L'histoire de DNA Pedigree: Dancing Brave, la classe à l'état pur

18/02/2021 - Grand Destin
Véritable icône de la chanson française, France Gall avait dédié une chanson au champion Dancing Brave dans son album "Babacar", paru en 1987. Trente-quatre années plus tard, Thierry Grandsir (DNA Pedigree) a privilégié sa plume à sa voix suave et mélodieuse pour vous conter l'histoire du champion de feu Khalid Abdullah, vainqueur du Prix de l'Arc de Triomphe (Gr.1) en 1986.

Dancing Brave (1983-1999), par Lyphard et Navajo Princess (Drone)

 

Présentez deux sportsmen ou sportswomen l’un(e) à l’autre, laissez-les faire connaissance, et en bien moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire vous les entendrez évoquer le Prix de l’Arc de Triomphe (Gr.1) et ses plus grands vainqueurs. Seront tour à tour comparés Sea Bird, Ribot, Zarkava, Trêve, à chacun(e) sa préférence, mais s’il est un point sur lequel ils ou elles s’accorderont, c’est bien-sûr l’édition 1986 de l’épreuve, la plus spectaculaire qu’ils aient assurément vécue !

 

 

Retour le 5 octobre 1986, terrain léger ce jour-là, temps clair. Quinze poulains et pouliches tournent au pied du Moulin de Longchamp. Le grand écran installé pour l’occasion face aux tribunes montre Dancing Brave, dont le calme olympien déclenche une franche clameur dans le clan anglais. Bering apparaît ensuite, ovationné par tout le clan tricolore. Les pousseurs officient, le starter est prêt, les boîtes s’ouvrent...

La lauréate du Prix Vermeille, Darara, prend un départ volant avant d’être relayée par Funny Baby, qui n’amuse pas le terrain. À l’entrée de la ligne droite, les attaques fusent de toutes parts : le Champion allemand Acatenango choisit la corde ; l’Aga Khan Shardari, gagnant des International Stakes, vient en pleine piste ; son compagnon Shahrastani, vainqueur des Derby anglais et irlandais, prend l’avantage…

Triptych, la jument de fer (9 victoires de Gr.1 durant sa carrière) plonge à la corde tandis que le classique Bering (vainqueur du Prix du Jockey Club en temps record) passe la surmultipliée à son extérieur, dans un éclair de classe impressionnant. La cause semble entendue car, à 200 mètres de l’arrivée, Dancing Brave est encore pointé au dixième rang. C’est pourtant lui qui franchira le poteau en tête, une longueur trois-quarts devant Bering (légèrement accidenté dans cette phase finale), au prix d’une accélération tenant du prodige. Triptych est troisième devant Shahrastani, Shardari et Acatenango.

 

Dancing Brave devant Bering et Triptych dans l’Arc de Triomphe 1986

 

Dancing Brave pulvérise le record de la course, reçoit le trophée des mains de Sue-Helen et J.R. Ewing (héros de la série "Dallas"), et se voit élu Cheval de l’Année en Europe. La classe à l’état pur, qui inspira Michel Berger et France Gall en ces mots : « Cours, pour rattraper le temps qu’on perd, se mélanger à la lumière, cours, montre-leur la couleur de tes ailes, cours, pour l’étrange beauté d’être fier, de ne pas mordre la poussière, vole, montre-leur que tu t’appelles … Dancing Brave ! ».

Dancing Brave est né le 11 mai 1983 à Glen Oak Farm (Kentucky) des œuvres du Chef de Race Lyphard et de la solide Navajo Princess (16 victoires dont un Gr.2). Guère impressionnant à l’âge foal avec sa bouche en forme de bec de perroquet et ses mauvais jarrets, il trouva tout de même preneur pour $200,000 yearling, enchère signée James Delahooke pour le compte de Khalid Abdullah. Le poulain est envoyé en Angleterre pour être confié aux bons soins de Guy Harwood, un entraîneur aux méthodes innovantes (poulains logés dans des barns, galops artificiels, entraînement léger jusqu’à l’âge de deux ans et trois mois révolus, etc).

Dancing Brave remporta ses deux sorties publiques à 2 ans et s’imposa sans émotion pour sa rentrée l’année suivante dans les Craven St. (Gr.3), avant de dominer Green Desert par trois franches longueurs dans les 2000 Guineas St. (Gr.1) sous la monte de Greville Starkey.

Un jockey qui sera fort critiqué pour avoir musardé en queue de peloton dans le Derby, privant ainsi Dancing Brave de la victoire (deuxième à une demi-longueur). Qu’importe, le cheval triomphera ensuite successivement dans les Eclipse St. (Gr.1 – 4 longueurs devant Triptych), dans les King George VI & Queen Elizabeth St. (Gr.1 - devant Shardari) et enfin dans les Select St. (Gr.3) par 10 longueurs en temps record, en prélude à sa victoire dans l’Arc et à une place de quatrième dans le Breeders’ Cup Turf (Gr.1), ultime tentative à l’issue d’une saison bien chargée…

8 victoires et 2 places en 10 sorties, tel est le palmarès de Dancing Brave à son entrée au haras, en Angleterre, où il officiera durant trois saisons. Des résultats assez décevants et des soucis de fertilité décident de son départ vers le Japon mais, comme c’est souvent le cas, ses derniers foals conçus localement attisent de sérieux regrets : Ivanka remporte le Fillies’ Mile (Gr.1), Commander in Chief s’adjuge le Derby (Gr.1), Luso gagne le Derby Italiano (Gr.1) et se place deuxième du Prix de l’Arc de Triomphe (Gr.1), Wemyss Bight survole les Irish Oaks (Gr.1)…

 

Lyphard (Northern Dancer), père de Dancing Brave et Three Troikas

 

Victime d’un infarctus à 16 ans, Dancing Brave n’est pas devenu le Chef de Race espéré bien que son nom figure dans le pedigree de Dubawi, Kingman et Oasis Dream. Son père Lyphard avait en fait une particularité : aucun de ses meilleurs fils au haras n’avait gagné une course de Gr.1, tels Alzao, Bellypha, Elliodor, Lypheor, Mogami et bien d’autres. Dancing Brave était bien trop bon, tout simplement !

 

 



 

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