Deauville 2009: la meilleure façon du marché

14/08/2009 - Ventes & Shows
Avec sa précision habituelle et son sens du mot pesé, Eric Hoyeau a clarifié dernièrement quelques éléments de base qui font la nouvelle règle des ventes d'août à Deauville. Comme le sujet est vaste, il convient d'approfondir certaines notions.




"Cela va sans dire, mais ca va mieux en le disant". L'expression est connue mais toujours utile. Ainsi, aux très nombreux éleveurs qui s'étonnaient de la faible représentation des étalons français sur le marché d'août, le PDG d'Arqana Eric Hoyeau a répondu de manière simple et claire, sans jugement de valeur, en utilisant ces mots essentiels: "Ce sont des ventes de yearlings, pas d'étalons".

 

 


En effet, si le 1e réflexe pour se faire décrire un yearling est de demander quel est son père, la majeure partie d'une page de catalogue est tout de même consacrée au pédigrée maternel. Exemple pris parmi d'autres, mais utilisé parce qu'il porte un nom rendu populaire par sa longue et riche carrière ponctuée par son exploit dans un Gr.1 à Dubaï, Polish Summer, dont la saillie coûte 2200 €, est un cas typique du parc étalon français. Il a une vocation mixte et se situe dans la fourchette de prix du plus gros du bataillon des étalons français. En effet, entre 1500 et 3000 €, il y a exactement 109 étalons à la clôture de la saison 2009, sur environ 440 reproducteurs de galop au total, soit un quart des troupes. Il y a même des pères de gagnants de Gr.1 en plat comme Priolo, Kaldounévées et Diableneyev. Mais dans cette vaste gamme, seuls Hurricane Cat, Iron Mask, Keltos et Vespone sont représentés à Deauville. Il y aurait bien eu aussi Blackdoun, mais pas de chance, il est mort. Beaucoup sont méritants car les soldats de cette armée hétéroclite croisent plus souvent des demi-mondaines que des aristocrates. On serait curieux de savoir le nombre de gagnantes de Groupe en plat, voire leurs soeurs, sinon même leurs mères encore en état de marche, que ce bataillon a couvert ce printemps. Sûrement pas beaucoup.

Si on compare avec les listes proposées aux étalons "fashion" d'Irlande, notamment ceux de Coolmore faisant en plus fonctionner ce terrible sex appeal qui fait crack boum hue, le foal sharing, c'est le jour et la nuit,  c'est Carla Bruni face à la mère Denis, c'est Jimi Hendrix contre Yves Dutheil. A l'heure du choix des pédigrées des yearlings pour une vente où l'ambition annoncée est de tenir les 100.000 € par produit, ça ne fait pas un pli. D'ailleurs, considérant que le coefficient multiplicateur entre le prix de saillie et la vente d'un produit est d'ordinaire de 3 pour un foal  et 4 pour un yearling, faire une culbute de 33 à 60 serait un tour de magie digne de Gérard Majax.

 

Depuis la mort d'Anabaa, Muhtathir est l'un des 3 étalons les plus chers de France à 15.000 €,
avec Green Tune et King's Best. Il a 15 produits inscrits à la vente d'août. Green Tune en a 13, tandis que
King's Best en a 5, mais il était installé à l'étranger pendant l'année de conception 2007 qui fait les yearlings d'aujourd'hui.

 


En France, dans la gamme au dessus de 3000 €, il n'y a plus que 53 éléments, dont pas mal de débutants en 2008 ou 2009 comme Literato, Spirit One, Astronomer Royal, Linda's Lad, Falco, Stormy River, Linngari) ou certains de plus fameux chevaux d'obstacle (Astarabad, Sleeping Car, Saint des Saints, Turgeon, bientôt Martaline).

Parmi les autres, ceux représentés à Deauville en étant encore vivants et sur notre sol sont finalement assez nombreux en pourcentage. Il y a ainsi American Post, Anabaa Blue, Archange d'Or, Della Francesca, Desert Style, Enrique, Green Tune, King's Best, Kingsalsa, Lando, Layman, Libbrettist, Muhtathir, Numerous, Panis, Poliglote, Russian Blue, Sinndar et Slickly. Cela fait 19 étalons avec 75 produits, dont le fameux frère de Silver Frost par Poliglote.
Et encore, on pourrait y rajouter les yearlings d’Elusive City, pas encore arrivé, Vettori et Xaar, exportés, ou autres Anabaa, Highest Honor, High Yield, Marchand de Sable et Kendor, tous morts.

En moyenne, même s'ils voient leur passer devant le nez des centaines des meilleures juments françaises partant offrir leur corps aux mâles irlandais, ces étalons faisant payer leurs services plus de 3000 € profitent mathématiquement une jumenterie plus "bourgeoise".

Voilà ce qui fait à la finale l'établissement bien complexe d'un catalogue de vente qui veut tenir un rang international dans le contexte géographique de la France.

 

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