Alain du Breil : Hawai du Berlais et l'ultime toque rouge de Maggie Bryant

22/05/2022 - Evénements
Elevée dans la Vienne par Jean-Marc Lucas, qui la possède toujours, Hawai du Berlais a gagné de toute une classe le Prix Alain du Breil (Gr.1) pour l'entrainement d'Arnaud Chaillé-Chaillé. Elle fait briller pour la toute dernière la toque rouge de la casaque de regrettée Magalen Bryant.

 

L'expression consacrée indique que cette journée est à marquer d'une pierre blanche, car selon la philosophie tibétaine, c'est le symbole des pensées positives. Mais en l'occurrence, ce dimanche 22 mai 2022, en ce jour de Grand Steeple-Chase de Paris que Maggie Bryant a remporté 3 fois de suite avec Milord Thomas et So French entre 2015 et 2017, sera plutôt symbolisée par une toque rouge. En effet, la propriétaire américaine est décédée en juillet 2021 à l'âge de 92 ans, rejointe 6 mois plus tard au paradis des courses par son fidèle conseiller David Powell. Elle était surnommé elle-même la dame au chapeau rouge, qu'elle arborait systématiquement sur les hippodromes qu'elle a fréquentée toute sa vie.

 

 

 

Hors, sa casaque bleue avec une toque rouge est apparue pour la dernière fois sur un hippodrome ce dimanche. Ce fut une sortie triomphale avec le succès d'Hawai du Berlais, déjà la championne des 3 ans lauréate du Prix Haras d'Etreham Bournosienne (Gr.2), renommée pour l'occasion...Prix Magalen Bryant. Montée toujours avec un grand calme par Pierre Dubourg, la fille de Martaline a été le 1e pensionnaire confiée par cette grande écurie à Arnaud Chaillé-Chaillé, et permet au maître entraineur de Royan de remporter le Prix Alain du Breil pour la 1e fois de sa carrière, en prenant la succession prestigieuse de Hermès Baie.

 


Le clan Bryant, en l'absence de la grande dame au chapeau rouge. (photos APRH)

 

S'ils étaient présents en grand nombre à Auteuil, comme ils le furent souvent par le passé auprès de la grande dame, les enfants et petits-enfants de Maggie ne partagent pas une passion aussi vivace pour les courses. Ils vont conserver un effectif, sous la casaque "Famille Bryant" avec une toque, mais ont passé en vente une 20aine de chevaux à la vente spécialement crée à cet effet avant-hier à Saint-Cloud avec Arqana.

 

 

Hawai du Berlais ne faisait pas partie du catalogue. Et pour cause. elle défend la casaque Bryant car elle lui a été louée par son propriétaire éleveur Jean-Marc Lucas. Le patron du Haras du Berlais, qui a repris une vaste domaine d'élevage crée par son grand-père dans le Poitou, et ramené en prairie après avoir été orienté vers la culture par son père, est un habitué de cette pratique avec ses femelles qu'il tient à récupérer en tant que poulinière après leur carrière de course. C'est ainsi qu'il a gagné 2 Gr.1 en 30 minutes, puisque juste avant ce Prix Alain du Breil, il avait déjà remporté le Prix Ferdinand Dufaure avec son autre élève Altesse du Berlais, louée aux journalistes Gianni Caggiula, Gilles Barbarin et Guillaume Luyckx, avec Palmyr Racing (Guillaume Macaire).

 

 

Jean-Marc Lucas a changé de régime depuis qu'il a décidé de laisser tomber son propre parc étalon (avec des éléments de sinistre mémoire comme Bonnet Rouge), pour envoyer ses juments aux meilleurs reproducteurs français, le plus souvent des confirmés. Ultra sélectionnée puisque limitée à une 15aine d'éléments, la jumenterie d'obstacle du Berlais est extraordinaire. Elle a constituée à partir d'achats parfois onérueux de femelles nés de très grandes familles. En l'occurrence, Altesse du Berlais est une petite-fille de la championne de Gilbert Gallot Royale Athenia, gagnante de Gr.1 à Auteuil (Prix Renaud du Vivier), acquise pour 300.000 € à Deauville au terme de sa carrière de course. Avant Altesse, elle avait déjà donné Sire, Colbert et Castle du Berlais.

 

 

 

Quant à la famille d'Hawai du Berlais, elle est arrivé dans le giron du Berlais depuis l'achat en 1990 de la 3e mère, Irona, 4 victoires, mais déjà âgée de 10 ans à l'époque et mère de 5 produits corrects mais sans envergure. Jean-Marc Lucas l'avait achetée parce qu'elle était fille de la championne Montecha, une gagnante du Prix Ingré (Gr.2) par le solide Iron Duke, et soeur de Mont Basile, lauréat du Prix Berteux (Gr.3) en plat avant de devenir un étalon respecté. Depuis, la souche a donné Saint Preuil et Cokydal. Pour le Berlais, Irona n'a pas brillé avec ses propres descendants, donnant seulement 3 vainqueurs modestes. Alors qu'il s'est débarrassée à juste titre d'une fille de Subotica (beurk) et vendu en Irlande une autre fille de Royal Charter, Jean-Marc Lucas a conservé uniquement au haras Anais du Berlais (Dom Pasquini) petite gagnante à Mont-de-Marsan.

 


Marc-Antoine Lucas (à droite), fils de Jean-Marc Lucas, est venu rejoindre Arnaud Chaillé-Chaillé et Pierre Dubourg sur le podium.

 

Comme on dit parfois dans le fond des prés, le talent a sauté une génération. Car Anais du Berlais est devenue une poule aux oeufs d'or avec plus d'un million d'euros de gains, mère de 7 vainqueurs dont 5 black-type : Jameson, Madison, Houston, Shanon et enfin Hilton du Berlais, fille de Saint des Saints, son 11e et dernier produit mis au monde alors qu'elle avait 18 ans. Déjà sous l'entrainement d'Arnaud Chaillé-Chaillé, et sous la casaque de Cécile Lucas, Hilton du Berlais a gagné le Prix André Michel (Gr.2) et s'est classée 3e du Prix Renaud du Vivier (Gr.1) derrière Hippomène et Roll on Has. Inutile de revenir sur la réussite de son défunt père Martaline, également auteur de Losange Bleu (Prix Aguado, Gr.2) et Altesse du Berlais (Prix Ferdinand Dufaure) en ce jour de Grand Steeple-Chase de Paris. Hawai du Berlais est issue de son avant-dernière génération.

 

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