L'histoire de DNA : Alcock Arabian ou la grande saga des noms

02/08/2019 - Grand Destin
Totalement oublié aujourd'hui, Alcock Arabian exerça une grande influence sur la création de la race pure, bien qu’ayant très peu sailli en son temps, étant reconnu à l'origine du gène des chevaux gris si répandu actuellement. Ses parents avaient des noms totalement ridicules. Thierry Grandsir creuse cette piste avec quelques anecdotes croustillantes et parfois d'un goût douteux...donc réjouissant !

Alcock Arabian
 
 
S'il a officiellement été importé en Angleterre en 1708, Alcock Arabian est plus vraissemblablement né outre-Manche des œuvres de CurwenBayBarb (= le barbe bai de Mr Curwen) et de Old Wen mare (= la poulinière fille du vieux Wen),  Tête de liste des étalons pères de gagnants en GB en 1721 et en 1728, géniteur de l’excellent reproducteur Crab (trois fois tête de liste), on attribue volontiers l’origine de la robe grise de nos pur-sangs contemporains à ce splendide cheval oriental.
 
Quoi qu’il en soit, nommer un cheval est devenu depuis une règle que chacun applique à sa manière. Parfois d’ailleurs sans manquer humour, d’où la pouliche foal née de la jument Moivouloirtoi qui fut nommée … Jailamigraine ! Un problème de couple chez son éleveur ?
 
 
 
 
D’autres utilisent, avec accord des ayants droit, des noms de personnages célèbres. Nous avons vu en piste Voltaire et Shakespeare, Mozart et Beethoven, George Washington et Churchill, Nureyev et Nijinsky, Johann Cruyff et Platini, d’ailleurs tous gagnants de Groupe !
 
Les " fôtes d’ortaugraffe"  sont assez fréquentes, parfois par fétichisme (un éleveur nous confia que le premier foal au nom mal orthographié qu’il éleva devint un champion, d’où une méthode reconduite dans son élevage), parfois parce que le nom en question avait déjà été attribué et était donc indisponilble, ou simplement par simple méconnaissance des langues étrangères. La lecture des pedigree vous conduit à devenir … Poliglote !
 
Cette dernière raison fut d’ailleurs la cause de l’attribution de noms que nous qualifierons de péjoratifs, voire orduriers. Une pratique évidemment interdite par simple respect de l’animal, qui n’empêcha toutefois pas Beefsteak de battre un record de piste aux USA ni Barback de s’imposer à Longchamp et Saucisse en Argentine, ou encore Chipolata de se placer dans les Belmont Oaks (Gr.1). Un vrai étal de boucherie…
 
 
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Et voici...Fils de Pute en français !
 
 
En la matière, l’exemple le plus tristement célèbre est celui d’un cheval anglais qui fut honteusement baptisé Filho da Puta, une insulte portugaise que la décense nous interdit de traduire ici. La maîtresse de l’éleveur de ce poulain, un militaire en service à Ceylan (l’actuel Sri Lanka), aurait été surprise au lit avec un jockey le soir de la naissance de ce foal, qui reçut ainsi ce patronyme si indélicat…
 
Qu’importe, Filho da Puta fut un cheval de grande qualité qui remporta le classique St Leger (Gr.1) en 1815 avant de se classer étalon tête de liste des pères de gagnants en GB. Nous n’osons imaginer les dizaines de milliers de sportsmen et de turfistes britanniques scandant en cœur dans les tribunes de Doncaster : « allez Fils de P… » !

Messieurs Dames les éleveurs, si vous avez un doute sur la signification du nom que vous souhaitez attribuer à votre foal, n’oubliez pas de vérifier !
 
 
Note :
 
au printemps 2019, France Galop s'est retrouvé aux prises avec les engagements fâcheux dans le Jockey-Club et le Grand Prix de Paris d'un cheval anglais entraîné par William Haggas qui portait le nom de Pablo Escobarr, c'est à dire le sanguinaire roi de la drogue en Colombie dans les années 80, le cartel de Médéline. Très bien né, ce fils de Galileo et Bewitched, une gagnante de Gr.3 issue d'Abbatiale (Prix Pénélope, Gr.3), n'était pas le bienvenue en France, où une victoire de sa part aurait provoqué un tonnerre médiatique malencontreux pour l'image des courses. Il a finalement couru à Royal Ascot...

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