Sodashi, le 1e cheval blanc vainqueur d'un Gr.1 dans l'histoire des courses !

La pouliche blanche Sodashi a dû jeter toutes ses forces dans la bataille pour résister d'extrême justesse à l'attaque de Christophe Lemaire en selle sur Satono Reinas, qui semblait bien avoir pris l'avantage. Mais la fille de Kurofune, un étalon déjà gris très clair, est restée invaincue pour sa 3e sortie et devient donc le 1e gagnant de Gr.1 de l'histoire des courses dans le monde. Sa mère Buchiko était déjà blanche tâchetée. Le Japon avait déjà sorti des chevaux blancs de très bonne qualité. En 2018, c'est en selle sur un cheval blanc nommé Maillot Blanc que Christophe Lemaire avait battu le record historique de Yutaka Take en gagnant sa 213e victoire de l'année.

Sodashi

L'an dernier, Hayayakko est devenu le 1e gagnant de Gr.3 de couleur blanche, dans les Leopard Stakes à Niigata. Cette fille de King Kamehameha n'est autre qu'un cousin de Maillot Blanc et de... Sodashi ! En effet, tout vient d'une certaine Shirayukihime, née en 1996 de 2 parents bai brun, Sunday Silence et Wave Wind, mais porteuse d'une mutation génétique qui l'a rendue blanche, toutefois avec des yeux bruncs. Très mauvaise en course, avec 9 échecs en autant de sorties, elle était toutefois bien née,  petite-fille de l'américaine Storm and Sunshine, multiple gagnante de Groupe. Cette famille provient de la légendaire matrone de Frédérico Tésio, Fausta, gagnante des Oaks mais aussi du Derby Italien face aux mâles, puis devenue la seule poulinière de l'histoire à avoir produit 3 propres frères gagnants de Derby (Meissonier, Melozzo Da Forli et Michelangelo).

 
Buchiko, la mère de Sodashi.

 

 Père de Sadoshi, et aussi grand-père maternel de ses 2 cousins, Kurofune était lui-même gris presque blanc, tirant sa robe de son aïeul Native Dancer, né aux Etats-Unis puis exporté dans l'empire du Soleil-Levant où il a remporté la Japan Cup Dirt. Ailleurs dans le monde, les chevaux blancs, ou de couleurs, pie, palomino, isabelle, etc...sont excessivement rares. Aux Etats-Unis, le Jockey-Club n'a recensé qu'une quarantaie de cas dans toute son histoire. Il y a eu un étalon de couleurs nommé Airdrie Apache, auteur d'un étalon blanc, Arctic White, qui a fait la monte près de Lexington dans le Kentucky il y a  10 ans. 

Shirayukihime, la grand-père de Sodashi.

En Angleterre, s'il y a eu une course complètement loufoque réservée aux chevaux gris le 16 aout 2016 à Newmarket, il n'existe qu'un seul cas à avoir couru dans le pays, devenu très bon d'ailleurs, nommé Russe Blanc qui a gagné le Classic Chase (Gr.3) sur 5800 m à Warwick. Ce dernier était français et descend de ce qui était jusqu'ici la meilleure souche blanche du monde, celle provenant de l'élevage de Mme de la Grandière et de Baudoin de la Motte Saint-Pierre au Haras du Pley.

 
Russe Blanc

Cette souche de chevaux multicolores descend de la championne de l'obstacle Blanche Fleur, elle-même blanche et née du seul étalon de l'histoire française, nommée Mont Blanc. Elle avait tout de même battu Metatero au Lion d'Angers. Elle a donné plein de bons chevaux, souvent élevés par Mme de la Grandière au Haras du Pley, dont Chemin Fleuri, Franc Fleuri, Pasquin Fleuri (qui fut étalon) et aussi un petit-fils nommé Far Far Away vainqueur de 4 courses plates à Nantes et à Chantilly en 2013.
 

Mont Blanc II, étalon né en 1963, d'où provient la meilleure souche d'obstacle blanche du monde.

Cette Blanche Fleur était l'une des quelques foals blancs produits par Mont Blanc II, né en 1963 dans la Sarthe chez Adolphe Besnard, vendu à Deauville à un propriétaire anglais. Gagnant de 2 courses outre-Manche, il a été racheté par le Vicomte Pierre de la Grandière qui l'a confié à Mme Jean Couturié, la fameuse propriétaire du Haras du Mesnil, puis il est mort à 18 ans au Haras de la Chaise. Outre Blanche Fleur, Mont Blanc II s'est distingué avec son fils Le Panache Blanc, 3e du Prix de Condé (Gr.3) à 2 ans en 1974, mais malheureusement disparu après un claquage à 3 ans.

 des cour

Silvery Moon, le 1e black-type multicolore en Europe

En Allemagne, ces dernières années, le fameux Silvery Moon a fait la une des titres de la presse-people du pays grâce à sa robe spectaculaire. Tout 1e cheval multicolore à devenir black type, étant placé de Listed à 2 ans et encore gagnant à l'âge de 7 ans, il avait été élevé en France par Mme Campbell, et présenté à Deauville yearling en octobre où il avait été acheté 12.000 € par le grand entraineur allemand Mario Hofer. Né en 2011, Silvery Moon est un fils d'I Was Framed (USA), inédit et seul étalon multicolore PS installé en France à l'époque, au Haras de Circée, pour le compte de la même Mme Campbell. A Chantilly, il existe un unique spécialiste de la question, Hervé Gruny, qui élève et fait courir sous son propre entrainement quelques spécimens.

Les chevaux gris restent rares dans le monde, sauf en France où ils sont devenus très fréquents à travers la descendance de The Tetrarch, un chef de race très étrange à la robe effrayante, au caractère dangereux, à la fertilité très faible, et qui est resté invaincu à 2 ans sans avoir couru ensuite pour cause de blessure. Il a transmis sa robe et marqué particulièrelment la France à travers le sang de son descendant Grey Sovereign (1948), inbreed 4x4 sur le chef de race né en 1911 et enterré à Ballylinch Stud en Irlande. Ce dernier a donné à la France les Caro, Kaldoun, Zeddaan, et donc les Highest Honor, Kalamoun, Kenmare, Kendargent, Linamix, Martaline etc... De fait, la présence d'un cheval gris dans une course est devenue quasi systématique alors qu'elle était un objet de curiosité il y a 30 ans.

 
The Tetrarch

En revanche, les chevaux multicolores restent très rares, surtout quand ils n'ont pas été conçus pour cela. Quelle ne fut donc pas la surprise d'Aurélie Fernandez et Nicolas Thireau ce printemps au Haras de la Perdrière quand ils ont vu l'allure d'une fils de Zanzibari et la grise Libore. Son éleveur Claude Le Lay l'a nommé Lib Apache, un clin d'oeil aux chevaux d'indiens qu'on a tous vus dans les westerns !
 

Né au printemps 2020 au Haras de la Perdrière, Lib Apache est officiellement alezan. Mais en vrai, ce fils de Zanzibari est un spectacle à lui-seul.