Ventes d'élevage: mais où est donc passée la crise ?

06/12/2010 - Ventes & Shows
Ceux qui sont nés après 1974, date du choc pétrolier, n'ont toujours entendu parler que de ça: la crise. Mais encore plus depuis 2008, et 2010. Des pays européens, bientôt la France, au bord de la faillite…Et pourtant, le marché deauvillais, sur la côte normande, traverse les tempêtes aussi facilement que la tristesse survole les vagues à l'âme.

 

Même si la journée a été plus calme que la 1e, de folie, la marché de décembre de Deauville a connu une réussite spectaculaire. Quelques chiffres suffisent à traduire la tendance. 30 sujets ont atteint ou dépassé le cap symbolique des 100.000 €. Il fallait s'attendre à faire de beaux scores, grâce à quelques perles qui ont formé un sacré quinté, du genre qu'on ne voyait d'habitude que de l'autre côté de la Manche, à Newmarket. Ainsi, le 22 Première Création, mère d'Anabaa's Creation et Leo's Starlett présentée pleine de Sea The Stars a fait 360.000 € pour les nouveaux venus de SF Bloodstock, la jeune 2 ans Pontenuovo (n°128) a fait 450 000 € pour le courtier Robert Brown (Blandford Bloodstock), puis les japonais se sont éclatés sur les 3 plus gros prix. Pour le compte de Shadaï Farm, Patrick Barbe a acheté Le Boum (n°121), bien connue multiple gagnante de Groupe, mais tout de même âgée de 7 ans, pour 700.000 €, avant de faire le top price, Célimène, jument semi-classique chez carlos Lerner. Battu par ses contemporains, Katsumi Yoshida a remporté le morceau avec les 750.000 € de Lune d'Or (n°137), gagnante de Gr.1, présentée pleine de Galileo. A préciser qu'il ne faut pas confondre ce Yoshida avec la famille Yoshida de Shadaï Farm, qui domine la scène hippique nippone depuis plus d'un siècle. On disait que les japonais, après avoir acheté en masse dans les annés 70 et 80, vivaient désormais en autarcie. C'est faux, ce qui s'était d'ailleurs déjà vu sur le marché de l'élevage de Keeneland aux Etats-Unis en novembre.

Les japonais face aux nippons

Bon d'accord, il y a toujours du monde pour la très grande qualité, quelle que soit la situation économique. Et en tant de crise, les riches deviennent plus riches, les pauvres deviennent plus pauvres, et la classe moyenne redescend de l'étage jusqu'où elle était péniblement monté. C'est cela qu'il faut le plus remarquer sur ce marché. A part les juments pleines de ténors comme Galileo ou Sea The Stars, qui sont toujours des exceptions, ce qui semble le plus facile à vendre est une femelle de 3 ans, bien née qui sort juste de l'entraînement, même sans performances, et même sans avoir été saillie. Pourtant, c'est typiquement le genre de produits sur lesquels la perspective de rentabilité est la plus lointaine. Il faut d'abord que la pouliche remplisse au printemps, que ne naisse pas une femelle jaune et tordue, que la jument se révèle maternelle avant que le bébé grandisse sans encombre. Cela n'empêche pas ces produits de partir facilement pour des gammes de 30.000, 40.000 ou même 50.000 € en moyenne. Et encore plus si elle porte le sceau "Aga Khan", la garantie du bon prix "Ca fait quand même 250.000 boules!" s'exclame Alain Chopard, du Haras des Faunes, qui a les pieds sur terre et sait encore compter en francs français.

Impulse: laissez le charme agir


Il y a qui comptent différemment de nos jours, et notamment qui le disent en anglais. Des gens riches, des industriels, des entrepreneurs qui dans leurs affaires font preuve d'une grande rigueur intellectuelle et financière, comptant chaque centime, et qui dès lors qui se retrouvent dans un ring changent de visage, quitte à avoir des comportements infantiles, envoyer vers la tribune des enchères pour des dizaines de milliers d'euros comme on envoie au ciel un mouchoir plein de pleurs. Ca allège. C'est l'annonce fracassante de la part d'Edouard de Rothschild de l'augmentation des allocations de 3% des courses en France ? Non, sinon que l'hexagone apparaît comme un paradis protégé du cheval par rapport à d'autres pays comme l'Irlande, en pleine déconfiture. C'est que face à un beau cheval, ou plutôt en l'occurrence à une jolie pouliche, il faut laisser le charme agir. Et cet effet Impulse ça marche encore.
 

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