Breeders'Cup : les ricains ne sont pas des grosses tapettes

05/11/2012 - Actualités
Une fois passée la victoire de la française Flotilla dans une course pour 2 ans sur gazon, la machine américaine s'est mise en route pour écraser les chances hexagonales et même européennes. Et pas que la faute à pas de chance.

En fait, des deux côtés de l'Atlantique, on s'adresse mutuellement un mépris cordial. Les américains voient les européens comme des gentils poètes arriérés et bloqués au Moyen-Age, ce qui n'a d'intérêt que touristique. Les européens, et surtout les français, pensent que les américains sont des gros blaireaux mal élévés qui se la racontent et qu'on peut pulvériser avec nos chevaux tant les leurs ne sont que paquets de viande hormonés et lobotomisés à courir en rond sur des tourniquets plats corde à gauche. Il est vrai que le l'hippodrome de Santa Anita, surtout le gazon en intérieur, et tout petit, et que les américains, à part les 2 ans qui ont fait des percées remarquées ces derniers temps à Ascot et Longchamp, ne viennent jamais se risquer sur le vieux continent. 

 

 

Il n'empêche. En californie, les gens sont cools par nature mais pas mal élevés et pas gros, tant que le culte de la bonne santé générale est important sur cet état de soleil et de plage (il n'en est pas de même dans l'Amérique profonde...). Et les chevaux ont donné une leçon d'efficacité et de combativité. Prenons les 3 exemples des Breeders'Cup Turf, Mile et Classic, dans l'ordre du programme.

 

55.000 personnes sur l'hippodrome pour assister au samedi de la Breeders'Cup.

 

Turf : la leçon de moral(e)


La jument de l'Aga Khan Shareta a une première chance dans le Turf et Aidan O'Brien croit au doublé avec Saint Nicholas Abbey. Sauf que la française a son caractère et doit impérativement partir dans les 3 premiers, et que c'est Joseph O'Brien qui monte l'irlandais. S'il est cravache d'or en Irlande, Joseph O'Brien, le fils d'Aidan, n'est pas un fin pilote.

 

Le légendaire Seabiscuit a sa statue au milieu du rond. Deux autres chevaux sont statufiés sur l'hippodrome : John Henry et Zenyatta.



En face, la course est déjà terminée pour Sharata, qui est trop loin. Nous ne sommes pas en France et la course n'est pas qu'un sprint de 300 m. Elle finit en trombe mais ne peut qu'échouer à la 4e place derrière Saint Nicholas Abbey, 3e. Devant, personne ne les a attendu et Little Mike s'impose devant Point of Entry. Abandonné à 37/1 alors qu'il avait gagné l'Arlington Million et le Turf Classic, le fils de l'inconnu Spanish Steps avec une mère par l'obscur Wavering Monarch, est né en Floride où il a été élevé par Carlo Vaccarezza, qui l'a donné à sa femme Priscilla (folle du désert ?). Son dauphin présente un profil plus classique, né et élevé par Odgen Phipps, grand éleveur traditionnnel du Kentucky, né du croisement de luxe entre Dynaformer et Seeking The Gold. Il venait de remporter le Turf Classic Invitational. Ce sont donc les 2 meilleurs chevaux de gazon sur la distance aux Etats-Unis, et ils sont batttus 2 chevaux européens qui ne sont pas les meilleurs chevaux chez eux. Logique.

 

Little Mike file au poteau de la Breeders'Cup Turf devant Point of Entry. Tout en dehors, Shareta finit en trombe maiss concluera seulement 4e derrière Saint Nicholas Abbey, casaque violette.


 

Mile: le meiilleur miler du monde (outre Frankel bien sûr) est américain


Dans le Mile, on ne voyait possible qu'un duel entre la championne française Moonlight Cloud et l'avion irlandais Excelebration, tant on s'est habitué à gagner cette course. Mais le combat n'a pas eu lieu. Partant le plus à l'extérieur avec le 9, Moonlight cloud a eu le plus grand mal à se cacher. Mais dès la mi-tournant, elle n'avait plus de gaz. Excelebration a conclu 3e mais sans faire illusion pour la victoire obtenu par le meilleur miler américain : Wise Dan. Lui qui avait particpé au Sprint en 2010, il est devenu le meilleur spécialiste du mile aux Etats-Unis, au point d'être chuchoté pour le titre de cheval de l'année avant même sa victoire dans la Breeeders'Cup.

 

A l'exception de l'extra-terrestre Frankel, le meilleur cheval de l'histoire qui est hors concours, cet américain Wise Dan pourrait bien être le meilleur miler du monde.

Elevé au Kentucky par son propriétaire actuel, Morton Fink, Wise Dan est un phénomène en son genre, qui remporte là sa 13e course en 20 sorties ! C'est sa 8e victoire sur ses 10 dernières sorties, où il n'a été battu que d'une tête dans le Foster Handicap cet été à Churchill Downs par Ron the Greek et a terminé 5e au printemps 2011 d'un Gr.1 gagné par l'excellent Gio Ponti à Keeneland, au terme duquel le jockey J. Court a été viré....Très remarquée, la 2e place a été prise par le revenant Animal Kingdom, issu d'un croisement délirant entre le brésilien Leroixdesanimaux et une jument allemande qui s'est retrouvé aux Etats-Unis sans comprendre pourquoi. Vainqueur surprise du Kentucky Derby 2011, puis 2e des Preakness et 6e des Belmont Stakes en ayant perdu un fer, Animal Kingdom n'avait plus recouru jusqu'à une rentrée gagnante dans un gros réclamer en février et avait de nouveau disparu depuis. Il appartient à ses éleveurs Team Valor.

Classic : le sens de l'entreprise


Enfin, le Classic, le must du must américain sur les 2000 m en dirt, une spécialité purement yankee à laquelle les français ne comprennent rien, a fortiori quand il n'y a pas de vedette comme Zenyatta au départ. Mais cela donne des courses magnifiques et passionnantes dès le départ car les américains, qui ne sont donc pas des grosses tapettes, démarrent le combat dès le sortie des stalles. En l'occurrence, Fort Laurned, monté par Brian Hernandez Jr, est parti sur un rythme très élevé au point que 3 des 12 concurrrents se sont retrouvés hors course, incapables de suivre, dès le 1e tournant ! Un seul concurrent n'a pas décroché, le très beau et robuste Mucho Macho Man, qui avait été favori du Kentucky Derby 2011 dont il a terminé 3e, et cherchait sa voie depuis. Les deux ont engagés un combat héroïque pendant les 500 derniers mètres et finalement c'est Fort Larned qui a repoussé jusqu'au bout Macho Mucho Man. Le tout dans un temps de 2 minutes, soit du 60 km/h du départ à l'arrivée. Splendide !

Fort Larned est né d'un étalon un peu has been, E Dubaï (Mr Prospector), qui fit la monte chez Cheikh Mohammed Al Maktoum à Jonabell Farm dans le Kentucky mais a été envoyé depuis en Pennsylvanie, ce qui est une dégradation certaine.

 

En casaque rouge à la corde, Fort Larned (Brian Hernadez Jr), repousse tous les assauts de Mucho Macho Man (Mike Smith) au terme d'une longue et émouvante lutte dans le Breeders'Cup Classic.

 

Le petit-fils de la crack Bayakoa


Mais attention, il est tout de même né pour briller au top niveau. En effet, sa grand-mère n'est autre que la légendaire Bayakoa, une jument argentine acquis à 4 ans par Janis et Franck Whitham après avoir tout gagné chez elle et avant de réussir un doublé unique dans la Breeders'Cup Distaff 89 et 90 à 5 et 6 ans. Conservée poulinière par le couple Whitham, Bayakoa est morte jeune, au poulinage à 13 ans à Pennbroke Farm dans le Kentucky, alors qu'elle mettait au monde une pouliche de Broad Brush. Cette dernière sera heureusement sauvée, nommé Arlucera, et elle-même gardée à l'élevage par les Whitham pour donner naissance en 2008 à Fort Larned.

Fort Larned est un petit-fils de la championne Bayakoa, double gagnante de la Breeders'Cup Distaff en 89 et 90.


Les américains ne correspondent pas forcément aux caricatures, comme celle qui dit que tout est vendu aux States. Les vainqueurs des 3 courses pré-cités, ainsi que 2 de leur 3 dauphins, ont été élevés par leurs actuels propriétaires.

 

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