Equinox, un nouveau crack qui offre à Christophe Lemaire son 3e Arima Kinen
En Europe, on a tendance à penser que la course la plus importante du Japon est l'internationale Japan Cup sur l'hippodrome principal de Tokyo. Erreur grave. LA course à gagner, c'est l'Arima Kinen, qui se déroule à Nakayama, hippodrome de la grande banlieue de la capitale, qui a la particularité d'être pluridisciplinaire et d'accueillir au printemps la Nakayama Grand Jump, le Grand Steeple nippon. L'Arima Kinen, qui offre plus de 3 millions d'euros au vainqueur, c'est l'Arc de Triomphe de l'extrême-orient, la course qui génère le plus d'enjeux au monde avec la particularité que 10 des 16 concurrents sont désignés par un vote du public !
A 43 ans, Christophe-Patrice Lemaire s'offre une 3e victoire dans l'Arima Kinen, 17 ans après son 1e succès en 2005 avec Heart's Cry.
Ouverte aux étrangers depuis 1999, mais avec la condition perfide d'avoir déjà gagné une grande épreuve sur le sol nippon, ce qui n'a jamais permis la moindre candidature internationale, elle sourit en revanche aux jockeys français. Après les 3 victoires consécutives d'Olivier Peslier entre 2002 et 2004 (Symboli Kris S par 2 fois, puis Zenno Rob Roy), Christophe Lemaire avait fait une entrée en matière fracassante dans l'Empire du Soleil avec le succès d'Heart's Cry face au héros national Deep Impact, en 2005 devant une foule record de 160.000 personnes, soit la capacité maximale de l'hippodrome. En 2016, un an seulement après son installation définitive au Japon, Christophe-Patrice Lemaire l'avait de nouveau emporté avec Satono Diamond.
Equinox, devant plus de 100.000 personnes à Nakayama
Depuis, "CP" a décroché 5 cravaches d'or consécutives de 2017 à 2021. Actuellement 5e au classement, à plus de 20 points du leader Yuga Kawada, il n'a aucune chance de décrocher un 6e titre national mais prend une superbe revanche avec ce 3e succès, à 43 ans, dans l'Arima Kinen. D'autant plus que notre ami Christophe, toujours aussi sympathique et qu'on a hâte de retourner voir avec sa femme Barbara et ses enfants, semble être tombé sur un crack : Equinox.
Enorme cheval noir avec une large liste en tête, il était déjà au dessus du lot dans le dernier tournant et a déposé tout le peloton dès que son jockey a ouvert les doigts, sans même avoir besoin de mettre un coup de bâton bien sûr. Au printemps, Equinox, assez précoce pour avoir gagné un Gr.2 à 2 ans, faisait figure de dauphin puisqu'il avait conclu 2e de la Poule d'Essai (Satsuki Sho) de Geoglyph, puis 2e du Derby derrière Do Deuce. Ce dernier n'est plus là, puisqu'il est tristement venu subir une bérézina en France (4e sur 7 du Niel puis avant-dernier de l'Arc de Triomphe). Equinox, a quant à lui pris de l'envergure puisqu'il enchaîne ici l'Arima Kinen, la seulement 6e sortie de sa carrière, avec le Tenno Sho de l'automne (Gr.1).
Kitasan Black, lauréat de l'Arima Kinen pour sa dernière sortie en 2017 avec Yutaka Take.
Portant les couleurs de Silk Racing, tout comme avant lui la crack Almond Eye (9 Grs.1 dont 2 fois la Japan Cup, dejà avec CP Lemaire), Equinox a été élevé par Northern Farm, le haras de Katsumi Yoshida (le frère de Teruya). Il succède au palmarès de cet Arima Kinen à son père Kitasan Black, lauréat en 2017 avec Yutaka Take et qui démarre donc très fort avec sa 1ère génération de 3 ans. Kitasan Black, relativement inconnu en France mais tout de même lauréat de 7 Grs.1 de 3 à 5 ans, dont la Japan Cup. Kitasan Black fait partie des 32 étalons de Shadaï Farm, la plus grande station d'étalons de top niveau au monde. C'est un fils de Black Tide, un gagnant de Gr.2 mais sujet au demeurant modeste jusqu'à 7 ans, qui a obtenu sa place au haras du fait d'être le propre frère de Deep Impact, donc aussi par Sunday Silence.
Bellypha, un étalon important en France puis exporté au Japon en même temps que sa soeur Blanche Reine, future 4e mère d'Equinox.
Son frère ainé Weiss Meteor a gagné un Gr.3, tout comme sa mère Château Blanche (King Halo). Quant a son grand-oncle Blandices, il a remporté, dans un autre style, le Nakayama Grand Jump ! Cette famille est française à la base, provenant de l'élevage de l'écurie Aland (Alec Head et Roland de Chambure). La 3e mère Maison Blanche (Alleged) a traversé la planète dans le ventre de sa mère Blanche Reine, une soeur de l'important Bellypha et le plus modeste Bellman. Père de Mendez, Silvermine et bien d'autres, Bellypha (Lyphard) a été un étalon à succès au Haras du Quesnay avant d'être vendu au Japon à 13 ans en 1989. Sa soeur est donc partie en même temps, sans doute dans le cadre d'un package bien négocié.
A noter qu'avant de quitter l'hexagone, Blanche Reine venait de donner naissance à Balleroy (Kaldoun), un dauphin de Sillery dans le Prix Jean Prat (Gr.1) chez Jean de Roualle, qui a fait une carrière respectable comme étalon aux Haras Nationaux (Odeillo du Mathan, Seba Le Roi, La Reine Chic, Atlantique Nord, Narquois).
