Grand Steeple Chase de Paris : Rosario Baron par delà les idées reçues

22/05/2023 - Actualités
Eclatant vainqueur du Grand Steeple Chase de Paris pour Daniela Mele et avec la maestria de Johnny Charron en selle, Rosario Baron va bien au-delà des idées reçues. Venu de Pau, après un parcours atypique, ce fils du catastrophique Zambezi Sun offre le Grand Steeple à la famille Baron... qui n'a qu'une jument à la maison ! Avec Dynavena. 

Rosario Baron, un vainqueur de Grand Steeple étonnant de bien des façons pour Daniela Mele et Johnny Charron ! (aprh)

 

Les grands penseurs de l'élevage et des courses en général doivent s'en arracher les cheveux, pour peu qu'il leur en reste. Dans le Grand Steeple Chase de Paris 2023, la pratique va au bien delà de la théorie. En effet, la victoire de Rosario Baron sonne comme le fameux "coup de kärcher", mais ici sur les idées reçues. C'est mieux, et c'est même génial. Venu de Pau, cheval atypique qui a attendu longtemps avant de venir titiller les bons d'Auteuil, le lauréat n'est pas un cas d'école, mais un rêve devenu réalité. Celui de sa jeune entraîneure Daniela Mele, mais aussi de ses éleveurs, Lucette et Jean-Yves Baron, venus en famille en espérant juste que tout le monde rentre sur ses 4 jambes... et repartis avec des coupes plein les bras et des étoiles plein les yeux. En plus, ils n'ont qu'une jument ! Bref, Rosario Baron, c'est vraiment le vainqueur de Grand Steeple de tous les possibles. 

 

A bientôt 43 ans, Johnny Charron semble rajeunir de jour en jour, tel un Benjamin Button des jockeys d'obstacle !

 

Parmi les outsiders de la course, malgré un succès dans le Prix Troytown il y a peu, Rosario Baron a palié à son manque d'expérience face à l'élite grâce à celle de son jockey, Johnny Charron, bientôt 43 ans, et toujours plus vaillant ! Quel parcours pour ce jockey qui a failli raccrocher les bottes, avant d'effectuer un retentissant come-back depuis 2-3 ans. On ne peut même pas parler de come-back, car Johnny Charron n'a simplement jamais été aussi haut. Lauréat de son premier Grand Steeple l'an dernier avec Sel Jem, il remet le couvert, mais sans monter le favori. En plus cette année, il lutte pour la cravache d'Or. L'âge n'a en tout cas pas d'emprise sur ce pilote qui a reçu une standing ovation à son retour à travers les écuries jusqu'au rond des vainqueurs.

 

 

Il faut dire que sa monte a été magistrale. Finalement, on ne l'a quasiment pas vu du parcours notre ami Rosario. Tapi dans l'ombre, filant les leaders que furent Général en Chef, puis Gex sur la ligne extérieure, il est venu dans la dernière ligne droite se livrer à un formidable mano à mano avec le favori d'Emmanuel Clayeux. Gêné à la rivière, puis monté très offensivement par Bertrand Lestrade, Gex a laissé des regrets tout en étant remarquable, mais est dominé par un cheval au sommet de son art. En retrait, la petite grise de François Nicolle Starlet du Mesnil a fini en trombe, prouvant que des jours meilleurs attendent le maître Saint-Augustin... Ensuite, c'est une arrivée haute en couleurs. L'anglais de Moulins Nick Littmoden est 4e avec son "Président" Impéril, pas attendu à pareille fête mais très endurant, devant Suroit, le cheval de la team "Vana Jr", acclamé comme un vainqueur par ses supporters de République Tchèque. 

 

Rosario Baron s'arrache devant Gex (aprh)

 

A 6 ans, Rosario Baron permet à son entraîneure Daniela Mele de remporter son 1er Gr.1, 5 ans après son installation. D'origine suisse, ayant fait ses armes en selle et chez différents entraîneurs comme Thierry Civel et Guy Chérel, ce petit bout de dame entourée par une équipe très soudée grimpe les marches 4 à 4, et couronne un début d'année fantastique, puisqu'elle intègre le top 3 français après cette victoire. Très à l'écoute de ses pensionnaires, elle a façonné Rosario Baron tout en tranquilité, lui qui fut l'un de ses premiers poulains à l'entraînement. Il ne disputait ici que sa 17e course, après avoir couru une seule fois à 3 ans, fait ses armes en province à 4 ans, puis éclaté au grand jour cet hiver. A 5 ans déjà, Rosario avait annoncé la couleur en concluant 3e du Robert de Clermont Tonnerre (Gr.3). Revenu cet hiver à Pau, il a enchaîné les bonnes performances, avant de franchir le cap dans le Troytown. Récemment, il s'était imposé dans une Listed en haies à Compiègne pour garder le moral, étant découvert à cette occasion par Johnny Charron. Le couple s'est tout de suite trouvé, surtout que Rosario Baron est une mobylette, facile à ranger dans un parcours, excellent sauteur, et dur à l'effort... La combinaison parfait pour gagner le Grand Steeple. 

 

Daniela Mele, une femme entraîneur très proche de ses chevaux 

 

La pratique est une chose, et compense ici la théorie qui ne donnait aucune chance à Rosario Baron de briller dans une telle épreuve. Il est né en Mayenne chez Lucette et Jean-Yves Baron, deux passionnés baignés dans les ambiances de Craon et autres hippodromes mythiques du coin. A Livré La Touche, dans leurs prairies, les Baron n'ont qu'une seule et unique jument, la mère de leur phénoménal champion. Elever un gagnant de Grand Steeple est chose rare, avec une jument encore plus. D'autant que l'animal ne partait pas avec les chances de tout le monde. D'abord, il est par Zambezi Sun, un excellent cheval de distance classique en plat, mais devenu un piètre étalon. S'il a sorti quelques bons chevaux, Rosario Baron est au dessus de sa production générale, si décevante qu'il est parti fin 2016 en Irlande, après plusieurs saisons au haras de la Hêtraie, puis une à la Barbottière en 2016, année de la conception du lauréat du Grand Steeple 2023. 

Les éleveurs Jean-Yves et Lucette Baron ont vécu une grande émotion en famille grâce à leur Rosario Baron 

 

La mère, Early La Hutte, fut une jument de course très commune chez Florent Monnier, achetée une bouchée de pain par la famille Baron à la fin de sa carrière. Soeur de vainqueurs, issue d'une souche très commune (pour être sympathique), elle avait comme plus gros défaut d'être une fille du désastreux Daliapour, qui n'a rien fait de bon. Bref, on ne partait pas pour gagner le Grand Steeple. Et pourtant... Early La Hutte s'est révélée une poulinière tout à fait remarquable jusqu'ici, donnant quelques bons vainqueurs avec des étalons plutôt modestes, avant de sortir le miracle Rosario. Selon les Baron, elle les fait tous beaux, et sans doute bons. Bref, ils ont touché la maman miracle, qui pour aucune raison valable sur le papier vous sort un crack. Suitée de Bathyrhon, Early La Hutte est un cadeau du ciel pour Lucette et Jean-Yves Baron. Mais tout n'est pas dû au hasard. C'est aussi la passion, la tenacité, et le travail bien fait de ces "petits éleveurs", qui fait naître des histoires magiques que l'on peut ensuite vous raconter comme si tout avait été facile ! 

 

 

Rosario Baron s'est donc envolé contre toute attente, faisant briller la casaque de Frédéric de Sousa, associé à Mauricette de Sousa. La chose hippique se vit en famille chez eux, d'abord au trot, puis depuis quelques années seulement au galop et en obstacle. Déjà co-propriétaires de l'excellente La Danza, les voilà sur le toit du monde avec Rosario Baron. Décidément, c'est un cheval qui propulse tout le monde au sommet, l'apanage des champions. Et même si on ne l'avait pas vu venir, sa victoire est un vent rafraichissant sur la butte Mortemart, avec tout un entourage passionné, passionnant, et ému aux larmes Un vrai Grand Steeple au delà des idées reçues ! 

 

 

 

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