Sulamani ou le saint léger

23/09/2009 - Zoom Etalon
Il n'est guère fréquent pour un étalon de produire un gagnant de Gr.1, qui plus est un classique, dès sa 1e génération. C'est ce que vient de réussir Sulamani avec Mastery, vainqueur du St Leger de Doncaster.

 

Sulamani et la France, c'est une longue histoire. Elevé par la famille Niarchos, ce frère cadet de Dream Well par le pas tant commercial mais très efficace Hernando a commencé sa carrière chez Pascal Bary. Il a gagné un Prix du Jockey-Club, un vrai, un beau de l'ancienne formule, seulement 7 semaines et 4 courses après ses débuts, finissant tel une fusée à l'extérieur pour crucifier Act One dans les 50 derniers mètres, et faire s'étrangler Jonathan Pease. Son Arc de Triomphe a lui aussi été sensationnel. Toujours délicat, il a refait le champ de course dans la ligne droite, mais pas assez pour rattraper l'inattendu Marienbard. Les mots de Pascal Bary après course, arguant que Godolphin sortait tous les ans un cheval d'on ne sait où pour la course (1 an après Sakhee), sont restés dans les mémoires, d'autant plus qu'aussitôt, Sulamani a quitté ses boxes, en compagnie de la belle Loving Kindness (fille de Coup de Génie).

 

Sulamani

 

6 victoires de Gr.1

 

Cette dernière n'a jamais rien fait ensuite, au contraire de Sulamani. En 2 saisons, à 4 et 5 ans, il a ainsi remporté la bagatelle de 5 Gr.1 supplémentaires dans 4 pays différents, de la Dubaï Sheema Classic au Canadian International en passant par les Juddmonte International, le Turf Classic et ce fameux Arlington Million où Storming Home a fait tomber Gary Stevens en passant le poteau en tête et a été distancé.

 

Un modèle fuselé


Les observateurs s'étonnaient régulièrement de son physique, genre "fend la bise". Cela tranche d'ailleurs avec l'image portée par son nom, qui est celui en Birmanie d'un grand temple bouddhiste, dont l'icône est donc plutôt bien portante et sereine. iIl n'empêche qu'en 2 ans de carrière sous la bannière bleue, en 11 courses, il n'a jamais fini plus loin que 5e. Et encore, c'était dans la Breeders'Cup Turf d'High Chaparral et Johar (dead-heat).

 

Sulamani aux Etats-Unis


 

Arrivé en France en 2008

 

Sulamani est donc entré étalon en Angleterre en 2005, avant d'arriver en France, au Haras du Logis en 2008, où il fait la double saison avec le Brésil. Cette année là, en 2008, sa 1e génération de 2 ans a eu un bon taux de réussite, avec 5 vainqueurs pour 9 partants. Mais à défaut de black-type, cela n'était pas suffisant pour sa gamme. Mais lui-même n'a jamais couru à 2 ans, pas plus que son frère Dream Well, alors il fallait bien attendre les 3 ans pour sa faire une idée. Pour l'instant, un seul est sorti du lot au niveau des caractères gras, mais pas des moindres.

 

Fils de Sulamani, Mastery (à gauche) gagne le St Leger de Doncaster devant son compagnon de boxe Kite Wood


 

Mais qu'est-ce qu'ils ont tous contre le St Leger ?

 

En effet, déjà vainqueur du Derby Italien (Gr.2), puis 3e du Grand Prix de Paris (Gr.1), son fils Mastery vient de porter son nom aux nues en gagnant le St Leger de Doncaster (Gr.1). Certains observateurs qui se croient fins s'amusent à descendre cette course tous les ans, comme tous les courses qui dépassent les 2400 m d'ailleurs, voire les 2000 m, de l'autre côté de la Manche si Yeats ne la dispute pas. Il est vrai qu'un gagnant de St Leger n'a aucune valeur commerciale en tant qu'étalon de plat. A ce niveau là, la finance ne dépasse même plus le sport. Elle l'écrase dans une grande farandole médiatique. Pourtant, le vainqueur de 2008, Conduit n'a rien d'un âne bâté, tous comme les Scorpion, Milan, Mutafaweq, Nedawi, Silver Patriarch, Shantou, User Friendly, Snurge, Reference Point, Moon Madness, Oh So Sharp, Commanche Run ou autre Sun Princess, qui ornent le palmarès de la course depuis 3 décennies. En grattant un peu dans celui des 2000 Guinées, on pourrait bien trouver quelques gloires faméliques. A chacun ses fantômes.

 

Mastery

 

Mastery est un petit fils de l'excellente sprinteuse d'André Fabre Cherokee Rose (Sprint Cup, Maurice de Gheest). C'est un des rares fils de  Sulamani qui s'est produit en France pour l'instant, délégué par Godolphin au Grand Prix de Paris. Notons qu'il a aussi un certain Isaman, 2 ans gagnant en débutant à Saint-Malo fin août pour Carlos Laffon-Parias, qu'on attend de voire confirmer.

Il faut aussi signaler qu'outre Dream Well, Sulamani a 1 autre frère étalon en France, Awakened, installé au Haras de Bernesq. Il y a donc 3 fils de Soul Dream étalon dans l'hexagone, ce qui est un cas unique actuellement.

Voir aussi...