Auteuil : derrière les courses, les ventes d'élevage

17/11/2010 - Ventes & Shows
Dimanche 7 novembre au soir, sur l’hippodrome d’Auteuil, à la sortie du Week-End International de l’Obstacle, les commentaires allaient bon train sur les éclairs de classe du jour. Mais aussi, et plus étonnamment, sur les ventes d’élevage d’Arqana à venir. Début décembre, Hygie – la mère de Rubi Ball –, et Princesse d’Anjou – la championne d’Auteuil devenue poulinière – passeront sous les feux des enchères.  

Il fallait montrer une l’aptitude écrasante pour le terrain lourd en ce premier dimanche de novembre à Auteuil. Encore un peu plus que samedi. Encore faut-il préciser et qualifier ce « lourd » : un lourd jeune, bâti en toute hâte dans les dernières heures sous les assauts incessants de la pluie parisienne. Un lourd gorgé d’eau en sa surface. Tanaïs du Chênet, Kauto Stone, Rubi Ball et Kap Dream ont néanmoins mené à terme leur mission dominicale. A ce jeu, Kauto Stone et Kap Dream ont montré une aisance peu commune, comme ci la profondeur à laquelle s’enfonçaient leurs membres n’existait pas ; ou n’était qu’illusion d’optique.

 

 

Kauto Stone se sort à merveille du terrain très profond d’Auteuil dans le Prix Maurice Gillois



Les courses ont donc, dans ces conditions difficiles, apporté leur lot d’héroïsme. De drame aussi, telle la mort de Pommerol tombé au rail ditch et resté bloqué dans sa fosse. Un rail ditch qui s’est offert comme un linceul.
Pourtant, il fallait voir derrière les courses, dimanche, à Auteuil. Sitôt la victoire écrasante – quinze longueurs – de Rubi Ball dans le Prix La Haye Jousselin (Gr.1), les langues se délient, les regards s’allument, les mains froissent machinalement les programmes. Quelle est cette excitation ? Elle est toute entière contenue dans une phrase qui se répète sur les lèvres de quelques fins connaisseurs de l’obstacle. « La mère de Rubi Ball passe en vente à Deauville. » Effectivement, Hygie, la mère de Rubi Ball, est inscrite au catalogue de la vente d’élevage de décembre d’Arqana. Avec le numéro 816, Hygie sera même précédée de quelques numéros (le 798) de son dernier rejeton, Action Ball. Les raisons de cette opportunité pour les acquéreurs potentiels ? Elles tombent sous le coup de la formule civile et passe-partout de « dissolution d’association ». En l’espèce, l’association constituée de Pierre Duvignaud et Jean-Louis Berger.

 

 

Rubi Ball en démonstration dans le Prix La Haye Jousselin

 

 

Certains éleveurs du Centre-Est s’ouvrent à la confidence. « J’ai contacté Pierre Duvignaud pour faire une offre quand j’ai su qu’Hygie était à vendre. Je sais que je n’ai pas été le seul mais maintenant qu’elle est inscrite aux ventes de Deauville, c’est une autre histoire… »
Elevée par Jean-Louis Berger et appartenant à la grande souche d’Etoile du Berger III – celle à l’origine de Rolling Ball, Useful, Ratabour, etc. –, Hygie a 15 ans. Ses actifs à l’élevage sont plus qu’éloquents. En sus du champion actuel Rubi Ball (Network / 918 000 euros de gains), elle a aussi donné la bonne Quecy de Chadzeau (Network / 161 000 euros de gains) et l’intéressant Mably de Chadzeau (Dom Alco / 88 000 euros de gains). Hygie est vide de Malinas mais il reste indubitable que sa force d’attraction sera importante sur le ring de Deauville, le mardi 7 décembre. Tout comme son yearling Action Ball qui n’est autre qu’un propre frère – encore entier – de Rubi Ball et Quecy de Chadzeau.

 

 

Jean-Louis Berger

 



Un événement appelé « Princesse d’Anjou »

L’histoire de Princesse d’Anjou est évidemment toute autre. Contrairement à Hygie qui n’avait pas couru, cette pur sang propose un palmarès d’exception comptant notamment deux Grands Steeple-Chase de Paris et un Prix La Haye Jousselin. Avec un total de six victoires, trente-quatre places et 1 734 000 euros de gains, Princesse d’Anjou est même la compétitrice (entendre dans le seul rang des femelles) la plus riche de l’histoire de l’obstacle en France. Les motivations qui ont porté son entourage à s’en défaire sont là aussi différentes de celles de celui d’Hygie. Propriétaire de la jument de 9 ans, Jean-Paul Sénéchal – qui a perdu son leadership dans le classement des propriétaires pendant le Week-End International de l’Obstacle au profit de la famille Papot – n’est pas éleveur. Et il n’a pas tenu à faire une exception pour sa championne. Pleine de Martaline, Princesse d’Anjou est le meilleur produit de Nononito et d’une fille de Garde Royale. Elle a pour frère Roi de Paix (Freedom Cry), un lauréat de petits handicaps à Auteuil et Enghien, devenu performant sur le tard à Cagnes-sur-Mer.

 

 

Princesse d’Anjou lors d’une de ses victoires dans le Grand Steeple-chase de Paris



La présence d’une telle championne à une session de vente publique est un événement et remet en mémoire les propos de Jean-Marc Lucas, acheteur avec Robert Collet de Royale Athenia, en décembre 2008 à Deauville, pour la somme de 300 000 euros. « Je suis venu pour cet unique achat. Je l’ai achetée en association avec Robert Collet dans le cadre d’une amélioration de notre cheptel de poulinières. Nous allons pouvoir faire du bon travail avec cette championne. » Mais pour faire le bon travail dont parle Jean-Marc Lucas, il faudra aussi avec Princesse d’Anjou savoir bourse délier…

En restant circonscrit aux seuls Groupes et Listeds de dimanche à Auteuil, on trouve également, dans le catalogue d’élevage de Deauville, d’autres apparentés aux placés de ces grandes épreuves. Il y a ainsi Message Personnel, une sœur de Still Loving You, deuxième du Prix Maurice Gillois. Et aussi Chic et Zen et Solana Beach, sœurs de Top of The Sky, quatrième du Prix La Haye Jousselin.
 

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