutes les rovers survoltées sans volant ont disparu de la circulation. Les reprises n’aiment pas qu’on ronfle, les crises aiment qu’on ronronne.

 

"Mangez des pommes !" C'est régional

 



Les chiffres : ce qu’ils disaient, ce qu’ils disent

Bref, chez Arqana à Deauville, ça roule. Tel est le bilan aussi simplissime que rassurant qu'on peut tirer au terme de la 1e moitié de la session d'octobre, le mardi midi. Après une vente d'aout qui s'est passée comme dans un rêve, la vente d'octobre se tient parfaitement bien, au contraire des autres ventes mondiales qui vont dans tous les sens, et parfois seulement dans le bon. Les chiffres sont meilleurs que l'an dernier sur tous les tableaux: 74,6% contre 71,2% pour les vendus, 21.000 € contre 18.000 € pour le prix médian (très révélateur), 26 500 € contre 23 400 € pour le prix moyen. Maintenant, il faut savoir prendre beaucoup de recul avec ces chiffres puisque qu'octobre 2008 était la période la plus sanglante de la crise économique mondiale. A l'inverse, ces chiffres sont inférieurs dans une proportion équivalente à la session de 2007, à l'époque où l'argent sortait des poches des clients comme les mouchoirs rouges de celles des magiciens.


Souviens-toi, l’été presque dernier


En se replongeant dans les années précédentes, on se rend vite compte qu'excepté un pourcentage de vendus exceptionnel de près de 80% en 2006, les niveaux de tarifs atteints cette année sont les meilleurs de la décennie, qui avait pourtant roulé jusqu'à l'an dernier sur une planche à billet mondiale frénétique. Si le temps n'a pas varié à Deauville en terme de climat, les temps, eux, ont bien changé. C'est à dire que, blottis au chaud dans le ring d'octobre, en plissant un peu les yeux, en écoutant les versets sonores des auctionners rythmés par les cris des spotters, on pourrait se croire soit au point culminant d'un rite chamanique de la tribu du grand chef indien « yearling brave », soit au début de la semaine du mois d'août à Deauville quand on était jeune, il n'y a pas si longtemps que ça.




Sylvain Vidal au Haras de la Cauvinière


160.000 € pour Sylvain Vidal, du Haras de la Cauvinière


La preuve, après un yearling de Montjeu à 105.000 € le jour de l'ouverture, Sylvain Vidal, animateur du Haras de La Cauvinière qui abrite Le Havre, a acheté une pouliche alezane avec 3 balzanes blanches pour 160.000 €, ce qui fait quand même une somme. Cette yearling du jeune étalon à succès Medicean, présentée par le Haras de Saint-Pair, est le 1e produit d'une fille de Monsun, nommé Anna Mona, 3e du Prix de Royaumont, descendant de la grand matrone allemande Anna Paola. un pedigrée en béton pour faire des courses puis de l'élevage. Elle est un peu longue dans son dos et a un port de tête haltier, mais elle a du coffre et surtout une superbe épaule dont la pointe descend bien bas et vers l'avant.

 

Le top price de la 1e moitié du catalogue, à 160.000 €


Les courses ne sont pas qu’un loisir

Pourquoi ça marche ? Pas seulement parce que les riches ne s'appauvrissent pas pendant les crises, au contraire des pauvres qui jusque là croyaient pouvoir devenir riches. Peut-être simplement, comme l'explique Thierry Abadie, du Haras des Fontaines à Tarbes, parce que les courses de chevaux ne sont pas qu'un loisir. C'est tellement prenant, c'est une passion viscérale qu'on entretient tant qu'il nous reste 2 ou 3 sous pour y participer. Et puis de toute façon, dans les chevaux, on peut toujours se refaire dans la dernière, ou dimanche prochain, ou bientôt...tant qu'il y a de l'argent dans les allocations au passage du poteau d'arrivée.

Prochainement sur France Sire:

Le renouveau du marché de l'obstacle: ami anglais, es-tu parmi nous ?
Quels sont les étalons qui marchent ? Martaline et d’autres
Août, Octobre, Décembre : une question de goût
Tous les résultats des étalons et des vendeurs France Sire
 

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