La genèse de Diamond Carl par son éleveuse, Laurence Gagneux

18/05/2025 - Focus Elevage
Dimanche à Auteuil, Diamond Carl a décroché la plus belle victoire de sa carrière en s'imposant de toute une classe dans le Grand Steeple-Chase de Paris (Gr.1). Ce représentant de la casaque Papot est né au haras des Éclos chez Laurence Gagneux, qui possède la souche depuis 3 générations ! Par Alice Baudrelle, en partenariat avec Dynavena.

Leader de la génération des 4 ans sur le steeple, Diamond Carl (Diamond Boy) avait dû faire l'impasse sur son année de 5 ans et sur le printemps de ses 6 ans, suite à des problèmes de santé. Gagnant du Prix Georges Courtois (Gr.2) il y a 5 mois, puis 3e pour sa rentrée dans le Prix Ingré (Gr.3), le pensionnaire de François Nicolle s'est offert un 1er succès de Gr.1 dimanche dans le Grand Steeple-Chase de Paris. Un magnifique retour sur investissement pour la famille Papot qui l’avait acheté 210.000 €, lors d’une vente Flash en ligne sur Auctav !
 
Laurence Gagneux au côté de François Nicolle, lors de la remise des prix du Grand Steeple @ APRH
 
 
 
Diamond Carl est le meilleur cheval élevé par Laurence Gagneux, qui est installée dans l’Orne depuis 1988 au haras des Éclos, au Pin-au-Haras. Cette dernière a fait naître plusieurs très bons chevaux d’obstacle comme Mister Ange (Mister Jack), gagnant du Prix Général Donnio à Auteuil et 3e du Prix Georges Courtois (Gr.2), ou encore Gin on Lime (Doctor Dino), lauréate de Gr.3 sur les fences irlandais ; mais aussi la bonne jument de plat Tangaspeed (Vertical Speed), gagnante du Prix Madame Jean Couturié (L.) et du Grand Prix du Conseil Général des Alpes Maritimes (L.). Tangaspeed avait conclu 4e des Prix de Flore, Minerve et Fille de l’Air (Grs.3), mais aussi 5e du Prix Vermeille (Gr.1) ! Elle avait même tenté sa chance dans l’Arc de Sea the Stars (Cape Cross), elle qui est retournée chez Laurence Gagneux il y a 13 ans pour entamer une nouvelle carrière de poulinière.
 
Clément Lefebvre exulte en franchissant le poteau en tête avec Diamond Carl © APRH
 
Diamond Carl est issu de la dernière génération conçue en France de Diamond Boy (Mansonnien), qui a quitté le haras de la Croix Sonnet durant l’été 2017 pour faire la monte en Irlande, à Kilbarry Lodge Stud. Diamond Boy avait déjà brillé à bon niveau sur notre sol, par l’intermédiaire de Cat Tiger (Prix The Fellow - Marquise de Moratalla & Prix Morgex, Grs.3), Dont Hesitate (Prix d’Estruval, Gr.3 AQPS), Foudre Delta (Grande Course de Haies de Clairefontaine, L.) et Otchoa Rouge (Grand Cross de Fontainebleau, L.). Et c’est avec des produits élevés en France, comme L’Homme Pressé (Brown Advisory Novices' Chase & Scilly Isles Novices' Chase, Grs.1) ou encore Grand Sancy (Kingwell Hurdle, Gr.2 & 2e Tolworth Novices' Hurdle, Gr.1), qu’il est devenu très populaire outre-Manche.
 
Diamond Boy, le père de Diamond Carl © Amy Lynam
 
Laurence Gagneux nous a expliqué le croisement de Diamond Carl : « J’aimais beaucoup le profil de Diamond Boy en tant que fils de Mansonnien (Tip Moss), qui a largement fait ses preuves au haras. Diamond Boy est aussi très bien né du côté maternel puisqu’il est le propre frère de deux gagnants de Gr.1 en obstacle, Golden Silver et Or ou Argent. De plus, il était près de la maison à ce moment-là … et pas cher ! ». Pour l’anecdote, la mère de Diamond Carl, Sa Carla (Satri), a bien failli atterrir au Kazakhstan lorsqu’elle était yearling : mais personne n’en a voulu et Laurence Gagneux l’avait rachetée 1.500 €, soit une bouchée de pain ! Elle nous a raconté : « J’avais besoin de faire du vide à l’époque, et j’avais inscrit pas mal de chevaux aux ventes de Deauville. Beaucoup de clients du Kazakhstan achetaient en masse là-bas pour des prix dérisoires, et j’ai eu de la chance de garder Sa Carla : elle a "allumé" tout le monde le matin des visites, et personne n’a mis une enchère ! Comme quoi, avoir du mauvais caractère, ça paye (rires) ».
 
La mère de Diamond Carl, Sa Carla, sous les couleurs de Laurence Gagneux © APRH
 
Sa Carla a donc été conservée par Laurence Gagneux, qui l’a envoyée à l’entraînement à Maisons-Laffitte chez Guy Cherel. Gagnante de 2 courses en steeple en province, elle a aussi conclu 3e du convoité Prix Paul’s Cray à Auteuil, et 5e du Prix Fifrelet (L.) : « Ce n’était pas une crack, mais elle avait un peu de gaz : Guy Cherel l’a toujours bien aimée ainsi que Larissa Kneip, chez qui j’avais envoyé la pouliche au débourrage. C’est une fille de Satri (Mujadil), un étalon dont j’avais acheté une part et qui a été très boudé en France, en dépit de son papier extraordinaire. Malgré une production réduite, je remarque qu’il a de bons résultats en tant que père de mère ! ». Outre Diamond Carl, Satri est aussi le père de mère de la sextuple lauréate à Auteuil Belle Promesse (Fuissé), gagnante notamment des Prix Christian de Tredern (Gr.3) et d’Arles (L.).
 
Sa Carla à l’élevage, chez Laurence Gagneux
 
Diamond Carl est le 3e poulain de Sa Carla après Sa Carlex (Saddex), qui a gagné 3 courses en haies dont le Prix de Sarrance à Pau, et Été de Carl (Sommerabend), qui s’est placé à 10 reprises en plat et en obstacle. Depuis, la poulinière a donné 4 autres produits : « J'avais vendu Sarabend (Sommerabend) aux anciens propriétaires de Diamond Carl : Stéphane Ruel, Christophe Dubourg et Noël Dubief, et elle a gagné 2 courses de suite en haies l'année dernière. Sa Carla a ensuite produit Lebandacarl (Bande), qui s'est placé à Auteuil à plusieurs reprises, une 3 ans par Dschingis Secret (Soldier Hollow), et un yearling par Choeur du Nord (Voix du Nord). »
 
En 2022, alors qu'elle était suitée d'une femelle par Dschingis Secret
 
La souche de Diamond Carl est présente de longue date au haras des Éclos. Laurence Gagneux l’a récupérée à partir de la 3e mère, Fleur Boréale (Sycios), qui avait atteint une valeur 43,5 en plat : « C’était une bonne jument qui a gagné 8 courses de 2 ans à 5 ans, dont deux à Longchamp. Son ancien propriétaire, qui l’avait mise en pension à la maison pour l’élevage, me l’a donnée suite à des soucis financiers. Fleur Boréale était orientée pour produire en plat, mais j’ai décidé de perpétuer la souche en obstacle. L’une de ses sœurs avait donné un bon cheval d’obstacle nommé Le Frestynet (Caerwent), qui s’est placé plusieurs fois à bon niveau à Auteuil chez Julio Peromingo. » Outre Sa Carla, Laurence Gagneux pourra également compter sur Sa Carlex pour faire durer cette souche si précieuse à ses yeux, fruit d’un travail de longue haleine !
 
La grande sœur de Diamond Carl, Sa Carlex, a rejoint le haras des Éclos après sa carrière de course pour perpétuer la souche © APRH

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