Alex Roussel raccroche les bottes à 49 ans, écoutez la grande interview

Samedi 6 avril, le jour de ses 49 ans, Alexandre Roussel a décidé de mettre un terme à sa carrière de jockey. Quelques jours après cette annonce, le pilote aux plus de 1300 succès nous a reçu à son domicile de Thorée-les-Pins dans la Sarthe. Il nous a expliqué : « Je devais monter à Nantes au poids de 56,5 kg, j’avais alors mis mon réveil aux aurores pour faire des bains chauds, car j’avais encore 1 kilo à perdre. Mon corps n’arrivait plus à perdre, alors je suis allé voir me femme Olivia et je lui ai dit "j’arrête !" ».

 

 

   Le fameux "bain" fait maison installé dans la douche chez les Roussel

 

 

Après avoir été dans les pelotons pendant plus de 30 ans, celui que tout le monde appelle, Alex se sera forgé un palmarès impressionnant, bien qu’arrivant sur le devant de la scène sur le tard. Originaire de la région d’Aubagne dans le sud-est de la France, Alex rentre en apprentissage chez Christian Scandella durant son adolescence. Gamin turbulant, il est renvoyé de l’école et transféré à l’école de Graignes. « Pour moi c’était comme dans Bienvenue chez les Ch’tis. Je n’avais connu que le sud toute ma vie, et là je me retrouve parachuté dans le nord. C’était la première fois que je voyais des vaches et des champs. »

 

 

 Alex a commencé sa carrière en obsatcle

 

 

Turbulent mais pas fainéant, Alex se prend en main. Beaucoup l’on sûrement oublié mais c’est en obstacle que le jeune homme a fait ses armes. D’abord chez Jacky Chapdelaine, puis chez Jean-Luc Guillochon d’abord installé dans la Manche, avant d’arriver en Sarthe. Comme il aime à le dire « j’étais un jockey tardif (rires). J’ai monté en obstacle pour des entraîneurs de l’Ouest comme Philippe Peltier, Philippe Cottin et Jean-Luc Guillochon, puis j’ai été embauché chez Bernard Renard. C’est à cette époque que j’ai arrêté l’obstacle. Par la suite j’ai commencé à travailler pour Cyriaque Diard. »

 

 

 

 

L’homme à la casquette comme on le surnomme a eu un rôle majeur dans la carrière, et même la vie d’Alexandre. « Avec Cyriaque nous avons une relation unique, c’est le parrain de mon fils. Nous avons réalisé des années magnifiques, avec évidemment en point d’orgue le succès d’Helios Quecus dans le Critérium International (Gr.1) à Saint-Cloud. J’étais à cheval là-bas tous les matins et nous avions une très grande confiance réciproque. Au total je pense que j’ai dû gagner environ 250 courses pour lui. »

 

 
Helios Quercus lors de son sacre dans le Critérium International

 

 

En 2011, alors qu’il a 36 ans et fait partie des tout bons jockeys de l’Ouest, Alex va voir sa carrière prendre une nouvelle dimension. Alors vendeur dans un sex shop et grand passionné de courses, Patrick Andorin contacte Alexandre en début de saison, en lui demandant qu’il l’engage en tant qu’agent. Patrick Andorin nous a raconté : « Je suis venu chez Alexandre et Olivia avec un carnet de notes. J’avais fait un bilan statistique des dernières saisons d’Alex. Je lui ai dit qu’avec la multiplication des courses PMU en province, il allait avoir la possibilité de gagner beaucoup plus de courses, a condition d’avoir un agent performant. Il a accepté et la première saison il a gagné 83 courses. En 14 ans de collaboration, il a remporté quasiment 1000 succès. »

 

 

 Alex et son agent durant 14 ans Patrick Andorin

 

 

Les courses chez les Roussel c’est aussi une histoire de famille. Sa femme Olivia, originaire de la Manche a été cavalière, et a été à ses cotés durant une grande partie de sa carrière, dans les bons comme dans les mauvais moments. De par sa longévité, Alex aura également eu l’opportunité de monter plusieurs saisons aux cotés de son fils Léo. Passé par les courses de poneys, Léo a été apprenti chez Henri-Alex Pantall, et est désormais au service d’Edouard Monfort. En 2023, il a signé 37 succès et son père 52. Samedi ils seront tout deux récompensés à la soirée des Cravaches de l’Ouest. Eternel Poulidor lors de ces cérémonies, Alex est tout de même parvenu à décrocher une Cravache d’Or en 2017.

 

 

 

 

Lorsqu’on lui demande quelle a été sa plus grande qualité durant sa carrière, Alex nous répond : « la fidélité. J’ai toujours été droit dans mes bottes. J’ai longtemps collaboré avec Cyriaque bien-sûr, mais aussi avec Dominique Sepulchre, Fabrice Foucher, Norbert Leenders, Christophe Lotoux, Alain de Royer Dupré, Guy Chérel et bien d’autres. Quand j’ai annoncé que j’arrêtais, j’ai reçu de très nombreux textos et appels d’entraîneurs, jockeys actuels ou passés, cela m’a touché. » Assurément c’est une page des courses de l’ouest qui se tourne avec la retraite d’Alexandre. « A ma connaissance je pense être celui qui a remporté le plus de courses sur les hippodromes de l’Ouest. Je pense que le seul à l’heure actuelle qui pourrait battre ce record c’est Hugo Lebouc. » Un sacré compliment pour le jeune pilote, grand ami et admirateur de celui qu’il appelle affectueusement « tonton Alex ».

 

 

 

 

 Alex passant le poteau en tête il y a une vingtaine d'année devant J-B Eyquem et Ioritz Mendizabal, autres vétérans des pelotons