Grand Prix de Pau 2022 : avec Happy Monarch, on retrace toute l'histoire du Mesnil !

23/01/2022 - Actualités
Devenu le premier gagnant du Grand Prix de Pau pour François Nicolle cet après-midi, le beau Happy Monarch représente à lui seul l'histoire du Haras du Mesnil de ses éleveurs Antonia et Henri Devin. Ses 3 premiers pères de mères ont fait la monte là-bas, et sa famille, assez exceptionnelle, fleurit au Mesnil depuis les années 60 ! 

La victoire d'Happy Monarch dans le Grand Prix de Pau, c'est toute l'histoire du Haras du Mesnil qui refait surface ! (photo Robert Polin) 

 

A l'aube de ses 7 ans, le sympathique et surtout très beau Happy Monarch crée un peu l'histoire en offrant un premier Grand Prix de Pau (Gr.3) à son entraîneur François Nicolle, mais aussi à Bertrand Lestrade et à la famille Devin. Pour sa 135e édition, la plus belle course du Pont Long sacre ainsi le leader français de l'obstacle, à qui pas grand chose n'échappe ces dernières années... Ayant débuté sa carrière entier dans le Prix Rush à 3 ans avant d'être castré, Happy Monarch est un cheval versatile, alternant haies et steeple sur toutes sortes d'hippodromes, et s'offre son plus beau titre pour sa première participation à un groupe ! Le voilà lancé vers le Prix Robert de Clermont-Tonnerre (Gr.3) pour la rentrée d'Auteuil...

 

 

Happy Monarch représente la casaque de ses éleveurs, Antonia et Henri Devin. Elevant au Mesnil avec une réussite insolente ces dernières années, ils occupent les terres familiales de Henri Devin, où ses grands-parents Jean et Elisabeth Couturié ont fondé un petit empire en quelque sorte. Le Mesnil regroupait à l'époque les sites actuels du Haras de Maulepaire, et du "Mesnil moderne" de Henri et Antonia. Et lorsque l'on se penche sur le pedigree d'Happy Monarch, c'est toute l'histoire de ces lieux qui ressort année après année...

Le Mesnil, un lieu chargé d'histoire avec ici la visite de la reine d'Angleterre en 1967 

 

La 1ère trace de la souche au Mesnil se retrouve au milieu des années 60 avec une certaine Quiriquina, fille de Molvedo élevée par Elisabeth et Jean Couturié. En remontant encore plus loin, c'est en fait une famille de J.E Widener, connue pour être l'éleveur du célèbre Wild Risk. Inconnue en piste, Quiriquina deviendra la mère de Trepan, excellent miler chez François Boutin qui est ensuite revenu faire sa carrière d'étalon au Mesnil. L'une des deux seules filles de Quiriquina, Trephine, s'est ensuite fait connaître chez la famille Moussac en devenant la mère du champion en piste et au Haras Trempolino, dont le sang s'est avéré améliorateur en obstacle. Son autre femelle, Batouta, fut une piètre coursière, mais une poulinière déterminante au Mesnil. Très "rare" au haras, elle a 3 produits d'affilée au début des années 80, avant de ne plus faire poulain pendant 8 ans ! Quelle chance donc, et quel miracle, qu'elle n'ait eu qu'une seule femelle, la fameuse Ballyshannon, grande matronne de la famille Devin. 

 

Le célèbre Trempolino, un lointain cousin de Happy Monarch 

 

Sous les couleurs de Henri Devin, et l'entraînement à l'époque de Nicolas Madamet, Ballyshannon n'allait pas bien vite en piste... mais a quand même réussi à gagner sa course à Ecommoy. Pour vous dire, on n'y galope même plus de nos jours. Ballyshannon était un pur produit du Mesnil, puisque son père Rex Magna fut l'un des étalons du Haras. Lui même fils de la légende maison Right Royal, phénoménal champion qui avait attiré la reine d'Angleterre à visiter le Mesnil en 1967, Rex Magna a été un excellent compétiteur, remportant notamment le Greffulhe (Gr.2) et le Royal Oak (Gr.1). Rentré au Haras en 1979, il est parti à la fin des années 80 en Hollande, où il finit par saillir des juments pour le sport hippique. Revenons à notre Ballyshannon, qui s'est révélé avec plusieurs bons chevaux au Haras dont le crack cagnois Pampalino, mais aussi la gagnante de groupe à Auteuil Ladies View, grand-mère d'Happy Monarch. Elle est bien sûr fameuse pour être la grand-mère de Shannon Rock, célèbre poulidor du Grand Steeple et vainqueur de la Haye Jousselin en 2013. 

 

Shannon Rock entouré par la famille Devin après son succès dans le prix la Haye Jousselin en 2013 (aprh)

 

Ladies View, cousine donc de Shannon Rock, était elle une fille de Comrade In Arms, également étalon au Mesnil après une carrière de course atypique. Il a en effet commencé sur le mile, en remportant le Prix Messidor (Gr.3), avant de passer par un Gr.3 sur 1400m, pour finir sur le pur sprint. Il a ainsi conclu sa carrière en terminant 5e de l'Abbaye de Longchamp, battu d'une courte tête par le futur chef de race Green Desert. Ladies View fut de loin son meilleur produit en obstacle, et une remarquable poulinière, qui a très bien croisé avec Turgeon. Porte étendard du Mesnil pendant de nombreuses années, le gris a été l'un, si ce n'est le plus vieux étalon à saillir au monde, s'éteignant à l'âge canonique de 33 ans en goûtant encore au plaisir de la reproduction... Une fin digne d'un grand. 

 

Le légendaire Turgeon, photographié ici à 32 ans dans les prés du Mesnil, apparaît bien sur dans le pedigree de Happy Monarch en tant que père de mère 

 

Et l'on arrive donc à Ladies Choice, la mère de Happy Monarch, gagnante du Prix Fleuret (Gr.3) chez Guillaume Macaire. Elle aussi fille de Turgeon, elle est la propre soeur des mères de Ladyville, Dream Wish ou encore Invincible Dina, autant de bons élèves de la famille Devin. La souche a globalement croisé à merveille avec Turgeon, puisqu'une lointaine cousine nommée Idaho Falls, fille du sire grisest devenue la mère du champion Allaho. Il est né à quelques kilomètres du Mesnil, chez Eric Leffray. Fils de Saint des Saints, que l'on a vu cet après-midi en grande forme au Haras d'Etreham durant la Route des Etalons, Happy Monarch est le frère de deux excellents sauteurs outre-Manche, Lord du Mesnil et Saint Palais. L'histoire de ce Grand Prix de Pau aurait pu être tout à fait différente, puisqu'il était inscrit à la fin de son année de 3 ans à la vente 100% obstacle OSARUS... et finalement absent ! D'une souche extraordinaire cultivée depuis des générations à une simple absence, il fallait donc bien plus que des coincidences et hasards pour que François Nicolle gagne son premier Grand Prix de Pau... A méditer. 

 

 

Aux côtés de François Bayrou et de Jean Biraben, sponsor historique de la course avec Biraben Foie Gras, Fabienne et François Nicolle se souviendront de leur premier Grand Prix de Pau !

 

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