De femme-jockey à entraîneur, Céline Lequien continue de collectionner les succès

23/03/2023 - Actualités
Ancienne femme-jockey émérite, Céline Lequien s’est installée entraîneur à Senonnes il y a 2 ans. Et la jeune femme se montre tout aussi douée sous sa nouvelle casquette, elle qui vient de remporter 4 courses en l’espace d’un mois ! 
Céline Lequien à la tête de Nomade après sa victoire en débutant sur les haies d’Angers, sous la selle de Damien Thomas
 
 
Avec 4 victoires et 9 places en 19 partants cette année, on peut dire que la saison commence très bien pour Céline Lequien. La Senonnaise de 26 ans a sorti plusieurs jeunes chevaux prometteurs à l’image du 4 ans Nomade (Castel Sant’Angelo), gagnant pour ses débuts sur les haies d’Angers le 18 février, ou encore du 3 ans Karaktère d’Enfer (Karaktar) qui a été battu du minimum lors de sa première sortie en haies à Fontainebleau, le 15 mars. Elle nous a expliqué : « Nomade est à l’écurie depuis longtemps, mais il est très tardif. Nous l’avons emmené courir à Auteuil ensuite dans un bon lot sans réelle ambition, si ce n’est celle de prendre un petit chèque, et il s’est comporté honnêtement en s’emparant de la 7e allocation. Quant à Karaktère d’Enfer, il est là seulement depuis le mois d’août ; c’est un poulain que j’ai acheté lors du Show Lumet Arqana. »
 
Karaktère d’Enfer (casaque jaune et rouge) lors de ses bons débuts à Fontainebleau, où il a perdu la victoire sur le fil © APRH
 
 
Le géniteur de Nomade, Castel Sant’Angelo (Medaglia d’Oro), fait d’ailleurs la monte près de Vaiges (53) chez Hugues Lequien, le père de Céline. Malgré une production très réduite, ce cheval inédit a de très bonnes statistiques au haras : parmi ses 8 produits vus en piste, il a donné 3 gagnants individuels dont 2 entraînés par Céline, et 1 par sa grande sœur Laurie ! Castel Sant’Angelo officie au tarif très attractif de 800 € : « Mon père l’avait acheté à un éleveur du Nord. Castel Sant’Angelo n’a jamais couru car il s’était cassé un os dans le pied lorsqu’il était poulain, mais il a de bonnes origines : sa mère, Pracer (Lyphard), a remporté le Premio Lydia Tesio (Gr.2) et est placée de Gr.1 aux États-Unis. Nous ne connaissions rien aux courses à l’époque et nous n’avions pas de bonnes mères, mais l’étalon a tout de même bien produit ! Cette année, il m’a donné un gagnant en obstacle et un autre en plat. J’ai aussi une de ses filles nommée Gaillette, qui a très bien débuté sur les haies de Fontainebleau l’autre jour en terminant 4e. »
 
Castel Sant’Angelo, l’étalon de la famille Lequien
 
 
En attendant de pouvoir acheter sa propre écurie, Céline loue des boxes à son ancien mentor Éric Leray, lequel n’a pas hésité à lui donner sa chance lorsqu’elle montait en course. La jeune femme a décroché 3 Cravaches d’Or féminines en obstacle dans l’Ouest, elle qui a notamment remporté le Grand Steeple-Chase de Nantes (L.) en 2019 avec Celtior (Racinger) : « C’est la plus belle course que j’ai gagnée mais j’ai plusieurs autres souvenirs marquants, comme ma victoire avec Tripolo (Victorieux) sur le cross de Craon. L’histoire est d’autant plus belle que le cheval avait failli mourir quelques années plus tôt : il avait perdu une centaine de kilos, et le vétérinaire lui avait diagnostiqué un cancer. Mais au bout de quelques mois, il s’est retapé tout seul au pré ! Autre souvenir mémorable, j’ai gagné 3 courses avec une jument entraînée par ma sœur et élevée par mon père, I Follow Rivers (Castel Sant’Angelo). » Céline est d’ailleurs la seule femme à avoir gagné sur le cross de Craon : c’était le 24 septembre 2017, pour l’entraînement d’Éric Leray.
 
Céline en selle sur Tripolo, lors de leur victoire en cross à Craon © Ouest-France
 
 
Céline a cessé de monter en course il y a un an et demi, une décision prise à contre-cœur : « À chaque fois que je tombais, je me faisais mal à la tête. J’ai arrêté de monter pendant 5 mois suite à un mauvais résultat, mais la compétition me manquait et je ne voulais pas rester sur une fausse note. Mon cheval de cœur, Beau Nora (It’s Gino), venait de reprendre l’entraînement chez Serge Foucher après une longue absence. J’ai demandé à Serge s’il voulait bien que je le monte pour sa rentrée, et nous avons gagné ! J’ai donc raccroché les bottes sur une victoire. L’envie de remonter en course me prend souvent, mais il y a trop de risques ... Comme je monte 8 ou 9 lots tous les jours, il vaut mieux que je fasse attention ! »
 
Céline et I Follow Rivers avec laquelle elle a gagné 3 courses, pour une réussite 100% familiale ! © APRH
 
 
Avec 16 pensionnaires à sortir chaque matin, la jeune femme ne chôme pas : « Je suis toute seule à cheval avec ma sœur, qui est prestataire de services. Je commence très tôt et je finis très tard, mais le fait de ne pas avoir de salarié me permet de mettre de l’argent de côté pour mon projet d’achat. Mes chevaux vont au marcheur avant et après chaque lot, ce qui me permet de pouvoir les sortir assez longtemps. Dès qu’ils ont besoin d’un peu de répit, je n’hésite pas à les remettre au champ. » Une méthode qui a porté ses fruits jusqu’ici pour Céline, qui aspire désormais à gagner une course à Paris … Ce qui ne devrait pas tarder !
 

Céline à l’entraînement sur les pistes de Senonnes 

Voir aussi...