Cheltenham 2024 : Lossiemouth témoigne que dans les années 90, on n'avait qu'un goût fade mais des éleveurs d'envergure

13/03/2024 - Actualités
A Cheltenham, la championne "FR" Lossimouth, fille de Great Pretender a triomphé dans le Mare's Hurdle (Gr.1), directement pour sa rentrée, un an après le Triumph Hurdle lors du festival 2023. Elle provient du croisement des efforts de deux grands éleveurs francophiles des années 90, l'autrichien RC Strausss et le suisse-allemand Adolf Bader, qui ont donné des couleurs à une décennie oubliée par l'histoire. En partenariat avec DYNAVENA

 

Il ne s'est rien passé dans les années 90. En tout cas rien de bon. Après la décennie des années 80, sorte de cuite permanente dans le mauvais goût porté à son pinacle, son pire extrême ou son sublime (selon les goûts), le monde a traversé un lendemain de beuverie pendant 10 ans, Mal engagée, la terre s'est arrêtée de tourner au suicide de Kurt Cubain, le chanteur et guitariste de Nirvana, le 5 avril 1994, pendant que la France parvenait à bout de souffle au terme d'un règne pathétique et cancéreux de François Mitterand, le seigneur des intellos de gauche, le prince des menteurs.

 

 

Et pourtant, dans ce contexte, deux rayons de soleil nourissaient l'espoir de lendemains qui chantent, en la provenance innattendue d'Autriche et de Suisse Allemanique, deux contrées plus connues pour leurs flèches du ski que leurs hilarants humoristes. Richard-Charles Strauss et Adolf Bader, deux vrais éleveurs propriétaires de plat, classiques, non commerciaux mais ayant donné tant de  bons chevaux sous des casaques très populaires auprès des turfistes. Or, ces 2 hommes sont clairement à l'origine de Lossiemouth, la belle grise élevée à l'Élevage des Vallons, à Montsurs en Mayenne par Cécile et Nicolas Madamet, associés à l'écossais Ian Kellitt, un ami de toujours.

 


Great Pretender en Angleterre, en juillet 2014, lorsqu'il a fait la monte une saison à Yorton Stud,

 

Ainsi, Richard-Charles Strauss, installé à Dallas aux Etats-Unis, associé de Jean-Pierre Binet et Robert Collet a élevé le père Great Pretender, un fils de King's Theatre. Le formidable étalon du Haras de la Hêtraie, qui n'a jamais été reconnu à sa juste valeur parce que les anglais ne l'aiment pas assez (encore une faute de goût !), n'est pourtant pas issu des grandes lignées "Strauss" qui descendent des mères fondatrices Mill Princess, Arctique Royale et Perle Marine.

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En effet, Great Pretender descend d'une famille de Sir Robin McAlpine, cette de la grand-mère Aborigine qui lui a produit les très bons Songlines (Prix Niel, Gr.2) et Dame Kiri (Prix des Tourelles, Listed). La mère de Great Pretender, nommée Settler (Darshaan) n'est arrivéee chez RC Strauss qu'après sa carrière de course chez Robert Collet sous la casaque d'Antoine Ségura. Certes non black type, Settler a tout de même gagné 5 courses plates, plus le Prix des Citronniers pour les 3 ans sur les haies de Cagnes/Mer.

 


Richard-Charles Strauss, l'éleveur de Great Pretender

 

Devenue poulinière pour Strauss dans son haras irlandais de Kilfrush Farm, sous la direction de Brendan Hayes, Settler s'est transformée tout comme ses voisines en machine à produire des gagnants. Elle a fait 4 black types : Winter Dream (Listed), Settler's Son (Listed), Ange Gardien (2e Listed) et donc Great Pretender. Ce dernier a eu la grande particularité d'avoir gagné 2 fois à Auteuil, les Prix Achille Fould (L) et Marittimo, après avoir terminé 2e du Prix Noailles (Gr.2) et 4e du prix du Jockey-Club (Gr.1). Recruté par Pascal Noue, Great Pretender a mis beaucoup de temps à se faire reonnaître, ayant même voyagé à travers la France, à époque jusqu'au Haras de la Clayette en Saône-et-Loire, ainsi qu'en Angleterre à Yorton Stud. C'est aujourd'hui le père de Lossiemouth, Dortmund Park, Benie des Dieux, Greanateen, Great Field, Ptit Zig et Grand d'Auteuil, pour ne citer que les gagnants de Gr.1 !

 


Adolf Bader et sa fille Monicka Bader après la victoire de Marie de Ken, montée par Sylvain Guillot dans le Prix Fille de l'Air (Gr.3) à Evry. On retrouve ici la même souche que Lossiemouth et la même robe grise.

 

Pour donner naissance à Lossiemouth, Great Pretender a rencontrée en 2018 sa mère Mariner's Light (Gentlewave) pouliche achetée très judicieusement yearling en 2010 pour 8000 € seulement à l'amiable. Elle était présentée par le Haras de Tourgéville (Antoine Lepeudry), qui avait récupéré la mère Lady Glitters (Homme de Loi) auprès de son éleveur Adolf Bader, lorsqu'il réduisait son effectif, 10 ans avant de disparaître à 98 ans en 2014.

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Riche industriel de Suisse Alémanique, Adolf Bader a eu ses premiers chevaux à la fin des années 50 à Maisons-Laffitte à l'entrainement chez son compatriote Kurt Ippen puis s'est lancé dans l'élevage en 1972 en achetant le Haras de Mesnil-Vicomte dans l'Orne. Sa casaque bleue à pois blanc brillera avec ses élèves au plus haut niveau pendant de longues années. Et si Kendor, le futur chef de race des étalons français après avoir gagné la Poule d'Essai des Poulains, fut sans doute son chef d'oeuvre, la souche de Lossiemouth est sans doute la plus prolixe et toujours vivace de toutes ses familles maternelles.

 


Lord Glitters, incvroyable compétiteur multiple gagnant de Gr.1, est un oncle de Lossiemouth.

 

Adlof Bader a avait acquis la jument de base Marie de Vez, pleine de Crystal Glitters, pour 560.000 F en mars 1988 lors de la fameuse vente de dispertion d'Alan Clore organisé par l'Agence Française à Deaville, conjointement avec Goffs en Irlande et Fasig Tipton aux Etats-Unis, via satellite, une technologie révolutionnaire à l'époque. Mère de 17 foals, Marie de Vez est à l'origine, directement ou indirectement, de Marie de Ken, Charmo, Ana Marie, Ana Americana, Morandi, Grey Glitters, Loupy Glitters, Dream in Blue, Petit Chevalier, Princess Zelda et tout récemment de l'inaltérable Lord Glitters...et donc de Lossiemouth.

Cette dernière avait heureusement été rachetée 14.000 € yearling avait d'être placée chez Yannick Fouin pour s'imposer dans le Prix Geographie à Auteuil en débutant en avril de ses 3 ans en 2022. Notons qu'elle est grise comme presque tous les membres de sa famille. Cette robe provient de Crystal Palace, le père de Marie de Vez.

Voir les principales lignées des poulinières de base de l'élevage Bader

 

 


Nicolas et Cécile Madamet avec le jockey Paul Townend


Le fantasque propriétaire Rich Ricci, un financier américain
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