"Chichi" est mort, l'orphelin Vision d'Etat doit reprendre le flambeau

20/01/2012 - Zoom Etalon
Son père, le très populaire Chichicastenango, s'est éteint à l'âge de 14 ans le samedi 14 janvier 2012 au Japon, 3 ans après son exportation. Le champion des pistes Vision d'Etat doit désormais assumer la charge du destin patriarcal, où chacun fait mieux que son auteur depuis 4 générations.

 

C'est une grande histoire qui se termine en queue de poisson, par une crise de coliques au Japon. Chichicastenango, né dans le Maine-et-Loire chez Gaëtan Gilles, qu'il l'a co-élevé avec la famille Ouaki (67%), n'avait pas dans ses veines le sang d'un prince. Il était issu de la toute première génération de Smadoun, un voisin installé à quelques kilomètres au Haras des Sablonnets après une bonne carrière de course en province, mais auquel tout le monde prédisait un sombre avenir au haras. Quant à la souche maternelle, notamment une mère par l'obscur Antheus : pas de quoi s'en relever la nuit.

 

Sous la selle d'Alain Junk, le gris Chichicastenango devance Anabaa Blue dans le Prix Lupin (Gr.1) en 2001.

 

Et pourtant, déjà bon à 2 ans, Chichicastenango marque les esprits au printemps 1991. De plus confié à Alain Junk, un jockey d'expérience mais du tout classique, car cantonné toute sa carrière aux petits poids des handicaps, le pensionnaire de Philippe Demercastel termine 3e dans le Prix Greffulhe, assez loin de Maille Pistol, puis surprend en gagnant le Prix Lupin (Gr.1) devant Anabaa Blue et Milan. Personne n'a oublié la lutte féroce qui l'avait opposé à Anabaa Blue, dont la fin avait été favorable à son rival, mais tout le monde a oublié son succès dans le Grand Prix de Paris (Gr.1), sur 2000 m, devant Mizzen Mast, puisqu'obtenu un mardi 26 juillet à huis clos à Longchamp, lors d'un réunion reporté, sans même les images d'Equidia, suite à une grêve.

 

Vision d'Etat après sa victoire dans la Hong Kong Cup



L'entrée au Haras de Victot de Chichicastenago a fait sourire les puristes, pensant que cette "erreur de la nature" ne saurait pas se répéter. Mais depuis son grand-père Kaldoun, en passant pas son père Smadoun, la destinée des pères s'est poursuivi comme par magie. D'emblée, avec sa 1e génération de 2 ans, il gagne un Gr.3, le Prix des Réservoirs à Deauville en plein pendant les ventes d'octobre avec Chinandega, issu de l'élevage personnel de Philippe Demercastel. Il fera encore mieux avec la 2e génération de 3 ans. Au début du printemps 2008 sort Chichi Creasy, qui devance Lawman dans le Prix Machado et dans le Prix de Fontainebleau (Gr.3). Celui-ci est aujourd'hui étalon au Haras du Grand Chesnaie. Quelques semaines plus tard, c'est Vision d'Etat qui devient un héros dans le Prix du Jockey-Club. Certains méprisent ce provincial qui a débuté aux Sables d'Olonne. Mais la suite de la carrière de Vision d'Etat, resté sous la casaque de Jacques Détré malgré les pétrodollars, a prouvé qu'il était un grand champion international (Prix Ganay - Prince of Wales's Stales - Hong Kong Cup).

 

 



Désormais orphelin, même si son grand-père Smadoun est toujours vivant, et même revivant (lire l'article) Vision d'Etat doit prendre le flambeau patriarcal, ce qui est tout de même où lourde charge. Lorsque les éleveurs ont découvert Vision d'Etat après son entrée au haras en janvier 2011, ils ont été assez décontenancés par son physique. Il sortait de l'entrainement, donc était léger, et par ailleurs ce n'est pas un grand cheval. Il suffit de la voir galoper au paddock pour reconnaitre l'équilibre parfait du champion, mais un "avion" n'est pas forcément aussi massif qu'un A380. C'est pour ça d'ailleurs qu'il y a des avions de chasse. Un an et une saison de monte plus tard, l'animal a changé physiquement, pris de la masse. C'est pourquoi le Haras de Grandcamp invite tout le monde, notamment à travers une campagne de pub sur Equidia, a venir voir "en vrai" Vision d'Etat au cours de la route des étalons, le week-end du 28 et 29 janvier.

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