La formidable réussite de Mickaël Seror, ou l'art de jongler entre l'obstacle et le plat

16/04/2024 - Actualités
Installé à son compte depuis 2010, Mickaël Seror a intégré pour la 1ère fois le top 10 des entraîneurs d’obstacle en 2023 … Mais le professionnel cantilien obtient également de très bons résultats en plat, une discipline dans laquelle il a décroché la moitié de ses victoires cette année ! Par Alice Baudrelle. 
Mickaël Seror © APRH
 
 
Sur la montante depuis ses débuts, Mickaël Seror a franchi un sacré palier en terminant 6e du classement des entraîneurs d’obstacle en 2023. Le trentenaire a attaqué l’année du bon pied en s’imposant dans le Grand Prix de la Ville de Nice - Bernard Secly (Gr.3) avec Marvel de Cerisy (Masked Marvel) et compte 16 succès à l’heure actuelle, 8 en obstacle et 8 en plat. Dimanche, il s’est à nouveau imposé à Moulins avec La Ligne Rouge (Free Eagle), qui a ouvert son palmarès avec brio pour sa 2e sortie dans le Prix Rivoli ! Cette AQPS de 3 ans défend la casaque de Renaud Lavillenie, qui décroche sa 1ère victoire avec Mickaël Seror. Le champion de saut à la perche est associé sur la pouliche avec l’écurie Thierry Cyprès & Fils, José Louis Da Silva et Paul-Étienne Carrillon.
 
Parée des couleurs de Renaud Lavillenie, La Ligne Rouge a apporté un nouveau succès à Mickaël Seror dimanche à Moulins
 
 
À la tête d’un effectif de 80 chevaux, Mickaël Seror nous a expliqué les raisons de cette montée en puissance : « Je n’avais pas spécialement envie d’avoir un effectif aussi gros car c’est un confort de vie d’avoir moins de chevaux, et donc moins de personnel … Mais je me suis rendu compte que si je voulais être compétitif face aux grandes écuries, il fallait que je m’agrandisse aussi. D’autant que je n’étais pas forcément servi en termes de qualité : hormis ma belle-mère (Catherine Boudot, ndlr), qui fait également du commerce en parallèle, je n’étais pas habitué à travailler avec des grands éleveurs. La famille Devin m’a confié Epic Tale l’année dernière, et 3 autres chevaux depuis. J’ai également reçu 4 représentants de l’écurie de la Verte Vallée, ainsi que 2 chevaux de l’écurie Quadrablue. »
 
Confié par la famille Devin à Mickaël Seror l’an passé, Epic Tale n’a pas tardé à s’imposer pour son nouvel entraîneur à Compiègne © APRH
 
 
Mickaël Seror a remporté ses 1ères courses black types avec des chevaux élevés par Catherine Boudot comme Dalila du Seuil, double gagnante de Listed sur les haies, ou encore Déesse du Seuil et Étoile du Seuil, qui ont toutes les 2 gagné le Prix Chloris (Gr.2 AQPS). Mais il a prouvé qu’il pouvait aussi se débrouiller avec les pur-sang en plat, et a même gagné le Prix Tantième (L.) en 2020 avec Lupo Nero (American Devil): « Comme je n’avais pas beaucoup de clients au début, il fallait que je fasse mes preuves avec des chevaux qui m’appartenaient. J’ai investi moi-même dans des chevaux de plat dont Lupo Nero, qui a gagné une Listed avec Pierre-Charles Boudot. Ce dernier vient à l’écurie 3 fois par semaine pour galoper les chevaux, et il saute aussi pour se faire plaisir : en plus d’avoir été le meilleur jockey, il est un très bon metteur au point et un bon juge. »
 
Associé à Pierre-Charles Boudot, Lupo Nero a triomphé au niveau Listed à Saint-Cloud © APRH
 
 
Mickaël Seror a gagné son 1er Quinté en plat l’année dernière grâce à See You Pink (American Devil), qui a été élevée au haras de Quétiéville … comme Lupo Nero ! Il a acquis avec succès plusieurs chevaux issus du domaine normand, qui a été vendu depuis par la famille Sels à Tony Parker et Nicolas Batum : « J’ai acheté à petit prix des chevaux en retard de travail et j’ai perdu en précocité, mais la qualité de plat était bien présente (See You Pink a gagné sa 1ère course en début d’année de 4 ans, et a remporté 3 succès supplémentaires depuis). Cela m’a permis de montrer que j’étais capable de m’en sortir dans cette discipline. Cette année, j’ai reçu une pouliche qui a gagné facilement pour ses débuts au mois de janvier, à Cagnes-sur-Mer (Chiaraniya, entraînée à ce moment-là par Édouard Monfort). Il y a 2 ans, aucun propriétaire ne m’aurait amené un cheval avec un tel profil ! ».
 
See You Pink après sa victoire dans un Quinté clodoaldien, sous la selle d’Augustin Madamet © APRH
 
 
Mickaël Seror pourrait donc être de plus en plus présent en plat à l’avenir, et même dans les courses de 2 ans : « L’année dernière, j’ai fait débuter un 2 ans nommé Rooster Crowing (Chanducoq) au mois d’août. Son éleveur, Tangi Saliou, l’avait racheté yearling aux ventes : il me l’a proposé tout en souhaitant garder une part et nous nous sommes associés, avec mon frère Rubens et Antoine Gronfier. Rooster Crowing a couru à 6 reprises à 2 ans et a fait l’arrivée à chaque fois, tout en étant respecté ; il a d’ailleurs couru 2 fois à Auteuil cette année, terminant 5e puis 3e ! À l’heure actuelle, j’ai 2 pouliches qui pourraient courir à 2 ans : Lady To Dream (Born To Sea), une sœur d’Hurricane Dream (Prix Nureyev, L. & 6 fois placé au niveau Groupe) et Fajing (Tai Chi), une propre sœur d’Armance (Grosser Preis des Gestüt Fährhof, L.). »
 
Rooster Crowing, une recrue prometteuse sur les haies © APRH
 
 
Le cantilien s’est découvert une passion pour les courses par le biais de son père, Guy Seror et de son oncle, Jacques Seror, qui l’emmenaient régulièrement sur les hippodromes lorsqu’il était enfant. Il est le 1er entraîneur de la famille, lui qui s’est installé à 25 ans après avoir travaillé chez Jean-Paul Delaporte, Guillaume Macaire et Ronald Caget. Mickaël Seror a également monté en course, mais son goût pour l’entraînement a rapidement pris le dessus : « Je me rappelle d’avoir vu sauter le matin un cheval de mon père nommé Golden Lab, qui a remporté ses 3 premières courses en haies à Auteuil. Cette image de lui lancé à toute vitesse sur les obstacles, au début de son année de 3 ans, fait partie des souvenirs qui m’ont donné envie de devenir entraîneur. Je me souviens également de l’ovation du public pour Al Capone II quand il a été battu par First Gold lors de sa dernière course, dans le Prix La Haye Jousselin (Gr.1) … J’en ai eu des frissons ! ».
 
July Flower lors de sa victoire dans le Prix Jacques de Vienne, sous la selle de Simon Planque © APRH
 
 
Lauréat d’un Gr.1 en plat avec l’AQPS July Flower (Pastorius), le Prix Jacques de Vienne, Mickaël Seror ne s’est pas encore imposé à ce niveau en obstacle. Mais il a d’autres priorités : « Évidemment, on souhaite tous gagner des Grs.1. Mais le plus important pour moi, c’est d’avoir le moins de contre-performances possibles en continuant à suivre la même méthode … Ce qui est difficile pour quelqu’un qui fait beaucoup courir ses chevaux par rapport à la moyenne des entraîneurs, et qui tente régulièrement des paris ! Honnêtement, je m’en fiche d’être dans le top 5 … Je veux simplement continuer à prendre du plaisir avec mon travail, et que tout se passe bien ! ».
 

    

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