On a retrouvé le crack jockey Michael Roberts en Afrique du Sud.

02/02/2018 - Actualités
 Après sa formidable carrière internationale dans les années 90, notamment en Europe en tant que 1e monte de Cheikh Mohammed Al Maktoum, l'ancien crack jockey Michael Roberts, partenaire de Mtoto, Lando, Intrepidity, Indian Skimmer, est rentré chez lui en Afrique du Sud où il entraîne désormais à Summerveld. En partenariat avec Green Equine Logistics.

Michael Roberts, surnommé "Muis" comme la souris en raison de sa petite taille.
 
 
Durant l'été de l'hémisphère sud, dans la région verte et humide de Durban, il pleut beaucoup, tous les jours. Pas de chance, pour le dernier jour du voyage en Afrique du Sud, les éléments se sont déchaînés au dessus du centre d'entraînement de Summerveld, interdisant toute sortie de caméra, jusqu'à l'apparition soudaine du soleil à 10H00, à l'heure où le travail sur les pistes se termine. Plus de 100 ml se sont abattus dans la nuit, à tel point que les entraîneurs doivent alléger les canters sur les pistes en sable ou aller sur la polytrack qu'ils détestent pourtant en général, tout comme la polytrack construite sur l'hippodrome de Greyville qu'ils trouvent trop dure et cassante pour les chevaux. Parmi eux, se trouve un tout petit bonhomme au fort caractère dont le visage et l'allure restent inoubliables pour quiconque ayant suivi les courses internationales dans les années 80 et 90. Agé de 64 ans, désormais entraîneur à la tête de 54 chevaux, Micheal Roberts est le meilleur jockey d'Afrique du Sud de tous les temps, titulaire de 11 cravaches d'or dans son pays. Notons d'ailleurs que ce pays est une source très généreuse en grands jockeys, de Basil Marcus à Douglas White en passant par Felix Coetzee, Karis Teetan (né à Maurice mais formé à Durban) ou autre Pier Strydom.
 
Car si les autres plus fines cravaches expatriées se sont imposées à Hong Kong, chose déjà difficile, Micheal Roberts est parvenu sur la plus haute marche du podium dans le temple des courses, l'Angleterre, où il a été sacré meilleur jockey en 1992 et où il a aligné les victoires de Gr.1,  à l'époque pourtant dorée des Pat Eddery, Steve Cauthen, Walter Swinburn et d'un jeune Frankie Dettori. " Grâce à l'appui d'un propriétaire sud-africain qui avait des chevaux en Angleterre, j'étais venu passer 6 mois chez Gavin Hunter en 1978. Je me suis lié d'amitié avec Alec Stewart, son assistant-entraîneur. En 1986, alors que j'avais 32 ans. J'avais envie de revenir en Angleterre pour y tenter ma chance après avoir décroché ma 11e cravache d'or en Afrique du Sud. J'ai rappelé Alec, devenu entraîneur, pour lui demander s'il voulait bien de moi dans son écurie et il m'a ouvert les portes."
 
C'était très difficile au début car les courses anglaises n'ont rien à voir avec les courses d'ici. J'ai énormément marché sur les pistes pour les comprendre. Au début, les jockeys anglais n'appréciaient pas du tout l'arrivée d'un étranger et ils faisaient tout pour me gêner dans le parcours. Mais j'ai eu la chance de gagner pour ma 1e monte et j'ai parcouru toute l'Angleterre tous les jours avec ma voiture pour monter le plus possible. Il m'est arrivé de traverser tout le pays pour une seule monte à Redcar, ce qui finalement me faisait perdre de l'argent vu la faiblesse des allocations. Mais du coup, ma capacité de travail a été rapidement reconnue par les professionnels anglais. Etant toujours présent et disponible, j'ai récupéré plein de montes volantes des jockeys qui étaient bloqués dans les bouchons à cause de la circulation toujours infernale en Angleterre. Quand leurs jockeys étaient absents à la dernière minute, les entraîneurs disaient : met Roberts, il va défendre nos chances."
 
 
 
 
 
A force de travail et d'abnégation, Michael Roberts a donc arraché sa place dans les vestiaires...comme solide jockey de seconde zone. Mais il va entrer dans un cercle classique très réduit grâce à Mtoto. " Ce cheval, qui était yearling quand je suis arrivé chez Alec Stewart, a changé ma vie quand j'ai gagné avec lui les Eclipse Stakes. J'étais alors devenu, aux yeux des anglais, un jockey capable de gagner un Gr.1, donc un vrai jockey.  Mtoto reste le meilleur cheval que j'ai jamais monté en Angleterre, un combattant exceptionnel. Nous avons  terminé 2e de l'Arc de Triomphe à une encolure de Tony Bin et c'est un immense regret pour moi car ce jour là, nous n'avons vraiment pas eu de chance pendant le parcours et je suis sûr qu'on aurait pu gagner la plus grande course du monde.
 
Tout s'enchaîne alors pour Roberts, le gros bosseur, qui commence à monter pour les plus grandes maisons de Newmarket, Geoff Wragg, Clive Brittain et même le grand maître Henry Cecil qui fait appel à lui pour remplacer Steve Cauthen lors de sa blessure. C'est ainsi qu'il se retrouve associé à la championne Indian Skimmer. En 1992, Michael Roberts sera le 1e jockey étranger des temps modernes (Irlande excepté) à décrocher la cravache d'or en Angleterre. " L'année suivante, je suis devenu le 1e jockey de Cheikh Mohammed Al Maktoum. Mais le contrat ne durait qu'un an et je le savais à l'avance, car John Gosden préférait Frankie Dettori et l'écurie Godolphin était tout proche d'être lancée. D'ailleurs, Cheikh Mohammed m'a fait visiter les 1e installations de Dubaï avant que les 1e chevaux viennent y passer l'hiver.
 
 
 
 
 
Voyageur par nature, Micheal Roberts sera le pionnier au Japon. " En 1997, j'ai été le tout premier jockey étranger à obtenir une licence pour l'hiver au Japon. Cette année là, nous sommes partis à deux avec Alan Munro." A Tokyo, Roberts avait déjà gagné la Japan Cup 1995 en selle sur le champion allemand Lando.
 
Victime d'une terrible chute à Wolverhampton en 2003, il a des vertèbres fracturées et suit les conseils de la médecine pour mettre un terme à sa carrière, à 49 ans. " Je suis resté en Angleterre pendant un an, dans ma maison de Newmarket que je possède toujours et où habite ma fille actuellement. J'adore le pays et pendant ma convalescence j'ai pris  le temps d'observer le monde des courses en dehors d'être jockey. Je suis allé à l'entraînement, j'ai passé du temps avec Aiden O'Brien par exemple.
 
Pour autant, contre toute attente, Micheal Roberts ne se lance pas dans l'entraînement à son retour au pays...mais dans l'agriculture. " J'avais acheté une grande ferme bovine dans les Midlands en 1986 en prévision de l'avenir. Pendant 4 ans, j'y ai fait du lait et de la viande. Mais beaucoup de gens venaient me voir pour m'encourager à mettre à profit mon expérience. Alors je suis revenu aux courses. Plus tard, je me suis installé à Summerveld tout simplement car c'est le meilleur endroit d'Afrique du Sud pour entraîner. Les pistes y sont bonnes et l'environnement très agréable pour les hommes et les chevaux.

 

Micheal Roberts avec son meilleur pensionnaire actuel : Muscatt, gagnant de 9 courses dont une Listed.
 
 
Depuis 10 ans qu'il est installé entraîneur, Roberts connait une bonne réussite avec des succès de Gr.3, Gr.2, Listed...mais pas de Gr.1. " Je ne suis pas encore arrivé à gagner ce Gr.1 qui me manque, mais j'essaie ! " Actuellement, son meilleur pensionnaire, Muscatt, a gagné 9 courses dont une Listed. " J'ai aussi une très bonne pouliche de 3 ans nommée, Statuete, par Dynasty, qui a gagné en débutant par 6 longueurs. Je fonde aussi beaucoup d'espoirs sur mes 2 ans. Je n'en ai jamais eu de meilleurs.
 
A 64 ans, Micheal Roberts regrette l'évolution des courses en Afrique du Sud, qui comme beaucoup d'endroit au monde qui ont laissé couler la situation, par exemple en France, souffrent d'une cruelle désaffection du public en dehors des 2 évènements majeurs de l'année, le Sun Met et le Durban July. "  Mes propriétaires ont 80 ans en moyenne ! Auparavant, tous les jours, les hippodromes étaient plein à craquer. La population noire notamment, adorait venir pour jouer de petites sommes certes, mais qui créait une véritable ambiance. Aujourd'hui, en semaine, les champs de courses sont totalement vides. Les casinos nous ont fait beaucoup de mal, mais peut-être pire encore, les téléphones. Ces appareils coûtent cher à l'achat et en consommation au quotidien, en temps et en argent.  Chez, tout mon personnel même les petits lads ont un smartphone. Cela leur coûte une fortune et ils n'ont plus d'argent pour aller s'amuser aux courses. Heureusement, nous avons une forte communauté indienne en Afrique du Sud, qui adorent le jeu et les courses.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
NOTES :
 
  • " Aujourd'hui, je n'ai pas de jockeys maison mais j'utilise les services d'Anthony Delpech et Anton Marcus, qui sont les 2 meilleurs à mes yeux. Mais j'aime aussi un apprenti nommé Ashton Herris qui me semble avoir beaucoup d'avenir."
     
  • Le mercredi 28 janvier 2018 sur le petit hippodrome de Scottsville, les organisateurs célébraient le " Michael Roberts" raceday. La meilleure course du jour, une Listed, était renommée le Michael Roberts Handicap et le crack jockey avait le choix de nommer les courses en hommage aux pilotes internationaux de son choix. Roberts a retenu Steve Cauthen, Pat Eddery, Lester Piggott, Bill Shoemaker, Johnny McCreedy, Frankie Dettori, Yutaka Take et Yves Saint-Martin. Il a ajouté un commentaire pour chaque personnage. Au sujet du français, il indique : " Sacré 15 fois cravache d'or, Yves a été le Lester Piggott des courses françaises. Il était toujours d'une élégance absolue, que ce soit à cheval ou dans la ville. Ce jockey parfaitement stylé avait un excellent sens du rythme et c'était toujours un vrai plaisir de le voir travailler.

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