Kentucky Derby, l'interview de Michael McCarty, l'entraineur de Journalism

Le 151e Kentucky Derby, qui se déroulera samedi à Churchill Downs, offrira, comme l'année dernière, une dotation totale de 5 millions de dollars, dont 3,1 millions pour le vainqueur et des prix importants jusqu'à la 5e place. Ce faisant, il poursuit l'engagement de l'hippodrome à maintenir le niveau des allocations, en phase avec le prestige consubstantiel de la course hippique américaine la plus convoitée. Le vieux record de 6 victoires de Kentucky Derby de l'entraîneur Ben Jones, la plupart pour Calumet Farm, a été égalé par Bob Baffert en 2020 ; bien que Baffert ait également remporté le Derby en 2021, son cheval dans cette course, Medina Spirit, a ensuite été disqualifié après avoir été testé positif à une substance interdite. Depuis, malgré les efforts de ses avocats et de ses propriétaires, Baffert ne peut plus améliorer son record, puisque ses chevaux sont interdits de courir dans l'Etat du Kentucky.

La course « Run for the Roses », réservée aux poulains et hongres de trois ans sur 2 000 m en dirt , compte un concurrent de taille : Journalism (Curlin), entraîné par Michael McCarthy, récent vainqueur du Santa Anita Derby (Gr.1) sur 1.800 m. Monté par Umberto Rispoli, Journalism y a signé sa 4e victoire consécutive, pour 5 sorties au total. Journalism avait terminé sa saison de 2 ans par une victoire impressionnante dans le Los Alamitos Futurity (Gr.2) à Los Alamitos, au sud de Los Angeles en Californie, sur 1 700 m en décembre dernier. Le poulain avait tout aussi impressionné lors de ses débuts cette saison, dans les DK Horse San Felipe Stakes (Gr2) à Santa Anita, en mars, réalisant une fin de course impressionnante pour devancer le favori Barnes.

Journalism n'a affronté que 5 concurrents lors de ses 2 dernières courses. McCartney a donné son avis sur les conséquences d'affronter un plus grand nombre de partants dans le Kentucky Derby. « Je pense que concourir contre 20 chevaux sera un défi pour tous les participants du Kentucky Derby », a indiqué McCarthy. « Évidemment, la distance de 2 000 m, les acclamations du public et tous les autres aspects visuels le jour de la course pourraient donner lieu à une course dynamique et rythmée. Le style tactique de Journalism devrait lui permettre de se placer juste derrière le premier groupe de chevaux, prêt à relever le défi en fin de course. »

Michael McCarthy avec son pensionnaire Journalism (photo Rickelle Nelson)

Journalism, acheté pour 825 000 $ lors de la vente de yearlings Fasig Tipton 2023 à Saratoga, a été élevé dans le Kentucky par Don Alberto Corporation, c'est à dire l'entitié américaine du milliardaire et grand éleveur chilien Carlos Heller. Il est le premier produit de la jument Mopotism (Oncle Mo), multiple gagnante de Groupe. Journalism a rapidement montré à son entraîneur qu'il avait des gros moyens, à la hauteur de son prix de yearling.

« Nous avons été convaincus que Journalism était un poulain de grande qualité dès après son cinquième ou sixième entraînement quotidien en piste », a expliqué McCarthy. « Les choses lui venaient très facilement. Il est très intelligent et suit une routine stable, avec le même groom (Rolando) et le même cavalier (Marc) tous les jours. Ils connaissent très bien la personnalité de Journalism. Rien ne changera avant le Kentucky Derby. Leur professionnalisme me facilite grandement la tâche. »

Il a ajouté : « Le programme d'entraînement de Journalism à l'hippodrome de Santa Anita est très similaire au quotidien. Galops de 1 600 à 2 400 m et entraînement au galop rapide chronométré une fois par semaine. » Journalism a effectué son dernier galop rapide sur 800m le 19 avril sur l'hippodrome de Santa Anita avant d'être transporté par avion vers le Kentucky 3 jours plus tard. Cela donne au cheval une semaine pour s'acclimater sur l'hippodrome de Churchill Downs, avant le Kentucky Derby, où il effectuera un autre galop rapide pendant la semaine précédant la course. McCarthy a indiqué : « Le cheval s'entraîne très bien depuis sa dernière course. »

Les performances de Journalism ont largement justifié la confiance initiale de ses propriétaires, Eclipse Thoroughbred Partners, Bridlewood Farm, Don Alberto Stable (qui en conservé une part), Robert V La Penta et Elayne Stables LLC. Ses performances  ont également attiré l'attention des Coolmore Partners, qui ont désormais pris une participation dans le cheval, et conclu un accord avec les autres propriétaires pour que le cheval stationne Journalism à Ashford Stud, dans le Kentucky, lorsqu'il deviendra étalon.

Michael McCarthy, 52 ans, est devenu un entraîneur reconnu aux États-Unis, avec 6 769 197 $ de gains en 2024 et un peu moins de 43 millions de dollars au total depuis ses débuts en 2014, et ce, malgré l'absence de lien familial avec ce sport.
« Ayant grandi à Arcadie, à environ 3 km de Santa Anita, j'allais souvent aux hippodromes quand j'étais enfant et j'étais fasciné par ce sport », explique McCarthy. « J'ai également fréquenté l'école avec les fils d'entraîneurs de chevaux de course, Gary Jones et Gary Sherlock. J'ai suivi leurs carrières avec beaucoup d'intérêt et de curiosité. J'étais très compétitif quand j'étais jeune et, bien sûr, les courses hippiques sont aussi compétitives par nature. J'ai appris de chacun de mes collègues au fil des ans, notamment Doug Peterson, entraîneur à ses débuts, puis Ben Cecil, assistant à Santa Anita. »

Il a ajouté : « Ils m'ont tous appris quelque chose. Mais c'est en près de 12 ans que j'ai le plus appris, auprès de Todd Fletcher, entraîneur à Belmont. J'étais entouré de chevaux, de vétérinaires, de maréchaux ferrant et de propriétaires exceptionnels. Travailler avec les meilleurs du métier, comme Todd, c'est avoir l'opportunité d'en apprendre énormément chaque jour, et c'est exactement ce que j'ai fait. »

En 2014, McCarthy a pris la décision de quitter Todd Fletcher pour devenir entraîneur de chevaux de course. À son compte. « Les premières années ont été difficiles. J'ai quitté un excellent emploi sur la côte Est chez Todd pour rentrer chez moi à Santa Anita, en Californie. Bien que j'aie participé à de nombreux succès avec Todd, démarrer seul, avec très peu de propriétaires, a rendu la vie difficile, voire éprouvante par moments. J'ai eu la chance de débuter ma carrière avec Aron Wellman (d'Eclipse Thoroughbred Partners). Au début, il m'a confié deux chevaux et, année après année, il continue de me soutenir. C'est vraiment agréable de participer au Kentucky Derby avec Aron et Eclipse comme partenaire en journalisme. J'ai le sentiment d'avoir bouclé la boucle. »

« Mon équipe a joué un rôle essentiel dans ma réussite. Certains de mes employés travaillent avec moi depuis dix ans. C'est assez simple : sans eux, les écuries Michael McCarthy Racing n'existeraient pas. J'ai des chevaux répartis sur deux sites : en Californie et dans le Kentucky. Sans mes assistants Felipe Rivero, Justin Curran et Felimon Alvaro, je n'aurais pas pu développer mon activité d'entraînement de chevaux de course comme je l'ai fait. Ils sont mes yeux et mes oreilles lorsque je ne suis pas là. »

C'est un travail d'équipe qui a bien fonctionné au cours des 11 dernières années, avec de nombreuses victoires en courses stakes classées pour les écuries McCarthy Racing.

Notre écurie a connu une croissance constante du nombre de chevaux de course à l'entraînement et de leurs gains chaque année. Nous avons connu le succès dans de nombreuses juridictions et lors des grands jours. Nous avons remporté une course de la Triple Couronne et des courses de la Breeders Cup. Au total, plus de 60 courses stakes classées (dont 18 de Grade I). City of  Light, Smooth Like Straight, Ohio Ce Ce, Romabauer, Queen Goddess, Endlessly et Formidable Man ne sont que quelques-uns de la liste restreinte qui me viennent à l'esprit. 

City of Llight, vainqueur de la Breeders'Cup Dirt Mile et de la Pegasus Cup, a été le meilleur cheval entrainé par Michael McCarty avant Journalism.

McCarthy considère qu'il est trop tôt pour dire clairement si Journalism est le meilleur cheval qu’il ait jamais entraîné. « Journalism progresse petit à petit pour devenir le meilleur à ce jour. Nous avons eu City of Light qui a remporté la Breeders Cup Mile et la Pegasus World Cup sur 1 600 m et 1 800 m, respectivement. Il est différent de notre vainqueur du Preakness 2021, Romabauer. Il  était un peu plus fin et n'avait pas autant de condition physique que Journalism. Ils sont juste très différents. Ils s'entraînent de manière très similaire, agressive sans en faire trop.

Entraîner des chevaux de course est un travail difficile et exigeant sept jours sur sept, et McCarthy explique ce qui entretient son enthousiasme pour ce sport. « Oui, je travaille 7 jours sur 7, 365 jours par an. Bien sûr, ce sont les grandes courses qui me motivent. Gagner, quelle que soit la course, me procure une grande satisfaction, mais être sur la scène internationale est encore plus spécial. Gagner ou perdre, le simple fait de participer à ces courses procure un sentiment différent. Ce qui est formidable dans ce métier, c'est qu'il y a toujours une autre opportunité. Entraîner des chevaux de course n'est pas un métier facile ; c'est même plus un style de vie qu'une profession. Les vacances en famille sont souvent liées à une course hippique, ce qui, je le sais, est parfois difficile pour ma femme et ma fille. Mais elles me soutiennent énormément et j'ai beaucoup de chance. Je suis également reconnaissant envers tous mes propriétaires qui m'ont fait confiance avec tous leurs chevaux. ».

 Ce samedi, devant environ 150 000 amateurs de courses hippiques à Churchill Downs, l'entraîneur Michael McCarthy a l'opportunité, avec Journalism, de remporter pour la première fois le très convoité Kentucky Derby. Il s'agit sans conteste de la course classique sur dirt la plus difficile au monde, et McCarthy cite un ou deux autres chevaux qui l'ont impressionné lors des courses d'essai et qui seront des concurrents redoutables.

« Dans la Florida Derby, j'ai trouvé le vainqueur Tappan Street et le dauphin Sovereignty impressionnants. Sundman, vainqueur de l'Arkansas Derby, est également incontournable. Baeza, dauphin de Journalism au Derby de Santa Anita, a également réalisé une très belle course. »