Olivier Peslier raccroche les bottes : si "Magic", et si simple à la fois

24/04/2024 - Grand Destin
Il est souvent dur de tourner la page, mais à 51 ans, Olivier Peslier a décidé de raccrocher les bottes jeudi après 2 montes à La Teste. Natif de l'Ouest, ce cavalier surdoué est devenu l'un des plus fameux jockeys de l'histoire des courses, avec un palmarès monstre construit tout en finesse et simplicité. "Magic Peslier", il n'y en a pas deux ! 

Olivier Peslier, une légende raccroche les bottes ! (aprh)

 

A 51 ans, l'un des plus grands jockeys de tous les temps, Olivier "Magic" Peslier a annoncé la fin de sa carrière sportive, au terme de ses 2 montes de jeudi à La Teste de Buch. Lui qui est depuis plusieurs années basé dans le Sud Ouest, bien qu'il soit natif de la Mayenne, a effectué un formidable tour du monde des sommets hippiques qui touche à sa fin. Partout où il est passé, il a laissé le souvenir d'un talent pur à cheval comme on en a peu vu. Peslier, c'est un peu notre Dettori avec un béret et une baguette sous le bras. Mais aussi et surtout, Olivier Peslier part comme il a construit sa carrière, en toute simplicité, sans fioritures, fidèle à ceux qui l'ont soutenu et accompagné. 

 

 

 Jusqu'à la fin de sa carrière, et encore tout récemment sur une course gagnée à Tarbes avec un certain Dayal le 20 avril (peut être, mais n'espérons pas, la dernière victoire !), il a montré ce sang froid implacable dans un parcours, cette finesse tactique qui lui permettait de venir gagner souvent de peu, mais dans un timing sans faille, et ce sans faire de mal à son cheval. L'amour de  cet animal est d'ailleurs ce qui l'a animé tout au long de cette magnifique histoire. Les courses, il ne les quittera pas vraiment, même si on sait qu'il ne s'installera pas entraîneur. On a finalement envie de ne jamais voir "Magic" quitter notre sport, et le garder auprès de nous comme un précieux souvenir de ce qu'est la beauté des courses, et d'un couple cheval/cavalier lancé en harmonie vers la victoire. Mais toute cette épopée a évidemment une genèse, avec un moment clé, voire déclencheur. 

 

Olivier Peslier à l'époque des Courses de Poneys

 

Durant l'été 1990, dans le Grand Prix du Lion d'Angers, un gosse de 17 ans stupéfait l'assemblée alors nombreuse et avisée en battant de très haute lutte, en selle sur l'outsider High Purse, l'archi favori Flanders Moss, monté par le crack jockey Cash Asmussen, la star des pilotes qui avait aterri sur l'hippodrome en hélicoptère. Ce dernier, dont la venue créait en ce temps des mouvements de foule, très surpris d'avoir été devancé dans une épreuve alors très convoitée dans l'Ouest, dit à son rival juste après le poteau : " Je n'ai pas été battu par un apprenti, mais par un grand jockey." Le gosse en question revenait en fait à la maison pour gagner la 1ère Listed d'une carrière qui allait devenir exceptionnelle. Né le 12 janvier 1973 à Cossé-le-Vivien, non loin du Lion d'Angers, Olivier Peslier avait été la vedette des courses de poneys de la fin des années 80, gagnant 43 courses de ce genre !

 
 

 

 

Parti à Chantilly comme apprenti chez Patrick Biancone, il se retrouve ensuite chez Nicolas Clément, l'entraîneur d'High Pure, suite au départ de son 1er patron vers Hong Kong. Pour Clément, il décroche son premier Gr.1 à 20 ans dans le Prix Jean Prat 1993. 2 ans plus tard; il enlève son premier Gr.1 à l'étranger, et en même temps son 1er classique, dans le Derby d'Irlande avec Winged Love, pour la casaque de Cheikh Mohammed Al Maktoum et l'entraînement d'André Fabre

 

Le Derby de High Rise, une victoire très symbolique

 

 Issu de la génération d'après celle des Boeuf, Mossé, Legrix et Mongil, il est le premier à adopter un style à l'américaine, très profilé avec seulement ses pointes de pied sur les étriers, comme presque tous les jeunes font aujourd'hui. Tout s'enchaîne très vite. Il devient le premier jockey de Daniel Wildenstein, Elie Lellouche et André Fabre ! Pour eux, il aligne 3 succès consécutifs dans l'Arc de Triomphe (du jamais vu), avec HélissioPeintre Célèbre et Sagamix, sous la casaque Lagardère. Repéré par les anglais, il décroche le trophée suprême avec High-Rise dans le Derby d'Epsom 1998 pour Luca Cumani, en montant au pied levé. S'il reste simple et abordable, Olivier, garçon doté de qualité sportive extraordinaire, invincible à la lutte et insensible à toute pression, devient Magic Peslier. Plus de 30 ans de victoires (3700 en tout ! ), partout dans le monde plus tard (des USA au Japon en passant par Dubaï, Hong Kong et bien sûr toute l'Europe), Olivier Peslier, notamment partenaire de Goldikova pour ses 14 Grs.1, tire sa révérence à 51 ans, avec un palmarès que très peu peuvent lui envier, et un style qui a inspiré plus d'un. 

 

Son association avec la reine Goldikova lors de ses 14 Gr.1 aura marqué sa carrière

 

Egalement quadruple cravache d'or, Olivier Peslier peut se targuer d'avoir remporté 502 Groupes, dont 162 Grs.1, en comptant ceux réservés aux pur-sang arabes. Olivier Peslier, c'est bien sur Goldikova, Peintre Célèbre, mais aussi des associations victorieuses avec Cirrus des Aigles, Banks Hill, Ouija Board, Harbinger, Vision d'Etat, Borgia, et tant d'autres champions qu'il a eu la chance de rencontrer... ou parfois l'inverse. Derby d'Epsom, Arc, Japan Cup, Breeders' Cup, Hong Kong Cup, de l'entraîneur le plus classique au permis d'entraîner, et des sommets du galop mondial au plaisir de gagner pour des amis dans un "petit" hippodrome, il a tout connu. Cela résume finalement bien la carrière d'Olivier Peslier : de la magie, mais en toute simplicité. 

 
Bon vent à Magic Peslier, qui nous aura fait rêver !

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